Originaires de La Nouvelle-Orléans, ces artistes forment l'Original Dixieland Jazz Band et revendiquent l'invention du mot "jazz".
Le 26 février 1917, une bande de musiciens s'engouffre dans les studios du label Victor Talking Machine Company, à Chicago, pour enregistrer le premier disque de jazz de l'histoire. Stupeur, ils sont blancs de chez blancs ! Le cornettiste est blanc, le pianiste est blanc, le batteur est blanc, le clarinettiste est blanc, le tromboniste est blanc. Pas l'ombre d'un Noir, pas même un métis ! Quant à Michael J., n'en parlons pas... Et pourtant, les ventes de leur 78 tours comportant les deux morceaux "Livery Stable Blues" et "Dixie Jass Band One-Step" s'envolent. Avec un million et demi d'exemplaires vendus, ils laissent sur place Enrico Caruso. De la folie. Dans la foulée, les musiciens de l'Original Dixieland Jass Band décident de virer les deux "S" de "Jass" pour les remplacer par deux "Z". Le mot "jazz" tombe dans le langage courant, les jazzmen blancs s'en sentent les créateurs. Pour eux, le jazz est né. Facile.
Mais comment les jazzmen noirs ont-ils ainsi pu se faire coiffer au poteau par une bande de Blancs ? Tout commence à La Nouvelle-Orléans, quand, un soir de décembre 1915, Harry H. James, propriétaire d'un night-club de Chicago, repère dans la rue un orchestre en train de jouer pour faire la promotion d'un match de boxe. Il s'agit du Papa Jack Laine's Reliance Brass Band, dont le cornettiste, Dominic James, dit "Nick La Rocca", est extra. Après le match, Harry suit La Rocca au Haymarket Cafe, où ce dernier se joint au groupe du batteur Johnny Outha Stein.
Le night-cluber tombe sous le charme et convainc l'orchestre de venir à Chicago. Début 1916, le Stein's Dixieland Jass Band débarque donc dans la capitale de l'Illinois, mené par le batteur Stein, un Blanc, avec le cornettiste La Rocca, un Blanc, le clarinettiste Alcide Nunez, un Blanc, le tromboniste Eddie Edwards, un Blanc, et le pianiste Henry Ragas, encore un Blanc. Bien qu'un peu pâlots, ces jazzmen rencontrent un succès immédiat. Bientôt, Stein prend la porte, remplacé par Tony Sbarbaro, toujours un Blanc. Nick La Rocca hérite de la direction du groupe qui prend le nom d'Original Dixieland Jass Band.
Pâles copies !
Le célèbre Al Jolson, qui, dix ans plus tard, deviendra le premier homme à parler au cinéma, leur trouve un impresario et un contrat à New York. La grande vie commence. Dès leur premier concert au Reisenweber Club, le 15 janvier 1917, c'est un véritable carton ! Pourtant, les vrais spécialistes de jazz font, eux, la fine bouche. D'après leurs oreilles, cette bande de Blancs est très loin de rivaliser avec les jazzmen noirs. Ils vont jusqu'à qualifier leurs représentations de caricatures et les accusent d'en faire des tonnes sur scène. De pâles copies, quoi.
Mais de pâles copies qui ne se débrouillent pas si mal que ça, puisque, deux semaines plus tard, voilà l'Original Dixieland Jass Band en train d'enregistrer pour le label Columbia. L'enregistrement n'est guère probant. Les bandes finissent à la poubelle. Ce n'est pas pour cette fois. Une deuxième chance est donnée au groupe par le label Victor Talking Machine Company (qui deviendra plus tard RCA-Victor, le label du King Elvis Presley) le 26 février 1917. Cette fois, ils ne se ratent pas. Ils enregistrent le premier disque de jazz de l'histoire.
Une vingtaine d'autres morceaux suivront, pour Columbia, qui les récupère vite fait. Tous les labels se disputent désormais l'Original Dixieland Jass Band. Durant des mois, celui-ci est la star des clubs new-yorkais, mais bientôt les groupes noirs lui volent la vedette. Voilà donc les "culs blancs" traversant l'Atlantique en 1919 pour aller astiquer leurs cuivres dans les salles anglaises et retrouver le monopole de la gloire. Le 28 juin 1919, ils enregistrent un triomphe au Savoy de Londres pour le Bal de la victoire. Le roi George V, Foch et même Pétain les applaudissent à tout rompre.
De retour aux États-Unis, la gloire a fléchi, mais demeure jusqu'à ce jour de janvier 1925 où le chef de meute, Nick La Rocca, en pleine dépression, fiche le groupe par terre et retourne tout seul à La Nouvelle-Orléans au volant de sa Buick. Un éclair de lucidité ? Il faut dire qu'il y a de quoi paniquer quand un pauvre bougre de jazzman blanc voit débarquer Louis Armstrong, Sydney Bechet et compagnie. Le groupe était fichu d'avance.
Mais comment les jazzmen noirs ont-ils ainsi pu se faire coiffer au poteau par une bande de Blancs ? Tout commence à La Nouvelle-Orléans, quand, un soir de décembre 1915, Harry H. James, propriétaire d'un night-club de Chicago, repère dans la rue un orchestre en train de jouer pour faire la promotion d'un match de boxe. Il s'agit du Papa Jack Laine's Reliance Brass Band, dont le cornettiste, Dominic James, dit "Nick La Rocca", est extra. Après le match, Harry suit La Rocca au Haymarket Cafe, où ce dernier se joint au groupe du batteur Johnny Outha Stein.
Le night-cluber tombe sous le charme et convainc l'orchestre de venir à Chicago. Début 1916, le Stein's Dixieland Jass Band débarque donc dans la capitale de l'Illinois, mené par le batteur Stein, un Blanc, avec le cornettiste La Rocca, un Blanc, le clarinettiste Alcide Nunez, un Blanc, le tromboniste Eddie Edwards, un Blanc, et le pianiste Henry Ragas, encore un Blanc. Bien qu'un peu pâlots, ces jazzmen rencontrent un succès immédiat. Bientôt, Stein prend la porte, remplacé par Tony Sbarbaro, toujours un Blanc. Nick La Rocca hérite de la direction du groupe qui prend le nom d'Original Dixieland Jass Band.
Pâles copies !
Le célèbre Al Jolson, qui, dix ans plus tard, deviendra le premier homme à parler au cinéma, leur trouve un impresario et un contrat à New York. La grande vie commence. Dès leur premier concert au Reisenweber Club, le 15 janvier 1917, c'est un véritable carton ! Pourtant, les vrais spécialistes de jazz font, eux, la fine bouche. D'après leurs oreilles, cette bande de Blancs est très loin de rivaliser avec les jazzmen noirs. Ils vont jusqu'à qualifier leurs représentations de caricatures et les accusent d'en faire des tonnes sur scène. De pâles copies, quoi.
Mais de pâles copies qui ne se débrouillent pas si mal que ça, puisque, deux semaines plus tard, voilà l'Original Dixieland Jass Band en train d'enregistrer pour le label Columbia. L'enregistrement n'est guère probant. Les bandes finissent à la poubelle. Ce n'est pas pour cette fois. Une deuxième chance est donnée au groupe par le label Victor Talking Machine Company (qui deviendra plus tard RCA-Victor, le label du King Elvis Presley) le 26 février 1917. Cette fois, ils ne se ratent pas. Ils enregistrent le premier disque de jazz de l'histoire.
Une vingtaine d'autres morceaux suivront, pour Columbia, qui les récupère vite fait. Tous les labels se disputent désormais l'Original Dixieland Jass Band. Durant des mois, celui-ci est la star des clubs new-yorkais, mais bientôt les groupes noirs lui volent la vedette. Voilà donc les "culs blancs" traversant l'Atlantique en 1919 pour aller astiquer leurs cuivres dans les salles anglaises et retrouver le monopole de la gloire. Le 28 juin 1919, ils enregistrent un triomphe au Savoy de Londres pour le Bal de la victoire. Le roi George V, Foch et même Pétain les applaudissent à tout rompre.
De retour aux États-Unis, la gloire a fléchi, mais demeure jusqu'à ce jour de janvier 1925 où le chef de meute, Nick La Rocca, en pleine dépression, fiche le groupe par terre et retourne tout seul à La Nouvelle-Orléans au volant de sa Buick. Un éclair de lucidité ? Il faut dire qu'il y a de quoi paniquer quand un pauvre bougre de jazzman blanc voit débarquer Louis Armstrong, Sydney Bechet et compagnie. Le groupe était fichu d'avance.
Source : http://www.lepoint.fr/c-est-arrive-aujourd-hui/26-fevrier-1917-enregistrement-du-premier-disque-de-jazz-a-chicago-par-cinq-blancs-26-02-2012-1435190_494.php
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