(Source : Ovni-Québec)
Observation de « La Danse du Soleil » du 13 octobre 1917.
C’est peut-être l’événement le plus invraisemblable du XXe siècle.
Le 13 octobre 1917, rassemblée dans une dépression herbeuse une foule de 70 000 personnes assistent à la danse du soleil. À leur tête, trois jeunes bergers, Jacinta, François et Lucie. La silhouette de la vierge Marie leur est apparue pour la première fois le 13 mai 1917. Chaque 13 du mois, la « Dame vêtue de blanc tel un verre de cristal traversé par le soleil » resplendit aux abords d’une grotte. Chaque fois, la vierge leur délivre un message. Elle a promis un miracle pour le 13 octobre. La nouvelle des apparitions s’est répandue dans la région. La foule est venue nombreuse. Sous un temps saumâtre, elle se déploie autour des enfants. Depuis le matin, une pluie fine s’abat de façon interminable. « Journée d’automne, triste et morose » note un observateur. Les heures s’écoulent, l’attente interminable.
DANSE DU SOLEIL
Vers midi, d’un seul coup, les nuages se déchirent laissant la place à un ciel bleu et cristallin. Le soleil apparaît au zénith, mais sous un aspect étrange tel un disque d’argent brillant. Il n’éblouit plus. Nullement incommodé, sans risque de se brûler les yeux, chacun le fixe, saisi de stupeur. Des rayons de lumière rouge fusent au bord du Soleil. Violets, bleus, puis jaunes. Ces couleurs ont été décrites comme des secteurs monochromatiques qui tournoyaient sans arrêt. L’astre pivote maintenant sur lui-même à une vitesse vertigineuse, lâchant des faisceaux de lumières colorées dans toutes les directions. Bientôt, il exécute des mouvements brusques. Soudain, il abandonne son emplacement. Il évolue alors en zigzag, telle une feuille morte. Il semble tomber sur la foule. Certains s’agenouillent, beaucoup hurlent de peur. Telle une roue en feu, il tourne vertigineusement sur lui-même, lâchant dans sa course des faisceaux de lumière. Ces couleurs imprègnent les arbres, les rochers, le sol et les habits. Au bout de plusieurs minutes, le soleil reprend sa place. Une deuxième fois encore, il vagabonde dans le ciel. L’émotion est immense parmi la foule. Gagnés par une impression de chaleur, les témoins constatent avec surprise que leurs vêtements sont presque secs à la fin de l’apparition.
MIRACLE
Le miracle est reconnu par Rome en 1930 et ses trois secrets. Fait inédit dans l’histoire des miracles, un Pape en est l’un des principaux acteurs. L’attentat dont Jean Paul II a été victime en 1981 était relaté dans le troisième secret. La balle qui se dirigeait vers lui aurait été déviée par une main céleste. Jean Paul II le rend public en 2000. Jean Paul II entretenait une véritable dévotion pour Fatima où il s’est rendu à plusieurs reprises. Fatima est aujourd’hui un lieu de pèlerinage très couru.
TROUBLE DANS LE CIEL DE DIEU
Rien n’est jamais acquis même dans le ciel de Dieu. Aussitôt connu, l’événement fait débat au sein de l’église. Certains soupçonnent la curie de Fatima d’avoir monté de toutes pièces l’opération à des fins de prosélytisme. D’autres relèvent les déclarations contradictoires des enfants, notamment, de Lucie. Dès 1944, le Père Dhanis, recteur de l’université grégorienne à Rome, publie une thèse antifatimiste qui reçoit les félicitations du Saint-Siège. Jouant de subtilité, le Cardinal Joseph Ratzinger alors Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, aujourd’hui Pape Benoît XV, entreprend en 2002 une analyse théologique du miracle. Dans un texte disponible sur le site Internet du Saint-Siège, le Cardinal le ramène à « des révélations privées ». D’après lui, la vision incorpore parfois des images qu’elle « peut avoir vues dans les livres de piété ». Les gens présents étaient tellement certains d’assister à une apparition qu’ils ont peut-être été victimes d’une hallucination collective ! Selon lui, cette prophétie s’inscrivait dans les « signes des temps » en référence au monde particulièrement troublé du début du XXe siècle. Le Cardinal Ratzinger s’offre une formule curieuse, l’attentat manqué à la vie d’un Pape est en vérité « sans grand mystère ». Interprété par certains comme une tentative de démantèlement du Message de Fatima, ce commentaire de celui qui est aujourd’hui le plus grand dignitaire de l’église ajoute à la confusion.
PRUDENCE DES SCIENTIFIQUES
Rares sont les scientifiques qui ont cherché à s’immiscer dans la controverse. D’une manière générale, la plupart se gardent bien de se prononcer sur les miracles. La séparation des genres est établie : la Science appelle au savoir, le sacré prône la croyance en des réalités impalpables. De surcroît, la reconnaissance de l’apparition par la papauté ne leur offrait guère de prise. Comment pourfendre un lieu de culte fréquenté chaque année par trois millions de pèlerins et dont le Pape Jean Paul II vouait une dévotion inégalée ? Autre difficulté, aucun élément contradictoire n’apparaît dans les archives.
QUELLE AUTRE EXPLICATION ?
Fussent-ils nombreux, la valeur des témoignages ne constitue pas un argument. Plusieurs fois dans l’histoire, des formes étranges apparues dans le ciel ont suscité l’émotion. La plupart du temps, il s’agissait de phénomène physique ne devant rien au hasard comme, par exemple, ces curieux nuages en forme de secousses volantes qui s’agglomèrent en haute montagne. Est-ce seulement concevable que le soleil puisse quitter sa place dans le ciel, comme cela a été rapporté ? De deux choses l’une : soit le soleil a véritablement dansé ce jour-là et toutes les règles connues de la physique sont alors à revoir, soit il s’agissait d’un phénomène météorologique méconnu alors, mais trouvant aujourd’hui son explication.
Levée l’hypothèse de l’hallucination collective, se peut-il que des mouvements du soleil soient scientifiquement explicables ? Encore faut-il qu’il ne s’agisse pas d’un parti pris, mais d’une position se raccordant à un décryptage précis. Lorsqu’un coup de vent chasse une masse nuageuse abondante et pluvieuse, le soleil apparaît déstabilisé. Toujours là, au zénith, mais il semble en mouvement. En réalité c’est sa réapparition subite qui bouscule la perception de son emplacement. Quant à son éblouissement, la pluie qui a sévi toute la matinée a favorisé un jeu croisé de réfléchissement lumineux. Pendant quelques instants, le soleil est plus accessible, mais l’effet ne dure pas. Dès lors que les croisements réfléchissements lumineux s’effondrent, le soleil éblouit selon son habitude.
Dès le 18 octobre, l’Observatoire de Lisbonne rapporte n’avoir relevé aucun phénomène anormal, le 13 octobre. Tout juste une légère perturbation venant de l’ouest. Dans ses archives, aucune mention n’est faite d’un événement particulier. Cependant, à l’époque, le maillage du territoire portugais par des radars n’existe pas. Aucune possibilité donc de confirmer ou d’infirmer au moyen de relevés scientifiques. Autre explication écartée, l’attribution de la paternité de l’événement à l’armée. En 1917, la technologie disponible était limitée. Nulle possibilité alors de domestiquer le champ visuel avec des effets de contraste ou des jeux de lumière comme il est possible de le faire aujourd’hui.
L’opération aurait-elle été alors fabriquée à partir du sol au moyen d’un cercle très lumineux projetant son éclat en direction des nuages, et ce, afin de simuler l’apparition du soleil. Les fulgurants rayons pourraient en fournir l’explication. Mais est-ce possible d’organiser une telle opération sur une surface du ciel très étendue visible au regard de 70 000 personnes ?
UN OVNI ?
Dans son livre, « Fatima, un ovni pas comme les autres » Gilles Pinon remet en cause l’interprétation surnaturelle. S’éloignant des polémiques religieuses, selon lui, la danse du soleil n’est autre qu’une manifestation extraterrestre. Il s’appuie sur les témoignages où il est fait mention d’une manière récurrente d’un disque plat plutôt que d’un globe. Comment des observateurs fortement imprégnés de religiosité évoquent-ils d’emblée un disque en mouvement, allant et venant, disparaissant ? Sauf à considérer certains doués d’une fiévreuse imagination, l’appellation est curieuse pour l’époque. Le soleil est pourtant décrit comme « un disque », « une plaque d’argent mat ». Ni voilé, ni brouillé, il luit sans blesser la vue. En effet, personne ne s’est plaint d’avoir eu mal aux yeux après l’avoir pourtant fixé. Autre indice, les nuages qui couvraient le ciel donnent « l’impression de passer derrière le soleil ». L’ensemble de ces descriptions suggère l’idée d’une projection lumineuse sur fond de nuages. Était-elle le fait d’un aveuglement ou le participe-t-elle d’un autre phénomène ?
Gilles Pinon fait de Fatima l’archétype d’un événement ovnien, le premier à être répertorié bien avant l’observation de Kenneth Arnold, au dessus du mont Rainier en 1947. Danse du soleil, perturbations atmosphériques, souffle et nuée blanchâtre au sol, secouement des arbres, éclair, baisse de la lumière et de la température, coups de tonnerre, disque d’argent à manœuvres erratiques, changements de cap à angle aigu, rotation rapide sur lui-même, descente en feuille morte ou en zigzags, remontée à la verticale, accélérations brutales, arrêts sans freinage, illumination du paysage, tous éléments concordants qui caractériseraient la présence d’un ovni.
Tous les témoignages rapportés ce jour-là introduisent à l’idée d’une complexité telle qu’aucune réponse rationnelle ne puisse être apportée. C’est dans cette brèche que s’infiltre l’ufologue. Dans l’affaire de Fatima, il suppose plutôt qu’il ne tranche. Selon lui, il ne faut rien exclure. Les ovnis défient les lois de la physique. Pourquoi Fatima n’en porterait-elle pas la marque ?
LA POSITION ALAMBIQUÉE DE L’ÉGLISE NE CONFORTE-T-ELLE PAS LA PISTE OVNIENNE ?
Si d’aventure Fatima avait été d’emblée présentée comme le premier phénomène ovnien, l’attaque des scientifiques aurait été alors sans borne. Ces derniers auraient fait usage de témoignages rationnels afin de le rendre inerte, voire ridicule. Lui conférer une dimension religieuse, c’était en revanche le sanctuariser, ce qui a été le cas. Comme il a été rapporté plus haut, la contestation du miracle a été faible. L’église pouvait mettre alors à profit tout le temps nécessaire pour comprendre le mystère. En apparence, il est d’ordre religieux. Cependant en absorbant le 3e secret sur son propre destin, sa mort attendue en 1981, Jean Paul II n’a-t-il pas cherché à dérouter la mystérieuse danse du soleil de sa route initiale ? Si cette supposition pouvait être établie, les secrets pourraient révéler un phénomène exogène. Du coup, l’église aurait à répondre à des questions aux conséquences redoutables et incontrôlables. Comment intégrer un tel événement dans son arsenal dogmatique et l’historiographie religieuse ? Une dangereuse porte s’ouvrirait alors. Non seulement Fatima, mais tous les miracles pourraient être revisités à l’aune de la thématique ovnienne. Tout l’édifice religieux se trouverait mis à mal.
La réponse a été apportée par Benoît XV en 2002, alors Préfet de la Congrégation de la foi. Ce dernier a décidé de ranger le vestige religieux à l’échelle d’un mouvement de piété. Mieux vaut diminuer le miracle plutôt que d’exposer l’église un jour à une remise en cause presque insurmontable. En même temps, le fait que Benoît XV ait été consacré Pape alors qu’il n’était pas le papabile plus souvent cité renforce le trouble. Comment mieux étouffer Fatima qu’en plaçant sur le trône de Saint-Pierre l’homme lui contestant sa force miraculeuse ? Le tour est bien joué, mais la vérité n’en sort pas grandie. Ce qui a été vu ce jour-là défie l’entendement et la raison. Toute puissante à l’époque, l’église aurait bien pu instruire l’événement à sa manière jouant tour à tour la partition de la dévotion puis du déni. Placé sous scellés, le véritable secret de Fatima aurait été ainsi délicatement confisqué, désormais enterré.
* Gilles Pinon, contre-amiral (cadre de réserve), est diplômé de l’École navale et de l’École nationale supérieure de techniques avancées.
Observation de « La Danse du Soleil » du 13 octobre 1917.
C’est peut-être l’événement le plus invraisemblable du XXe siècle.
Le 13 octobre 1917, rassemblée dans une dépression herbeuse une foule de 70 000 personnes assistent à la danse du soleil. À leur tête, trois jeunes bergers, Jacinta, François et Lucie. La silhouette de la vierge Marie leur est apparue pour la première fois le 13 mai 1917. Chaque 13 du mois, la « Dame vêtue de blanc tel un verre de cristal traversé par le soleil » resplendit aux abords d’une grotte. Chaque fois, la vierge leur délivre un message. Elle a promis un miracle pour le 13 octobre. La nouvelle des apparitions s’est répandue dans la région. La foule est venue nombreuse. Sous un temps saumâtre, elle se déploie autour des enfants. Depuis le matin, une pluie fine s’abat de façon interminable. « Journée d’automne, triste et morose » note un observateur. Les heures s’écoulent, l’attente interminable.
DANSE DU SOLEIL
Vers midi, d’un seul coup, les nuages se déchirent laissant la place à un ciel bleu et cristallin. Le soleil apparaît au zénith, mais sous un aspect étrange tel un disque d’argent brillant. Il n’éblouit plus. Nullement incommodé, sans risque de se brûler les yeux, chacun le fixe, saisi de stupeur. Des rayons de lumière rouge fusent au bord du Soleil. Violets, bleus, puis jaunes. Ces couleurs ont été décrites comme des secteurs monochromatiques qui tournoyaient sans arrêt. L’astre pivote maintenant sur lui-même à une vitesse vertigineuse, lâchant des faisceaux de lumières colorées dans toutes les directions. Bientôt, il exécute des mouvements brusques. Soudain, il abandonne son emplacement. Il évolue alors en zigzag, telle une feuille morte. Il semble tomber sur la foule. Certains s’agenouillent, beaucoup hurlent de peur. Telle une roue en feu, il tourne vertigineusement sur lui-même, lâchant dans sa course des faisceaux de lumière. Ces couleurs imprègnent les arbres, les rochers, le sol et les habits. Au bout de plusieurs minutes, le soleil reprend sa place. Une deuxième fois encore, il vagabonde dans le ciel. L’émotion est immense parmi la foule. Gagnés par une impression de chaleur, les témoins constatent avec surprise que leurs vêtements sont presque secs à la fin de l’apparition.
MIRACLE
Le miracle est reconnu par Rome en 1930 et ses trois secrets. Fait inédit dans l’histoire des miracles, un Pape en est l’un des principaux acteurs. L’attentat dont Jean Paul II a été victime en 1981 était relaté dans le troisième secret. La balle qui se dirigeait vers lui aurait été déviée par une main céleste. Jean Paul II le rend public en 2000. Jean Paul II entretenait une véritable dévotion pour Fatima où il s’est rendu à plusieurs reprises. Fatima est aujourd’hui un lieu de pèlerinage très couru.
TROUBLE DANS LE CIEL DE DIEU
Rien n’est jamais acquis même dans le ciel de Dieu. Aussitôt connu, l’événement fait débat au sein de l’église. Certains soupçonnent la curie de Fatima d’avoir monté de toutes pièces l’opération à des fins de prosélytisme. D’autres relèvent les déclarations contradictoires des enfants, notamment, de Lucie. Dès 1944, le Père Dhanis, recteur de l’université grégorienne à Rome, publie une thèse antifatimiste qui reçoit les félicitations du Saint-Siège. Jouant de subtilité, le Cardinal Joseph Ratzinger alors Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, aujourd’hui Pape Benoît XV, entreprend en 2002 une analyse théologique du miracle. Dans un texte disponible sur le site Internet du Saint-Siège, le Cardinal le ramène à « des révélations privées ». D’après lui, la vision incorpore parfois des images qu’elle « peut avoir vues dans les livres de piété ». Les gens présents étaient tellement certains d’assister à une apparition qu’ils ont peut-être été victimes d’une hallucination collective ! Selon lui, cette prophétie s’inscrivait dans les « signes des temps » en référence au monde particulièrement troublé du début du XXe siècle. Le Cardinal Ratzinger s’offre une formule curieuse, l’attentat manqué à la vie d’un Pape est en vérité « sans grand mystère ». Interprété par certains comme une tentative de démantèlement du Message de Fatima, ce commentaire de celui qui est aujourd’hui le plus grand dignitaire de l’église ajoute à la confusion.
PRUDENCE DES SCIENTIFIQUES
Rares sont les scientifiques qui ont cherché à s’immiscer dans la controverse. D’une manière générale, la plupart se gardent bien de se prononcer sur les miracles. La séparation des genres est établie : la Science appelle au savoir, le sacré prône la croyance en des réalités impalpables. De surcroît, la reconnaissance de l’apparition par la papauté ne leur offrait guère de prise. Comment pourfendre un lieu de culte fréquenté chaque année par trois millions de pèlerins et dont le Pape Jean Paul II vouait une dévotion inégalée ? Autre difficulté, aucun élément contradictoire n’apparaît dans les archives.
QUELLE AUTRE EXPLICATION ?
Fussent-ils nombreux, la valeur des témoignages ne constitue pas un argument. Plusieurs fois dans l’histoire, des formes étranges apparues dans le ciel ont suscité l’émotion. La plupart du temps, il s’agissait de phénomène physique ne devant rien au hasard comme, par exemple, ces curieux nuages en forme de secousses volantes qui s’agglomèrent en haute montagne. Est-ce seulement concevable que le soleil puisse quitter sa place dans le ciel, comme cela a été rapporté ? De deux choses l’une : soit le soleil a véritablement dansé ce jour-là et toutes les règles connues de la physique sont alors à revoir, soit il s’agissait d’un phénomène météorologique méconnu alors, mais trouvant aujourd’hui son explication.
Levée l’hypothèse de l’hallucination collective, se peut-il que des mouvements du soleil soient scientifiquement explicables ? Encore faut-il qu’il ne s’agisse pas d’un parti pris, mais d’une position se raccordant à un décryptage précis. Lorsqu’un coup de vent chasse une masse nuageuse abondante et pluvieuse, le soleil apparaît déstabilisé. Toujours là, au zénith, mais il semble en mouvement. En réalité c’est sa réapparition subite qui bouscule la perception de son emplacement. Quant à son éblouissement, la pluie qui a sévi toute la matinée a favorisé un jeu croisé de réfléchissement lumineux. Pendant quelques instants, le soleil est plus accessible, mais l’effet ne dure pas. Dès lors que les croisements réfléchissements lumineux s’effondrent, le soleil éblouit selon son habitude.
Dès le 18 octobre, l’Observatoire de Lisbonne rapporte n’avoir relevé aucun phénomène anormal, le 13 octobre. Tout juste une légère perturbation venant de l’ouest. Dans ses archives, aucune mention n’est faite d’un événement particulier. Cependant, à l’époque, le maillage du territoire portugais par des radars n’existe pas. Aucune possibilité donc de confirmer ou d’infirmer au moyen de relevés scientifiques. Autre explication écartée, l’attribution de la paternité de l’événement à l’armée. En 1917, la technologie disponible était limitée. Nulle possibilité alors de domestiquer le champ visuel avec des effets de contraste ou des jeux de lumière comme il est possible de le faire aujourd’hui.
L’opération aurait-elle été alors fabriquée à partir du sol au moyen d’un cercle très lumineux projetant son éclat en direction des nuages, et ce, afin de simuler l’apparition du soleil. Les fulgurants rayons pourraient en fournir l’explication. Mais est-ce possible d’organiser une telle opération sur une surface du ciel très étendue visible au regard de 70 000 personnes ?
UN OVNI ?
Dans son livre, « Fatima, un ovni pas comme les autres » Gilles Pinon remet en cause l’interprétation surnaturelle. S’éloignant des polémiques religieuses, selon lui, la danse du soleil n’est autre qu’une manifestation extraterrestre. Il s’appuie sur les témoignages où il est fait mention d’une manière récurrente d’un disque plat plutôt que d’un globe. Comment des observateurs fortement imprégnés de religiosité évoquent-ils d’emblée un disque en mouvement, allant et venant, disparaissant ? Sauf à considérer certains doués d’une fiévreuse imagination, l’appellation est curieuse pour l’époque. Le soleil est pourtant décrit comme « un disque », « une plaque d’argent mat ». Ni voilé, ni brouillé, il luit sans blesser la vue. En effet, personne ne s’est plaint d’avoir eu mal aux yeux après l’avoir pourtant fixé. Autre indice, les nuages qui couvraient le ciel donnent « l’impression de passer derrière le soleil ». L’ensemble de ces descriptions suggère l’idée d’une projection lumineuse sur fond de nuages. Était-elle le fait d’un aveuglement ou le participe-t-elle d’un autre phénomène ?
Gilles Pinon fait de Fatima l’archétype d’un événement ovnien, le premier à être répertorié bien avant l’observation de Kenneth Arnold, au dessus du mont Rainier en 1947. Danse du soleil, perturbations atmosphériques, souffle et nuée blanchâtre au sol, secouement des arbres, éclair, baisse de la lumière et de la température, coups de tonnerre, disque d’argent à manœuvres erratiques, changements de cap à angle aigu, rotation rapide sur lui-même, descente en feuille morte ou en zigzags, remontée à la verticale, accélérations brutales, arrêts sans freinage, illumination du paysage, tous éléments concordants qui caractériseraient la présence d’un ovni.
Tous les témoignages rapportés ce jour-là introduisent à l’idée d’une complexité telle qu’aucune réponse rationnelle ne puisse être apportée. C’est dans cette brèche que s’infiltre l’ufologue. Dans l’affaire de Fatima, il suppose plutôt qu’il ne tranche. Selon lui, il ne faut rien exclure. Les ovnis défient les lois de la physique. Pourquoi Fatima n’en porterait-elle pas la marque ?
LA POSITION ALAMBIQUÉE DE L’ÉGLISE NE CONFORTE-T-ELLE PAS LA PISTE OVNIENNE ?
Si d’aventure Fatima avait été d’emblée présentée comme le premier phénomène ovnien, l’attaque des scientifiques aurait été alors sans borne. Ces derniers auraient fait usage de témoignages rationnels afin de le rendre inerte, voire ridicule. Lui conférer une dimension religieuse, c’était en revanche le sanctuariser, ce qui a été le cas. Comme il a été rapporté plus haut, la contestation du miracle a été faible. L’église pouvait mettre alors à profit tout le temps nécessaire pour comprendre le mystère. En apparence, il est d’ordre religieux. Cependant en absorbant le 3e secret sur son propre destin, sa mort attendue en 1981, Jean Paul II n’a-t-il pas cherché à dérouter la mystérieuse danse du soleil de sa route initiale ? Si cette supposition pouvait être établie, les secrets pourraient révéler un phénomène exogène. Du coup, l’église aurait à répondre à des questions aux conséquences redoutables et incontrôlables. Comment intégrer un tel événement dans son arsenal dogmatique et l’historiographie religieuse ? Une dangereuse porte s’ouvrirait alors. Non seulement Fatima, mais tous les miracles pourraient être revisités à l’aune de la thématique ovnienne. Tout l’édifice religieux se trouverait mis à mal.
La réponse a été apportée par Benoît XV en 2002, alors Préfet de la Congrégation de la foi. Ce dernier a décidé de ranger le vestige religieux à l’échelle d’un mouvement de piété. Mieux vaut diminuer le miracle plutôt que d’exposer l’église un jour à une remise en cause presque insurmontable. En même temps, le fait que Benoît XV ait été consacré Pape alors qu’il n’était pas le papabile plus souvent cité renforce le trouble. Comment mieux étouffer Fatima qu’en plaçant sur le trône de Saint-Pierre l’homme lui contestant sa force miraculeuse ? Le tour est bien joué, mais la vérité n’en sort pas grandie. Ce qui a été vu ce jour-là défie l’entendement et la raison. Toute puissante à l’époque, l’église aurait bien pu instruire l’événement à sa manière jouant tour à tour la partition de la dévotion puis du déni. Placé sous scellés, le véritable secret de Fatima aurait été ainsi délicatement confisqué, désormais enterré.
* Gilles Pinon, contre-amiral (cadre de réserve), est diplômé de l’École navale et de l’École nationale supérieure de techniques avancées.
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