40 ans d'archéologie en Artois

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sans jamais oser le demander. Artois Comm. aurait pu baptiser ainsi l'exposition consacrée au travail des archéologues et à leurs découvertes sur la quinzaine de sites de fouilles de son territoire. Une première à destination du grand public présentée dès demain à la salle Marmottan de Bruay.

Dans les fonds de la terre, ils fouillent, sondent, inlassablement. Jour après jour. Mois après mois. Année après année. Ces hommes et femmes de l'ombre que sont les archéologues mettent en lumière les vestiges de notre passé à la force du poignet et de la patience. Sur le territoire d'Artois Comm. depuis 1971, on compte une quinzaine de sites de fouilles.

La plupart concernent les périodes gallo-romaine, moyenâgeuse et sont des fouilles d'archéologie préventive. Pour le plaisir des passionnés et des curieux, une exposition leur est consacrée, réalisée avec l'aide d'une quinzaine d'archéologues. En l'espace de quelques jours, la salle Marmottan s'est ainsi transformée en mine... d'informations. Un projet de 60 000 E porté par les services culturel et archéologie d'Artois Comm, avec l'aide notamment des données scientifiques de l'INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives), dans le cadre de Béthune 2011. L'exposition est constituée d'une trentaine de panneaux explicatifs avec un focus sur deux sites emblématiques : village de potiers à Bruay pour la période gallo-romaine, La Chartreuse des dames à Gosnay pour le Moyen-Âge. Une exposition qui est amenée à voyager « dans sa dimension panneau », précise Philippe Massardier, directeur du service culturel.

Ces sites archéologiques font partie de notre paysage sans qu'on les remarque. Prenons l'exemple de la Porte Nord, là où les plus jeunes (ou nouveaux venus) ne voient qu'un banal centre commercial, les plus de 40 ans se souviennent y avoir ramassé, en famille, d'anciennes poteries avant que les bulldozers n'arrivent en 1971... Éric Deleval, vice-président d'Artois Comm. en charge de la culture, reconnaît : « On n'a pas su assez valoriser les découvertes du site de La Porte Nord. Cette exposition est l'occasion d'un retour d'un certain nombre de pièces à Bruay. » Environ 200 objets seront visibles dès demain, dont beaucoup de poteries mais « la mascotte » à en croire Christopher Manceau, responsable du service archéologique, c'est la fibule à charnière - sorte d'épingle à nourrice en forme de poisson - découverte aux Meurets à Ruitz. La plus imposante : sans conteste, la star, qui pèse lourd - dans les 200 kg - c'est la statue de la moniale de Gosnay. Elle a beau avoir perdu la tête, elle vaut le coup d'oeil. « Il n'existe aucune autre statue de moniale chartreuse antérieure au XVIIIe s. Celle-ci date de 1330-1340 ! » s'enthousiasme Martine Valdher, de l'université d'Artois, responsable des fouilles. Cette demoiselle aura pour voisin un christ souffrant, assis, les mains liées, de la fin du XVe s.

Parmi les autres trésors, des petits par leur taille mais pas par leur importance : des rubis exposés dans des tubes à essai avec d'autres pierres qui constituaient un diadème porté par une jeune femme enterrée dans le cimetière des religieuses de Gosnay ou encore des fragments de galon à fils d'or...

Exposition du 15 octobre au 18 décembre à la salle Marmottan à Bruay. Ouverte du mardi au dimanche de 14 h à 18 h. Entrée gratuite.