La Chine, super-puissance à la mode du XXIe siècle ?
La Nouvelle Route de la Soie
Par Jean-Paul BAQUIAST
Automates Intelligents
Lettre d'information n° 126 - Mai 2015
http://www.automatesintelligents.com/
Blog : http://philoscience.over-blog.com/
La Nouvelle Route de la Soie
Par Jean-Paul BAQUIAST
Automates Intelligents
Jusqu'à ces dernières années, l'Amérique ne se cachait pas de vouloir demeurer pour le XXIe siècle la super-puissance, ou plutôt l'hyperpuissance mondiale qu'elle fut à partie du milieu du XXe siècle. Certains parlent aujourd'hui d'Empire. Les moyens qu'elle utilise pour cela ont été parfait résumés par l'interview de George Friedman que nous avons récemment commenté: domination militaire et spatiale absolue, domination scientifique très étendue, élimination par la diplomatie d'abord, le cas échéant par la guerre, des pays qui voudraient rivaliser avec elle, notamment la Russie aujourd'hui et la Chine demain, maintien de relations de type colonial avec le reste du monde, dont en premier lieu l'Europe. Le propre de ces relations est du type gagnant-perdant. On peut dire aussi qu'elles reposent sur l'exclusion. Les peuples colonisés font le travail de production, sans en tirer d'avantages à la hauteur de leurs apports. Ce sont les colonisateurs qui s'enrichissent de leur travail, notamment par l'intermédiaire des spéculations financières auxquelles ils se livrent.
On pourrait non sans raisons penser que l'Amérique conservera longtemps cette capacité à la suprématie. Marginalement, l'Empire américain enregistre certes quelques échecs, et donne parfois l'impression de reculer, mais dans l'ensemble, il conserve voire dans certains cas renforce les éléments de sa puissance. C'est notamment le cas dans les domaines militaires et scientifiques.
Aujourd'hui cependant des Etats rassemblant presque 3 milliards de citoyens refusent ce qu'ils avaient jusqu'ici accepter de faire, s'incliner devant la domination américaine. C'est le cas de la Russie post-eltsinienne, dans une certaine mesure de l'Inde, mais surtout de la Chine. La Chine, qui fut longtemps jadis un Empire, auto-qualifié de Celeste Empire, veut désormais le redevenir. Mais elle a décidé de ne pas aborder de front l'Empire américain, dont elle n'a pas aujourd'hui encore les ressources militaires et scientifiques. Elle veut devenir une super-puissance, voire une hyper-puissance, mais du type de celle que nous appelons ici une super-puissance à la mode du 21e siècle.
La Nouvelle Route de la Soie
Que signifie ce terme de super-puissance à la mode du XXIe siècle? Pour le comprendre il faut analyser le grand projet dit de Nouvelle Route de la Soie que la Chine avait décidé de proposer à l'Eurasie il y a déjà quelques années, et qu'elle commence à concrétiser. Un Plan d'action qui vient officiellement d'être publié en donne la mesure. Tout récemment la Chine a entrepris de compléter ce projet, centré sur les infrastructures de communication et les investissements associés, par celui de Banque asiatique pour les investissements d'infrastructures (AIIB). Nous avons plusieurs fois ici présenté ces deux initiatives, en soulignant à la fois les difficultés de départ qu'elles rencontreront, mais aussi leurs perspectives considérables à terme. Deux économistes espagnols du Real Instituto Elcano, (Institut Royal Elcano) Mario Esteban et Miguel Otero-Iglesias, viennent d'en proposer une étude particulièrement pertinente. Malgré leur longueur, ce Plan d'action et cette étude espagnole mériteraient d'être étudiées par tous nos lecteurs (voir les liens ci-dessous).
Les auteurs respectifs ne cachent pas qu'il s'agit pour la Chine d'un projet visant à établir sur le monde, ou tout au moins sur les deux tiers du monde, et ce pour toute la durée du XXie siècle, sauf grandes catastrophes dans l'intervalle, une domination de type impérial, pouvant rappeler celle de l'ancien Céleste Empire ou, en Europe, de l'Empire romain. Mais cette domination sera radicalement différente de celle que veut imposer l'Empire américain. Elle ne sera pas exclusive (excluant les peuples dominés) mais de type inclusif. L'objectif poursuivi sera de créer une coopération d'intérêts et d'Etats différents qui développeront leurs capacités respectives tout en enrichissant l'ensemble, ce dont ils s'enrichiront en retour. On peut dire aussi que la domination sera gagnant-gagnant.
Concrètement, la coopération se fera par la mise en place de deux grandes voies de transport intercontinentales, l'une terrestre, l'autre maritime. Les échanges permis dans les deux sens, est-ouest et ouest-est seront l'occasion de développer en commun de nombreux programmes partagés, économiques, commerciaux mais aussi culturels et scientifiques
Pour sa part, l'AIIB a pour objet, dès maintenant, de rassembler les trillions d'euros qui seront nécessaires, en mobilisant dans un premier temps les épargnes déjà disponibles, notamment au sein du Trésor Chinois, mais aussi en encourageant progressivement le réemploi productif des profits résultant des futurs investissements des Etats associés au projet. Il s'agira donc en d'autres termes d'un projet gagnant-gagnant.
Pas d'affrontements directs
Au plan diplomatique, la Nouvelle Route de la Soie s'inscrira dans la ligne caractérisant depuis 20 ans la politique extérieure chinoise: ne pas affronter directement les Etats invités à y participer, quelles que soient leurs différents ou différences aux plans politiques, religieux, économiques, mais au contraire escompter que ces différences s'atténueront progressivement du fait des communautés d'intérêts résultant de leur participation à l'oeuvre commune. Un exemple éclairant en est donné par l'alliance Chine-Pakistan en cours de développement, que nous avons relatée dans un article précédent. La Chine, apparemment, ne craint pas une contamination par les mouvements islamistes djihadistes proliférant au Pakistan mais escompte que ces mouvements s'atténueront à la longue, du fait de l'enrichissement résultant de l'inclusion de ce pays dans une branche nord-sud de la future route de la soie, reliant la Chine et le port pakistanais de Gwadar sur l'océan Indien. Se fait-elle des illusions? En tous cas, aujourd'hui, elle en prend le pari.
Un autre exemple de cette stratégie concerne les équilibres internes à la Chine. La Route de la Soie devrait réconcilier notamment les provinces développées de la périphérie côtière et celles moins développées de l'intérieur, y compris la région autonome du Sinkiang, qui abrite les mouvements autonomistes souvent islamisés dits ouïghours. L'avenir dira si ces espoirs se réaliseront.
Un projet visant à séduire toute l'Eurasie
Un des grands enjeux de la Route de la Soie sera son acceptation par les pays du sud-est asiatique, par l'Inde, le Moyen orient, l'Afrique et finalement l'Europe, toutes parties du monde qui seront très rapidement concernées, notamment par l'itinéraire maritime de la route. Ces vastes régions du globe acceptent voire demandent déjà des investissements chinois, se développant à travers cette route maritime. Mais ils ne les accueillent encore qu'avec une certaine prudence, craignant d'encourager à travers eux la prise en mains par la Chine d'atouts économiques essentiels. S'ils ressentent la Route de la Soie comme entraînant leur participation, fut-ce sur le plan gagnant-gagnant, à la mise en place d'un Empire chinois de nouveau type, quelles seront leurs réactions ?
La cas de la Grèce, bien étudié dans l'article présenté ici, sera révélateur. D'ores et déjà des capitaux chinois sont impliqués, promettant une nouvelle croissance à la Grèce, en dehors du cercle démobilisateur de l'Union européenne. Si les perspectives découlant des investissements chinois se généralisaient, se réalisent, le gouvernement grec ne pourra qu'encourager la participation de son pays aux vastes projets que promet la Chine. Il en sera de même des autres pays européens, y compris de la Grande Bretagne, laquelle devrait être le débouché sur l'atlantique de la Route de la Soie. Il semble que l'Europe dans son ensemble l'ait compris, comme l'a montré sa hâte à s'inscrire parmi les membres fondateurs de l'AIIB.
La Russie
Qu'en sera-t-il des réactions de la Russie confrontée à ce qui sera indiscutablement la mise en place d'une superpuissance chinoise, fut-elle à la façon du XXIe siècle, aux frontières de son propre empire ? S'en inquiétera-t-elle ? En principe, la question ne devrait pas se poser, du fait des projets de coopération amorcés depuis déjà deux ans dans le cadre du Brics. Dans ces projets, sur le mode inclusif gagnant-gagnant évoqué ci-dessus, les grandes puissances russe et chinoise devraient chacune pouvoir se développer sur le mode coopératif. La Russie apportera notamment à la Chine ses moyens militaires et les ressources agricoles et en matières premières qu'elle tirera de vastes territoires sibériens et arctiques. La Chine apportera les ressources qu'elle tirera de l'extension de son empire. Les projets du Brics, en termes de monnaie commune, de fonds monétaire et de banque Brics, devraient s'en trouver renforcés. Certes des rivalités entre Chine et Russie pourront apparaître, notamment sur le plan démographique. Mais elles devraient se résoudre.
Les relations de la Chine avec l'Inde, dans le cadre notamment du projet de Route de la Soie, pourraient également donner lieu à des rivalités et à des inquiétudes du côté indien, mais là aussi elles devraient se résoudre.
L'Empire américain
La seule victime de la transformation de la Chine en superpuissance pour le 21e siècle sera l'Empire américain. Celui-ci conservera longtemps les supériorités militaires et scientifiques évoquées en introduction de cet article, mais à quoi pourraient-elles lui servir ? Sur le plan militaire, nous avons plusieurs fois noté que l'Amérique s'est engagée dans une campagne de « containment », sinon d'agressions militaires, contre la Chine. Le « pivot vers l'Asie » inauguré il y a deux ans par Barack Obama vise clairement à faire de la Chine l'adversaire n°2, directement après la Russie. Mais à quoi pourraient servir les escadres navales et aéronavales américaines en mer de Chine et dans le Pacifique, face à un pays qui se borne à proposer de nouvelles infrastructures d'échanges et d'investissement. A moins de provoquer artificiellement des incidents avec son allié japonais en mer du Japon, Barack Obama ne pourra pas convaincre les pays de la zone de l'existence d'une «menace chinoise contre la paix» nécessitant d'eux une mobilisation générale.
On peut au contraire penser que le Japon, comme l'Indonésie, empêtrés dans l'absence de développement découlant d'une insertion dans l'empire américain qui ne leur apporte rien, seront de plus en plus tentés, malgré les menaces de Washington, par les perspectives de la Nouvelle Route de la Soie.
On pourrait non sans raisons penser que l'Amérique conservera longtemps cette capacité à la suprématie. Marginalement, l'Empire américain enregistre certes quelques échecs, et donne parfois l'impression de reculer, mais dans l'ensemble, il conserve voire dans certains cas renforce les éléments de sa puissance. C'est notamment le cas dans les domaines militaires et scientifiques.
Aujourd'hui cependant des Etats rassemblant presque 3 milliards de citoyens refusent ce qu'ils avaient jusqu'ici accepter de faire, s'incliner devant la domination américaine. C'est le cas de la Russie post-eltsinienne, dans une certaine mesure de l'Inde, mais surtout de la Chine. La Chine, qui fut longtemps jadis un Empire, auto-qualifié de Celeste Empire, veut désormais le redevenir. Mais elle a décidé de ne pas aborder de front l'Empire américain, dont elle n'a pas aujourd'hui encore les ressources militaires et scientifiques. Elle veut devenir une super-puissance, voire une hyper-puissance, mais du type de celle que nous appelons ici une super-puissance à la mode du 21e siècle.
La Nouvelle Route de la Soie
Que signifie ce terme de super-puissance à la mode du XXIe siècle? Pour le comprendre il faut analyser le grand projet dit de Nouvelle Route de la Soie que la Chine avait décidé de proposer à l'Eurasie il y a déjà quelques années, et qu'elle commence à concrétiser. Un Plan d'action qui vient officiellement d'être publié en donne la mesure. Tout récemment la Chine a entrepris de compléter ce projet, centré sur les infrastructures de communication et les investissements associés, par celui de Banque asiatique pour les investissements d'infrastructures (AIIB). Nous avons plusieurs fois ici présenté ces deux initiatives, en soulignant à la fois les difficultés de départ qu'elles rencontreront, mais aussi leurs perspectives considérables à terme. Deux économistes espagnols du Real Instituto Elcano, (Institut Royal Elcano) Mario Esteban et Miguel Otero-Iglesias, viennent d'en proposer une étude particulièrement pertinente. Malgré leur longueur, ce Plan d'action et cette étude espagnole mériteraient d'être étudiées par tous nos lecteurs (voir les liens ci-dessous).
Les auteurs respectifs ne cachent pas qu'il s'agit pour la Chine d'un projet visant à établir sur le monde, ou tout au moins sur les deux tiers du monde, et ce pour toute la durée du XXie siècle, sauf grandes catastrophes dans l'intervalle, une domination de type impérial, pouvant rappeler celle de l'ancien Céleste Empire ou, en Europe, de l'Empire romain. Mais cette domination sera radicalement différente de celle que veut imposer l'Empire américain. Elle ne sera pas exclusive (excluant les peuples dominés) mais de type inclusif. L'objectif poursuivi sera de créer une coopération d'intérêts et d'Etats différents qui développeront leurs capacités respectives tout en enrichissant l'ensemble, ce dont ils s'enrichiront en retour. On peut dire aussi que la domination sera gagnant-gagnant.
Concrètement, la coopération se fera par la mise en place de deux grandes voies de transport intercontinentales, l'une terrestre, l'autre maritime. Les échanges permis dans les deux sens, est-ouest et ouest-est seront l'occasion de développer en commun de nombreux programmes partagés, économiques, commerciaux mais aussi culturels et scientifiques
Pour sa part, l'AIIB a pour objet, dès maintenant, de rassembler les trillions d'euros qui seront nécessaires, en mobilisant dans un premier temps les épargnes déjà disponibles, notamment au sein du Trésor Chinois, mais aussi en encourageant progressivement le réemploi productif des profits résultant des futurs investissements des Etats associés au projet. Il s'agira donc en d'autres termes d'un projet gagnant-gagnant.
Pas d'affrontements directs
Au plan diplomatique, la Nouvelle Route de la Soie s'inscrira dans la ligne caractérisant depuis 20 ans la politique extérieure chinoise: ne pas affronter directement les Etats invités à y participer, quelles que soient leurs différents ou différences aux plans politiques, religieux, économiques, mais au contraire escompter que ces différences s'atténueront progressivement du fait des communautés d'intérêts résultant de leur participation à l'oeuvre commune. Un exemple éclairant en est donné par l'alliance Chine-Pakistan en cours de développement, que nous avons relatée dans un article précédent. La Chine, apparemment, ne craint pas une contamination par les mouvements islamistes djihadistes proliférant au Pakistan mais escompte que ces mouvements s'atténueront à la longue, du fait de l'enrichissement résultant de l'inclusion de ce pays dans une branche nord-sud de la future route de la soie, reliant la Chine et le port pakistanais de Gwadar sur l'océan Indien. Se fait-elle des illusions? En tous cas, aujourd'hui, elle en prend le pari.
Un autre exemple de cette stratégie concerne les équilibres internes à la Chine. La Route de la Soie devrait réconcilier notamment les provinces développées de la périphérie côtière et celles moins développées de l'intérieur, y compris la région autonome du Sinkiang, qui abrite les mouvements autonomistes souvent islamisés dits ouïghours. L'avenir dira si ces espoirs se réaliseront.
Un projet visant à séduire toute l'Eurasie
Un des grands enjeux de la Route de la Soie sera son acceptation par les pays du sud-est asiatique, par l'Inde, le Moyen orient, l'Afrique et finalement l'Europe, toutes parties du monde qui seront très rapidement concernées, notamment par l'itinéraire maritime de la route. Ces vastes régions du globe acceptent voire demandent déjà des investissements chinois, se développant à travers cette route maritime. Mais ils ne les accueillent encore qu'avec une certaine prudence, craignant d'encourager à travers eux la prise en mains par la Chine d'atouts économiques essentiels. S'ils ressentent la Route de la Soie comme entraînant leur participation, fut-ce sur le plan gagnant-gagnant, à la mise en place d'un Empire chinois de nouveau type, quelles seront leurs réactions ?
La cas de la Grèce, bien étudié dans l'article présenté ici, sera révélateur. D'ores et déjà des capitaux chinois sont impliqués, promettant une nouvelle croissance à la Grèce, en dehors du cercle démobilisateur de l'Union européenne. Si les perspectives découlant des investissements chinois se généralisaient, se réalisent, le gouvernement grec ne pourra qu'encourager la participation de son pays aux vastes projets que promet la Chine. Il en sera de même des autres pays européens, y compris de la Grande Bretagne, laquelle devrait être le débouché sur l'atlantique de la Route de la Soie. Il semble que l'Europe dans son ensemble l'ait compris, comme l'a montré sa hâte à s'inscrire parmi les membres fondateurs de l'AIIB.
La Russie
Qu'en sera-t-il des réactions de la Russie confrontée à ce qui sera indiscutablement la mise en place d'une superpuissance chinoise, fut-elle à la façon du XXIe siècle, aux frontières de son propre empire ? S'en inquiétera-t-elle ? En principe, la question ne devrait pas se poser, du fait des projets de coopération amorcés depuis déjà deux ans dans le cadre du Brics. Dans ces projets, sur le mode inclusif gagnant-gagnant évoqué ci-dessus, les grandes puissances russe et chinoise devraient chacune pouvoir se développer sur le mode coopératif. La Russie apportera notamment à la Chine ses moyens militaires et les ressources agricoles et en matières premières qu'elle tirera de vastes territoires sibériens et arctiques. La Chine apportera les ressources qu'elle tirera de l'extension de son empire. Les projets du Brics, en termes de monnaie commune, de fonds monétaire et de banque Brics, devraient s'en trouver renforcés. Certes des rivalités entre Chine et Russie pourront apparaître, notamment sur le plan démographique. Mais elles devraient se résoudre.
Les relations de la Chine avec l'Inde, dans le cadre notamment du projet de Route de la Soie, pourraient également donner lieu à des rivalités et à des inquiétudes du côté indien, mais là aussi elles devraient se résoudre.
L'Empire américain
La seule victime de la transformation de la Chine en superpuissance pour le 21e siècle sera l'Empire américain. Celui-ci conservera longtemps les supériorités militaires et scientifiques évoquées en introduction de cet article, mais à quoi pourraient-elles lui servir ? Sur le plan militaire, nous avons plusieurs fois noté que l'Amérique s'est engagée dans une campagne de « containment », sinon d'agressions militaires, contre la Chine. Le « pivot vers l'Asie » inauguré il y a deux ans par Barack Obama vise clairement à faire de la Chine l'adversaire n°2, directement après la Russie. Mais à quoi pourraient servir les escadres navales et aéronavales américaines en mer de Chine et dans le Pacifique, face à un pays qui se borne à proposer de nouvelles infrastructures d'échanges et d'investissement. A moins de provoquer artificiellement des incidents avec son allié japonais en mer du Japon, Barack Obama ne pourra pas convaincre les pays de la zone de l'existence d'une «menace chinoise contre la paix» nécessitant d'eux une mobilisation générale.
On peut au contraire penser que le Japon, comme l'Indonésie, empêtrés dans l'absence de développement découlant d'une insertion dans l'empire américain qui ne leur apporte rien, seront de plus en plus tentés, malgré les menaces de Washington, par les perspectives de la Nouvelle Route de la Soie.
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