http://www.newsoftomorrow.org/spip.php?article4664
(Source : Agoravox)
Deux policiers neutralisent Jean-Philippe Ksiazek
L’affaire est grave, racontée par LibéLyon : "Les deux photographes suivaient une manifestation lycéenne de faible ampleur dans le centre de Lyon. "Dès le début, raconte Jean-Philippe Ksiazek, des gradés nous ont dit qu’on ne pouvait pas faire de photos cette fois, que c’était interdit. J’ai montré une carte de presse et une policière a pris toute mon identité, très longuement, puis elle m’a dit de me tenir à l’écart car c’était interdit de photographier, pour des questions de droit à l’image des policiers"... La cinquantaine de lycéens se trouvant place Bellecour a ensuite été chargée par les CRS. "J’ai alors fait mon métier", poursuit le photographe. Mais un policier lui aurait fait une clef de bras pour le conduire à une voiture. Le deuxième photographe, Frédéric Dufour, également salarié de l’AFP, s’est retrouvé dans le même temps bloqué contre un mur, une matraque sous le cou. "Ils m’ont demandé mon appareil, continue Jean-Philippe Ksiazek. J’ai bien sûr refusé. Ils me l’ont arraché et ont effacé les photos et la disquette".
Droit à l’image des policiers ? A-t-on déjà entendu prétexte plus grotesque pour justifier la censure ? L’AFP eût pu sans problème flouter le visage des fonctionnaires, de façon à ce qu’ils ne soient pas reconnaissables, ce qui rend caduque la justification du droit à l’image. Une fois ce faux-nez retiré, reste la vraie question : au nom de quoi prétend-on empêcher deux journalistes de livrer un témoignage visuel du comportement policier ? Faut-il donc que les forces de l’ordre soient assurées de jouir de l’impunité au moment de matraquer des lycéens, sans témoin, pour mieux sans doute les accuser a posteriori d’outrage, histoire de se couvrir ?
La liberté d’informer est mentionnée dans l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, dont on vient de fêter le 60e anniversaire : "Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et censuré celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit." Des policiers gradés n’ont absolument pas le droit d’interdire à des reporters photographes de faire leur métier. Il s’agit d’une dérive scandaleuse, à juste titre dénoncée par l’intersyndicale de l’AFP (CFDT, CGC, FO, SAJ-Unsa, SNJ, CGT et Sud), comme un "acte de censure intolérable dans une démocratie" et une "atteinte grave à notre mission et au droit à l’information pour tous les citoyens". Elle analyse l’interdiction de photographier par les policiers comme "le reflet d’une volonté, au plus haut niveau, d’étouffer les mouvements sociaux et leur retransmission dans les médias". Et elle appelle la direction de l’AFP à "déposer une plainte contre ces agissements qui portent atteinte à la liberté de travailler".
La France sarkoziste emprunte de plus en plus de traits au visage hideux d’un État policier totalitaire. Seule une mobilisation et une vigilance citoyenne de tous les instants peut constituer un rempart face à ce péril. Car demain, n’importe qui peut se retrouver victime de l’arbitraire policier, humilié, battu puis poursuivi en justice et condamné ! Lors d’une manifestation comme à l’occasion d’un simple contrôle d’identité. Vous aussi.
(Source : Agoravox)
Deux policiers neutralisent Jean-Philippe Ksiazek
L’affaire est grave, racontée par LibéLyon : "Les deux photographes suivaient une manifestation lycéenne de faible ampleur dans le centre de Lyon. "Dès le début, raconte Jean-Philippe Ksiazek, des gradés nous ont dit qu’on ne pouvait pas faire de photos cette fois, que c’était interdit. J’ai montré une carte de presse et une policière a pris toute mon identité, très longuement, puis elle m’a dit de me tenir à l’écart car c’était interdit de photographier, pour des questions de droit à l’image des policiers"... La cinquantaine de lycéens se trouvant place Bellecour a ensuite été chargée par les CRS. "J’ai alors fait mon métier", poursuit le photographe. Mais un policier lui aurait fait une clef de bras pour le conduire à une voiture. Le deuxième photographe, Frédéric Dufour, également salarié de l’AFP, s’est retrouvé dans le même temps bloqué contre un mur, une matraque sous le cou. "Ils m’ont demandé mon appareil, continue Jean-Philippe Ksiazek. J’ai bien sûr refusé. Ils me l’ont arraché et ont effacé les photos et la disquette".
Droit à l’image des policiers ? A-t-on déjà entendu prétexte plus grotesque pour justifier la censure ? L’AFP eût pu sans problème flouter le visage des fonctionnaires, de façon à ce qu’ils ne soient pas reconnaissables, ce qui rend caduque la justification du droit à l’image. Une fois ce faux-nez retiré, reste la vraie question : au nom de quoi prétend-on empêcher deux journalistes de livrer un témoignage visuel du comportement policier ? Faut-il donc que les forces de l’ordre soient assurées de jouir de l’impunité au moment de matraquer des lycéens, sans témoin, pour mieux sans doute les accuser a posteriori d’outrage, histoire de se couvrir ?
La liberté d’informer est mentionnée dans l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, dont on vient de fêter le 60e anniversaire : "Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et censuré celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit." Des policiers gradés n’ont absolument pas le droit d’interdire à des reporters photographes de faire leur métier. Il s’agit d’une dérive scandaleuse, à juste titre dénoncée par l’intersyndicale de l’AFP (CFDT, CGC, FO, SAJ-Unsa, SNJ, CGT et Sud), comme un "acte de censure intolérable dans une démocratie" et une "atteinte grave à notre mission et au droit à l’information pour tous les citoyens". Elle analyse l’interdiction de photographier par les policiers comme "le reflet d’une volonté, au plus haut niveau, d’étouffer les mouvements sociaux et leur retransmission dans les médias". Et elle appelle la direction de l’AFP à "déposer une plainte contre ces agissements qui portent atteinte à la liberté de travailler".
La France sarkoziste emprunte de plus en plus de traits au visage hideux d’un État policier totalitaire. Seule une mobilisation et une vigilance citoyenne de tous les instants peut constituer un rempart face à ce péril. Car demain, n’importe qui peut se retrouver victime de l’arbitraire policier, humilié, battu puis poursuivi en justice et condamné ! Lors d’une manifestation comme à l’occasion d’un simple contrôle d’identité. Vous aussi.
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