La taupe de WikiLeaks
Accusé d’avoir donné des informations au site de Julian Assange, le jeune hacker américain Bradley Manning, ex-soldat, héros pour les uns, traître pour les autres, risque la peine de mort.
«Bradley était différent des autres. Propre, bien apprêté… vraiment, il se distinguait.» Lorsqu’il cherche à se souvenir de sa première rencontre avec Bradley Manning, en janvier 2010 à l’université de Boston, son ami David House ne peut s’empêcher de sourire : «Ce soir-là, je n’ai parlé que quelques minutes avec lui, mais c’était assez pour comprendre qu’il était différent de tous les hackers venus à notre fête pour inaugurer un nouveau local à l’université. Dans ce milieu, il est de bon ton d’arriver sale, en sueur, pour montrer qu’on sort de trois jours de codage et que le dévouement à notre art ne nous a pas laissé le temps de prendre une douche. Bradley, au contraire, était soigné, les cheveux stylés. Il ne parlait pas vraiment non plus le jargon des hackers. Je n’aurais pas imaginé que quelques mois plus tard il serait au centre de l’attention mondiale.»
Bradley Manning est le jeune soldat, âgé de 23 ans aujourd’hui, accusé d’avoir transmis à WikiLeaks les centaines de milliers de documents confidentiels révélant les coulisses de la diplomatie américaine ou des guerres en Irak et en Afghanistan. Arrêté en mai 2010, il fut longtemps le grand oublié de l’affaire WikiLeaks. Tandis que le monde entier s’émouvait du sort de Julian Assange, l’Australien aux cheveux d’argent qui a fondé le plus fameux des sites de révélations de documents confidentiels, le soldat Manning, lui, croupissait dans une prison militaire américaine, d’abord au Koweït, puis sur la base de marines de Quantico (Virginie), au sud de Washington, sans que personne ne s’en soucie tellement. «Heureusement, les choses ont énormément progressé ces derniers mois, se félicite Kevin Zeese, animateur de son réseau de soutien aux Etats-Unis. Il y a quelques années encore, le cas de Bradley Manning aurait pu rester oublié, considéré comme un traître et balayé sous le tapis par les grands groupes de médias qui sont liés aux soi-disant intérêts de sécurité des Etats-Unis. Cette fois-ci, grâce aux nouveaux médias indépendants, grâce à Internet et à Facebook, les gens ont pu se mobiliser et faire passer un autre message : montrer qu’il n’est pas un traître mais plutôt quelqu’un qui a cherché à dénoncer des crimes de guerre. Pour moi, Bradley veut faire des Etats-Unis un pays meilleur.»
En cellule vingt-trois heures sur vingt-quatre
L’administration Obama a beaucoup contribué elle-même à attirer l’attention mondiale sur Bradley Manning, en lui imposant des conditions de détention particulièrement sévères, frôlant souvent la torture. Jusqu’à ces derniers jours, il était détenu sur la base de Quantico dans un quasi-isolement, enfermé en cellule vingt-trois heures sur vingt-quatre, empêché de faire de l’exercice, privé de presque toutes affaires personnelles et même un temps de slip, sous prétexte qu’il pourrait se suicider avec. «On lui prescrit aussi beaucoup d’antidépresseurs, témoigne David House qui lui a rendu visite plusieurs fois. On les lui donne juste avant l’heure pendant laquelle il est autorisé à regarder la télévision ou écrire. Du coup, il a du mal à se concentrer et écrire. Lors de certaines de mes visites, il était vraiment somnolent, il avait l’air épuisé, avec de grosses poches sous les yeux. Je pense qu’il souffrait surtout du fait de ne rien faire de la journée. Lors des visites, il mettait du temps avant de reprendre ses esprits.»
Selon son ami, ces pressions ont deux raisons principales : «Le gouvernement américain veut faire de Bradley Manning un exemple, pour dissuader d’autres informateurs potentiels de passer à l’acte. Et les autorités voudraient aussi lui extorquer des aveux, ou de faux aveux, permettant de charger Julian Assange.» Les enquêteurs manquent encore d’éléments pour poursuivre le fondateur australien de WikiLeaks, Julian Assange. Un témoignage de Bradley Manning affirmant qu’il était en contact avec Julian Assange et que celui-ci l’aurait poussé à piller les ordinateurs du gouvernement serait le meilleur moyen pour les procureurs américains de coincer l’Australien une bonne fois pour toutes.
Les mauvais traitements infligés à Bradley Manning ont pourtant surtout réussi, pour le moment, à soulever l’indignation, aux Etats-Unis. Ces conditions de détention sont «ridicules, contre-productives et stupides», avait lancé, en mars, le porte-parole du Département d’Etat, P.J. Crowley. Sitôt après ce commentaire, il a dû démissionner. Mais depuis, les rares personnes autorisées à rendre visite à Bradley Manning n’ont plus fait état de nouvelles humiliations du prisonnier. Son slip lui a été rendu, et il a été récemment transféré vers une prison militaire au régime plus souple, celle de Fort Leavenworth, au Kansas. Il peut y communiquer avec d’autres détenus, prendre des repas en commun et profiter de trois heures de loisirs par jour.
Mais le mal est fait : pour beaucoup d’Américains qui ne s’étaient d’abord guère intéressés au personnage, Bradley Manning est devenu un martyr, voire un héros. «S’il est bien la source de WikiLeaks, nous avons une grande dette envers lui, souligne Daniel Ellsberg, grand «traître» précédent de l’armée américaine. En 1971, il avait révélé des documents secrets du Pentagone sur la guerre du Vietnam. Bradley peut être fier d’avoir joué un rôle crucial dans les événements en Tunisie ou en Egypte. S’il en est bien la source, il y aura bientôt des statues de lui en Tunisie ou en Egypte !» assure ce vétéran du pacifisme américain, rencontré lors d’une petite manifestation de soutien organisée en mars devant la base militaire de Quantico.
«Si Bradley est coupable, je le considère comme l’un de nos plus grands héros, enchaîne David House, venu ce jour-là aussi à Quantico. Il ne devrait pas être une exception mais plutôt un précurseur, pour ouvrir les portes de nos gouvernements, révéler au grand jour ce qu’ils trament dans l’obscurité, et permettre aux citoyens de voter en pleine connaissance de cause.»
Laïc convaincu et colérique
Traître ? Héros ? Ces titres ronflants ont du mal encore à coller à ce qu’on sait du personnage, ou à ce que sa famille veut en dire. Son père, Brian Manning, ancien militaire lui-même, refuse jusqu’à ce jour d’envisager que son fils puisse être l’informateur de WikiLeaks. «Je pense positivement, a-t-il expliqué à la télévision publique PBS. Je ne vois vraiment pas pourquoi il aurait fait ça.Quelle que soit la personne qui a sorti ces documents, ce n’était pas bien de le faire», explique Brian Manning. La mère de Bradley, ressortissante britannique installée au pays de Galles, ne s’est pratiquement pas exprimée en public. Sa sœur a fait savoir qu’elle était malade, et qu’elle avait même du mal à parler depuis un accident vasculaire cérébral. «Susan ne veut même pas lire les journaux. C’est sa façon de faire. Elle ne veut pas affronter ça», a expliqué sa mère à la presse britannique.
Bradley Manning avait des relations plutôt conflictuelles avec ses parents, surtout avec son père, racontent ses amis. Il a grandi dans une petite ville de l’Oklahoma, où son père le laissait souvent avec sa mère, avec plusieurs semaines de provisions car celle-ci ne conduisait pas (un détail insolite aux Etats-Unis où tout se fait en voiture). A l’âge de 13 ans, quand ses parents divorcent, l’adolescent suit sa mère qui repart au pays de Galles. En Grande-Bretagne comme en Oklahoma, il laisse à ses camarades de classe le même souvenir d’un garçon souvent «différent» : passionné d’informatique, très obstiné sur certaines questions politiques ou religieuses (laïc convaincu, il refusait notamment de se référer à Dieu comme il est prévu dans le serment d’allégeance américain) et très colérique aussi. A l’adolescence, Bradley Manning découvre qu’il est homosexuel, ce qui lui vaudra les quolibets habituels de certains camarades de classe et accroît encore sa différence.
A 18 ans, il retourne vivre aux Etats-Unis, chez son père, qui semble avoir une conception assez autoritaire de la vie de famille et le juge «pourri gâté» par les années passées avec sa mère. Il ne s’entend pas avec sa nouvelle belle-mère qui lui reproche de ne pas chercher de travail et de vivre aux crochets de la famille. En mars 2006, la belle-mère appelle même la police pour dire que Bradley Manning l’a menacée avec un couteau. Sur la bande-son, que la police a divulguée, on entend la voix hystérique de cette marâtre, et celle, en arrière-plan, beaucoup plus calme de Bradley Manning qui s’inquiète pour son père, tombé en essayant de s’interposer : «Tu es OK, papa ?»La police l’embarque mais ne l’arrête pas et ne le poursuit pas pour cet incident.
Homosexualité cachée
Plusieurs mois d’errance s’en suivent pour Bradley Manning qui quitte alors le domicile paternel et enchaîne les petits boulots, sans rester longtemps en place. En 2007, son père le convainc de s’engager dans l’armée : «Tu auras trois repas complets par jour, un endroit pour dormir et un toit sur ta tête. Tout ce qu’on te demande de faire, c’est de suivre le chemin.» A l’armée, le jeune homme est pourtant aussi obligé de dissimuler son homosexualité, en vertu de la loi «Don’t Ask, Don’t Tell» (en cours de révocation) qui obligeait les gays à cacher leur sexualité, sous peine de renvoi.
Expédié en Irak après deux ans de formation, il est choqué par ce qu’il y voit, notamment le traitement des civils irakiens, ont rapporté ses amis. Toujours soupe au lait, il se querelle avec sa hiérarchie. Sur sa page Facebook, quelques jours avant son arrestation, il écrit : «Bradley Manning est plus que frustré, des gens et de la société en général.»
Lors d’un tchat avec le célèbre hacker Adrian Lamo, Bradley Manning se serait dénoncé lui-même, racontant comment il aurait téléchargé «la plus grande fuite de l’histoire américaine» sur des CD censés contenir les tubes de Lady Gaga. Trahi par ce même Adrian Lamo, qui a alerté le FBI, le soldat Manning risque la prison à vie, voire même la peine de mort pour «transmission illégale d’informations militaires» et «aide à l’ennemi». Son procès devant une cour militaire devrait bientôt débuter par des audiences préliminaires. Une occasion, espèrent ses supporteurs, de «faire beaucoup parler de lui, dans le monde entier».
WikiLeaks est considéré comme un des déclencheurs de la révolution tunisienne pour avoir attiré l’attention sur la corruption du régime. Et la révolte tunisienne entraîna celle d’Egypte.
Par LORRAINE MILLOT
SOURCE Lliberation.Fr
Accusé d’avoir donné des informations au site de Julian Assange, le jeune hacker américain Bradley Manning, ex-soldat, héros pour les uns, traître pour les autres, risque la peine de mort.
«Bradley était différent des autres. Propre, bien apprêté… vraiment, il se distinguait.» Lorsqu’il cherche à se souvenir de sa première rencontre avec Bradley Manning, en janvier 2010 à l’université de Boston, son ami David House ne peut s’empêcher de sourire : «Ce soir-là, je n’ai parlé que quelques minutes avec lui, mais c’était assez pour comprendre qu’il était différent de tous les hackers venus à notre fête pour inaugurer un nouveau local à l’université. Dans ce milieu, il est de bon ton d’arriver sale, en sueur, pour montrer qu’on sort de trois jours de codage et que le dévouement à notre art ne nous a pas laissé le temps de prendre une douche. Bradley, au contraire, était soigné, les cheveux stylés. Il ne parlait pas vraiment non plus le jargon des hackers. Je n’aurais pas imaginé que quelques mois plus tard il serait au centre de l’attention mondiale.»
Bradley Manning est le jeune soldat, âgé de 23 ans aujourd’hui, accusé d’avoir transmis à WikiLeaks les centaines de milliers de documents confidentiels révélant les coulisses de la diplomatie américaine ou des guerres en Irak et en Afghanistan. Arrêté en mai 2010, il fut longtemps le grand oublié de l’affaire WikiLeaks. Tandis que le monde entier s’émouvait du sort de Julian Assange, l’Australien aux cheveux d’argent qui a fondé le plus fameux des sites de révélations de documents confidentiels, le soldat Manning, lui, croupissait dans une prison militaire américaine, d’abord au Koweït, puis sur la base de marines de Quantico (Virginie), au sud de Washington, sans que personne ne s’en soucie tellement. «Heureusement, les choses ont énormément progressé ces derniers mois, se félicite Kevin Zeese, animateur de son réseau de soutien aux Etats-Unis. Il y a quelques années encore, le cas de Bradley Manning aurait pu rester oublié, considéré comme un traître et balayé sous le tapis par les grands groupes de médias qui sont liés aux soi-disant intérêts de sécurité des Etats-Unis. Cette fois-ci, grâce aux nouveaux médias indépendants, grâce à Internet et à Facebook, les gens ont pu se mobiliser et faire passer un autre message : montrer qu’il n’est pas un traître mais plutôt quelqu’un qui a cherché à dénoncer des crimes de guerre. Pour moi, Bradley veut faire des Etats-Unis un pays meilleur.»
En cellule vingt-trois heures sur vingt-quatre
L’administration Obama a beaucoup contribué elle-même à attirer l’attention mondiale sur Bradley Manning, en lui imposant des conditions de détention particulièrement sévères, frôlant souvent la torture. Jusqu’à ces derniers jours, il était détenu sur la base de Quantico dans un quasi-isolement, enfermé en cellule vingt-trois heures sur vingt-quatre, empêché de faire de l’exercice, privé de presque toutes affaires personnelles et même un temps de slip, sous prétexte qu’il pourrait se suicider avec. «On lui prescrit aussi beaucoup d’antidépresseurs, témoigne David House qui lui a rendu visite plusieurs fois. On les lui donne juste avant l’heure pendant laquelle il est autorisé à regarder la télévision ou écrire. Du coup, il a du mal à se concentrer et écrire. Lors de certaines de mes visites, il était vraiment somnolent, il avait l’air épuisé, avec de grosses poches sous les yeux. Je pense qu’il souffrait surtout du fait de ne rien faire de la journée. Lors des visites, il mettait du temps avant de reprendre ses esprits.»
Selon son ami, ces pressions ont deux raisons principales : «Le gouvernement américain veut faire de Bradley Manning un exemple, pour dissuader d’autres informateurs potentiels de passer à l’acte. Et les autorités voudraient aussi lui extorquer des aveux, ou de faux aveux, permettant de charger Julian Assange.» Les enquêteurs manquent encore d’éléments pour poursuivre le fondateur australien de WikiLeaks, Julian Assange. Un témoignage de Bradley Manning affirmant qu’il était en contact avec Julian Assange et que celui-ci l’aurait poussé à piller les ordinateurs du gouvernement serait le meilleur moyen pour les procureurs américains de coincer l’Australien une bonne fois pour toutes.
Les mauvais traitements infligés à Bradley Manning ont pourtant surtout réussi, pour le moment, à soulever l’indignation, aux Etats-Unis. Ces conditions de détention sont «ridicules, contre-productives et stupides», avait lancé, en mars, le porte-parole du Département d’Etat, P.J. Crowley. Sitôt après ce commentaire, il a dû démissionner. Mais depuis, les rares personnes autorisées à rendre visite à Bradley Manning n’ont plus fait état de nouvelles humiliations du prisonnier. Son slip lui a été rendu, et il a été récemment transféré vers une prison militaire au régime plus souple, celle de Fort Leavenworth, au Kansas. Il peut y communiquer avec d’autres détenus, prendre des repas en commun et profiter de trois heures de loisirs par jour.
Mais le mal est fait : pour beaucoup d’Américains qui ne s’étaient d’abord guère intéressés au personnage, Bradley Manning est devenu un martyr, voire un héros. «S’il est bien la source de WikiLeaks, nous avons une grande dette envers lui, souligne Daniel Ellsberg, grand «traître» précédent de l’armée américaine. En 1971, il avait révélé des documents secrets du Pentagone sur la guerre du Vietnam. Bradley peut être fier d’avoir joué un rôle crucial dans les événements en Tunisie ou en Egypte. S’il en est bien la source, il y aura bientôt des statues de lui en Tunisie ou en Egypte !» assure ce vétéran du pacifisme américain, rencontré lors d’une petite manifestation de soutien organisée en mars devant la base militaire de Quantico.
«Si Bradley est coupable, je le considère comme l’un de nos plus grands héros, enchaîne David House, venu ce jour-là aussi à Quantico. Il ne devrait pas être une exception mais plutôt un précurseur, pour ouvrir les portes de nos gouvernements, révéler au grand jour ce qu’ils trament dans l’obscurité, et permettre aux citoyens de voter en pleine connaissance de cause.»
Laïc convaincu et colérique
Traître ? Héros ? Ces titres ronflants ont du mal encore à coller à ce qu’on sait du personnage, ou à ce que sa famille veut en dire. Son père, Brian Manning, ancien militaire lui-même, refuse jusqu’à ce jour d’envisager que son fils puisse être l’informateur de WikiLeaks. «Je pense positivement, a-t-il expliqué à la télévision publique PBS. Je ne vois vraiment pas pourquoi il aurait fait ça.Quelle que soit la personne qui a sorti ces documents, ce n’était pas bien de le faire», explique Brian Manning. La mère de Bradley, ressortissante britannique installée au pays de Galles, ne s’est pratiquement pas exprimée en public. Sa sœur a fait savoir qu’elle était malade, et qu’elle avait même du mal à parler depuis un accident vasculaire cérébral. «Susan ne veut même pas lire les journaux. C’est sa façon de faire. Elle ne veut pas affronter ça», a expliqué sa mère à la presse britannique.
Bradley Manning avait des relations plutôt conflictuelles avec ses parents, surtout avec son père, racontent ses amis. Il a grandi dans une petite ville de l’Oklahoma, où son père le laissait souvent avec sa mère, avec plusieurs semaines de provisions car celle-ci ne conduisait pas (un détail insolite aux Etats-Unis où tout se fait en voiture). A l’âge de 13 ans, quand ses parents divorcent, l’adolescent suit sa mère qui repart au pays de Galles. En Grande-Bretagne comme en Oklahoma, il laisse à ses camarades de classe le même souvenir d’un garçon souvent «différent» : passionné d’informatique, très obstiné sur certaines questions politiques ou religieuses (laïc convaincu, il refusait notamment de se référer à Dieu comme il est prévu dans le serment d’allégeance américain) et très colérique aussi. A l’adolescence, Bradley Manning découvre qu’il est homosexuel, ce qui lui vaudra les quolibets habituels de certains camarades de classe et accroît encore sa différence.
A 18 ans, il retourne vivre aux Etats-Unis, chez son père, qui semble avoir une conception assez autoritaire de la vie de famille et le juge «pourri gâté» par les années passées avec sa mère. Il ne s’entend pas avec sa nouvelle belle-mère qui lui reproche de ne pas chercher de travail et de vivre aux crochets de la famille. En mars 2006, la belle-mère appelle même la police pour dire que Bradley Manning l’a menacée avec un couteau. Sur la bande-son, que la police a divulguée, on entend la voix hystérique de cette marâtre, et celle, en arrière-plan, beaucoup plus calme de Bradley Manning qui s’inquiète pour son père, tombé en essayant de s’interposer : «Tu es OK, papa ?»La police l’embarque mais ne l’arrête pas et ne le poursuit pas pour cet incident.
Homosexualité cachée
Plusieurs mois d’errance s’en suivent pour Bradley Manning qui quitte alors le domicile paternel et enchaîne les petits boulots, sans rester longtemps en place. En 2007, son père le convainc de s’engager dans l’armée : «Tu auras trois repas complets par jour, un endroit pour dormir et un toit sur ta tête. Tout ce qu’on te demande de faire, c’est de suivre le chemin.» A l’armée, le jeune homme est pourtant aussi obligé de dissimuler son homosexualité, en vertu de la loi «Don’t Ask, Don’t Tell» (en cours de révocation) qui obligeait les gays à cacher leur sexualité, sous peine de renvoi.
Expédié en Irak après deux ans de formation, il est choqué par ce qu’il y voit, notamment le traitement des civils irakiens, ont rapporté ses amis. Toujours soupe au lait, il se querelle avec sa hiérarchie. Sur sa page Facebook, quelques jours avant son arrestation, il écrit : «Bradley Manning est plus que frustré, des gens et de la société en général.»
Lors d’un tchat avec le célèbre hacker Adrian Lamo, Bradley Manning se serait dénoncé lui-même, racontant comment il aurait téléchargé «la plus grande fuite de l’histoire américaine» sur des CD censés contenir les tubes de Lady Gaga. Trahi par ce même Adrian Lamo, qui a alerté le FBI, le soldat Manning risque la prison à vie, voire même la peine de mort pour «transmission illégale d’informations militaires» et «aide à l’ennemi». Son procès devant une cour militaire devrait bientôt débuter par des audiences préliminaires. Une occasion, espèrent ses supporteurs, de «faire beaucoup parler de lui, dans le monde entier».
WikiLeaks est considéré comme un des déclencheurs de la révolution tunisienne pour avoir attiré l’attention sur la corruption du régime. Et la révolte tunisienne entraîna celle d’Egypte.
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