Les plus anciens embryons fossiles de reptiles ont été trouvés en Uruguay et au Brésil. Il s'agit de fossiles de mésosaures, âgés de 280 millions d’années. Leur étude tend à conclure que ces reptiles aquatiques pourraient avoir été vivipares, mais certains doutes subsistent. Si cela se confirme, l’apparition de ce mode de reproduction pourrait être repoussée de 60 millions d’années.
Les plus anciens amniotes fossiles adultes connus à ce jour datent d'environ 315 millions d'années, mais les paléontologues disposent de très peu de collections d'œufs et d'embryons fossiles. Grâce à la découverte d'embryons fossiles de mésosaures, reptiles aquatiques anciens, datant d'environ 280 millions d'années, une équipe internationale impliquant Michel Laurin, du Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements (CR2P, CNRS/Muséum national d'histoire naturelle/UPMC), livre de nouvelles informations sur le mode de reproduction de ces animaux. Ces résultats sont publiés dans la revue Historical Biology.
Au Brésil, l'équipe de paléontologues a mis au jour un spécimen fossile en gestation. Il révèle que les mésosaures peuplant ce territoire retenaient les embryons dans l'utérus pendant la plus grande partie du développement embryonnaire. Ces reptiles étaient donc probablement vivipares (rappelons que pour la méthode de classification actuelle, phylogénétique, le mot reptile ne désigne pas un groupe monophylétique ; en d'autres termes, tous les reptiles actuels ne descendent pas d'un ancêtre unique).
En Uruguay, les mêmes chercheurs ont exhumé 26 spécimens de mésosaures adultes, tous associés à des embryons ou à de très jeunes individus, et datant de la même époque que le fossile brésilien. Ces spécimens, plus ou moins désarticulés, sont difficiles à interpréter mais il s'agit probablement, pour la plupart, d'embryons dans l'utérus, étayant la thèse de la viviparité chez les mésosaures. Les plus grands d'entre eux représenteraient de jeunes animaux dont s'occupait au moins un des deux parents, laissant supposer l'existence de soins parentaux.
Cependant, un œuf isolé de mésosaure a également été mis au jour sur ce site uruguayen et nuance la thèse de la viviparité (qui, en principe, exclut la ponte d'œuf). Elle suggère que les mésosaures d'Uruguay pondaient des œufs à un stade avancé de développement qui devaient éclore peu après (quelques minutes à quelques jours plus tard).
Ces recherches révèlent donc les plus anciens fossiles d'embryons amniotiques au Paléozoïque (-543 à -250 millions d'années) et les premiers exemples connus de rétention d'embryons (et peut-être de viviparité), repoussant de 60 millions d'années ce mode de reproduction.
Les particularités reproductrices des mésosaures observées dans cette étude reflètent-elles leur mode de vie aquatique (la viviparité étant fréquente chez les reptiles aquatiques) ou plutôt une condition assez répandue chez les premiers reptiles ?
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