Chez
Homo sapiens, l'excès de prédation est peut-être un travers qui remonte loin. Et, précisément, à la toute première colonisation d'un vaste territoire précédemment vierge de toute humanité. Selon des travaux publiés vendredi 23 mars dans la revue
Science, l'arrivée de l'homme moderne en
Australie, il y a quelque 45 000 à 50 000 ans, s'est en effet soldée par l'éradication complète - en quelques millénaires tout de même - de la méga-faune qui peuplait l'île-continent au pléistocène.
Ce sujet soulève des discussions animées : d'autres hypothèses sont bien souvent mises en avant, qui exonèrent l'homme dans la survenue brutale de ces extinctions en cascade. Un changement climatique local, par exemple, aurait pu
rendre les conditions de sécheresse favorables à de grands incendies, ayant eux-mêmes entraîné des changements à grande échelle sur la végétation. Et, en retour, sur l'ensemble des écosystèmes... S'ils sont confirmés, les travaux menés par Susan Rule (The Australian National University, à Canberra) et ses coauteurs scelleront ainsi un débat vieux de plus de quarante ans, montrant qu'avec un peu de temps devant eux des petits groupes d'hommes
armés de pierres taillées peuvent
imprimer à un vaste territoire de radicales transformations.
Les chercheurs australiens ont analysé deux grandes carottes sédimentaires prélevées dans le cratère de Lynch, dans le Nord-Est australien. Ils ont pu y détecter un certain nombre de changements intervenus au cours des derniers 130 000 ans : quantité et type de pollens, évolution de la quantité de charbons issus des feux de forêt et de broussailles... Surtout, ils ont pu
suivre les variations au cours du temps de l'abondance de petits champignons coprophiles du genre
Sporormiella.
Pourquoi eux ? Ces derniers présentent le grand intérêt d'être inféodés aux grands herbivores, dans les déjections desquels ils prospèrent quasi exclusivement. L'abondance des
Sporormiella dans les relevés sédimentaires reflète ainsi la quantité de déjections présentes dans l'environnement, donc la prospérité de leurs auteurs - c'est-à-dire une cinquantaine d'espèces de marsupiaux géants, de monotrèmes (ordre auquel appartient notamment l'ornithorynque) de belle taille, etc.
En analysant les enregistrements sédimentaires, les chercheurs ont remarqué une chute abrupte des
Sporormiella il y a 41 000 ans. Jusqu'à une quasi-disparition de ces champignons, indiquant celle des grands herbivores. Au cours de la même période, les auteurs notent une augmentation suspecte des taux de charbons dans leur enregistrement sédimentaire. Plus de charbons, donc plus d'incendies.
Or, à cette époque, l'Australie n'est pas touchée par un changement climatique naturel pouvant
expliquer une transition à des conditions plus sèches, favorables aux feux de forêt. Les résultats de Susan Rule suggèrent donc fortement que l'excès de charbons découverts dans les sédiments est le fait d'une technique de chasse des premiers
sapiens d'Australie, consistant à déclencher des incendies - sans doute pour
rabattre leurs proies.
La suite de l'histoire est logique. L'évolution des types de pollens présents dans les sédiments montre que la fin des grands herbivores a été suivie de profonds changements du couvert végétal et de la qualité des sols. Il y a 41 000 ans, la forêt humide commence son recul, en faveur de prairies sèches et de forêts d'eucalyptus, plus clairsemées : les incendies sont en effet moins efficaces que les grands herbivores pour
entretenir la fertilité des sols. C'est le début d'un processus dont l'issue se constate aujourd'hui dans l'âpreté de certains paysages australiens.
Les résultats de ces nouveaux travaux participeront de toute évidence à
faire avancer le débat, plus général, sur les causes de la disparition de la quasi-totalité de la méga-faune du pléistocène. En Amérique et en Eurasie notamment, de grands animaux comme le mammouth laineux, le rhinocéros, le paresseux géant ont disparu il y a un peu plus de 10 000 ans, sans que les raisons de ces extinctions soient clairement élucidées.
Le réchauffement lié à la fin de la dernière ère glaciaire n'y est sans doute pas étranger, mais les tenants d'une explication humaine sortent renforcés par ces nouveaux résultats. Ces derniers, estime
Matt McGlone (Landcare Research, Lincoln,
Nouvelle-Zélande), dans un commentaire publié par
Science,
"montrent clairement que la chasse seule, à une échelle continentale, à une période de faibles changements climatiques et de variations ténues de la végétation, a été suffisante pour éliminer les méga-herbivores".
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