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Les premières villes du monde

Macha
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Message par Macha Dim 20 Mai - 9:23

Les premières villes du monde
Par Pascal BUTTERLIN,
Professeur à l'Université Paris I (Histoire, civilisation, archéologie et art des mondes anciens et médiévaux. A partir de 2005, il a dirigé la mission archéologique française de Mari en Syrie. Il a notamment publié : Les Temps proto-urbains de Mésopotamie. Contacts et acculturation à l’époque d’Uruk au Moyen-Orient, (en collaboration avec Jean-Claude Margueron) en 2003 ou encore Les Espaces syro-mésopotamiens. Dimensions de l’expérience humaine au Proche-Orient ancien en 2006.


La spectaculaire révolution urbaine de Mésopotamie, commencée 4 000 ans avant notre ère, ne fut pas seulement le résultat d'une soudaine prospérité agricole, mais le lieu du développement des échanges dans une société à l'économie déjà très diversifiée et spécialisée.

L'urbanisation de la Mésopotamie au IVe millénaire avant notre ère est à juste titre considérée comme l'une des grandes étapes de l'histoire de l'humanité. Dans le sud de l'Irak, des communautés villageoises particulièrement dynamiques ont bâti en quelques centaines d'années une civilisation urbaine, inventant non seulement un nouveau mode de vie, mais aussi une nouvelle manière de voir le monde et de l'aménager. Cette « révolution urbaine », comme l'appela dans les années 30 Gordon Childe, est étroitement associée dans la littérature archéologique au site de Warka, l'antique Uruk qui a donné son nom à la fois à une période et à une culture, la culture d'Uruk (de - 4300 à - 3100).

La ville sumérienne était au coeur d'un vaste réseau de relations et d'échanges dont le développement est étroitement lié aux mutations que connaît alors l'ensemble du monde mésopotamien : la recherche sur la naissance des villes, longtemps confinée à l'étude de quelques grands sites, situés surtout en Irak, mesure mieux aujourd'hui l'ampleur des relations développées par les Sumériens avec leurs voisins dès la fin des temps dits « préhistoriques ». Au IVe millénaire, ils fondèrent des colonies en Syrie et exercèrent une influence culturelle majeure de la vallée du Nil au plateau iranien, à tel point que l'on a pu parler de « système-monde urukéen » ; au IIIe millénaire, vers - 2550, la Syrie connut elle aussi une urbanisation que l'on appelle parfois « deuxième révolution urbaine », pour souligner qu'elle fut plus tardive et influencée par les Etats sumériens situés plus à l'est.

Uruk, patrie de Gilgamesh

Le développement de ces réseaux de relations caractérise au mieux la naissance de villes qu'il n'est plus question aujourd'hui de définir uniquement par la présence de bâtiments monumentaux, de remparts ou d'une importante concentration de population. Assurément Uruk, la patrie du roi Gilgamesh qui vécut vers - 2600, est 500 ans avant ce roi un centre important qui s'étend sur environ 250 hectares, soit la taille d'Athènes à l'époque de Périclès. Elle présente un centre monumental qui comprend deux zones : au sud d'une antique tour à étages se situent les bâtiments archaïques du quartier de l'Eanna, et à l'ouest un autre ensemble monumental, celui de la ziggourat (construction mésopotamienne à caractère sacré, telle que la tour de Babel) du dieu sumérien Anu.

Il s'agit là de quartiers officiels, dotés de lieux de réception, sur le sol desquels on a découvert des centaines de tablettes qui consignaient les opérations administratives qui se déroulaient dans ce secteur. Ce qui fait d'Uruk une ville n'est pas sa taille mais la présence d'une hiérarchie du bâti et surtout la concentration dans un lieu spécifique, voué aux activités politiques ou religieuses, de spécialistes de l'écriture, des scribes. 5 400 textes ont été recueillis dans ces quartiers, s'agissant pour la plupart de textes comptables écrits en caractères dits « protocunéiformes », qui sont au nombre de 1 900 environ.

La hiérarchisation de l'espace bâti a été étudiée au mieux sur un autre site urukéen, fouillé par une mission allemande dans les années 70 : Habuba Kabira. Le site a livré le plus ancien plan de ville connu au monde. La ville a vu se succéder plusieurs phases d'occupation. Au cours de la deuxième phase, elle passe d'une superficie de 6 à 10 hectares et se voit dotée d'un rempart rectiligne de plusieurs centaines de mètres, décoré sur toute sa longueur de niches. Le mur large de 3,30 mètres est renforcé tous les 13,50 mètres de tours en saillie de 2 mètres environ. C'est une véritable opération d'urbanisme dessinée selon un projet préconçu.

A Habuba, les maisons sont serrées les unes contre les autres, et le bâti est irrigué par un réseau de rues hiérarchisées. Le plan lui-même n'est pas orthogonal mais on a reconnu un grand axe nord-sud qui paraît s'incurver au nord, et des axes est-ouest qui lient cet axe aux portes de la ville. Sur ces axes se branchent de petites ruelles, ou des impasses. Les rues principales présentaient une surface de graviers.

De nombreuses maisons privées sont construites selon un plan tripartite (un espace central bordé par des salles étroites) et les plus grandes d'entre elles sont dotées d'une cour bordée sur deux côtés de vastes salles. On a découvert sur le sol de ces maisons un abondant matériel céramique et surtout des petites sphères d'argile couvertes d'empreintes de sceaux et des tablettes. La culture matérielle des habitants de Habuba Kabira était semblable à celle des gens d'Uruk et l'agglomération était dominée par un quartier officiel où on a repéré deux grands édifices tripartites et un hall de réception très semblables aux édifices d'Uruk. C'était le centre politique de cette ville, résultat d'une véritable opération d'urbanisme. L'influence culturelle urukéenne s'étendit jusqu'en Turquie orientale, où se développèrent d'importants centres proto-urbains, comme Arslan Tepe.

La ville sumérienne est au coeur d'un réseau de relations : c'est un centre économique lié à un arrière-pays avec lequel il entretient des relations multiples. Habuba Kabira était le plus grand établissement d'une série d'installations urukéennes dans la moyenne vallée de l'Euphrate. Ces établissements, à l'écart du cours majeur du fleuve pour les protéger des crues, permettaient de contrôler et d'exploiter la vallée : on y cultivait surtout les terres basses, et celles du plateau quand les pluies le permettaient. Les établissements contrôlaient aussi la circulation des biens et des hommes le long du fleuve.

Les villes, centres économiques régionaux

Uruk était le centre très actif d'un important réseau de villages et de petits bourgs situés le long des chenaux de l'Euphrate. Le développement d'un aussi grand centre reposait sur les ressources agricoles des villages situés en amont de la ville. Les grains y arrivaient par voie fluviale. Le dense réseau des chenaux de l'Euphrate et du Tigre, qui formait au IVe millénaire un ensemble unique, était la ligne de vie du pays de Sumer : ce que les textes appellent le « pays vivant » est la terre nourrie par les eaux de l'irrigation, dont les canaux dessinaient des arborescences encore bien visibles aujourd'hui dans des zones devenues depuis désertiques. Ces chenaux permettaient l'irrigation, mais aussi le transport des grains, accumulés dans les greniers des centres urbains. Là, les grandes maisonnées sumériennes redistribuaient sous forme de rations ces céréales à des artisans et aux personnels spécialisés d'unités de productions variées.

La révolution urbaine repose en effet sur l'avènement de spécialistes et de figures sociales différenciées. Le développement de l'artisanat était le résultat d'un long processus entamé dès le VIe millénaire avant notre ère, en Mésopotamie. Les céramiques préhistoriques souvent décorées de motifs complexes étaient faites à la main dans un cadre domestique, peut-être féminin. On observe à partir de - 4500 d'importantes mutations : le développement de formes standardisées, une simplification des décors peints, puis leur disparition, la manufacture de vases au tour. Toute la chaîne opératoire de production des céramiques paraît s'adapter à des besoins nouveaux : la distribution de rations alimentaires nécessita la fabrication en série de bols puis d'écuelles grossièrement moulées, qui représentent jusqu'à 60 % du total des céramiques découvertes sur certains sites. Ces céramiques moulées ou tournées étaient cuites dans des centres artisanaux où se concentraient des ateliers de tournage et des fours.

Les différentes formes céramiques qui se diversifient, ainsi que des listes de céramiques consignées sur des tablettes montrent le développement de toute une série de filières économiques nouvelles : l'exploitation et la transformation de produits laitiers, la production de bière et de vin, qui sont autant de marques d'une révolution agroalimentaire aussi importante par son ampleur que la révolution néolithique. Cette révolution agricole, en effet, concerne les produits issus des cultures irriguées mais aussi de l'élevage : les milliers d'empreintes de sceaux retrouvées en Mésopotamie montrent à partir du début du IVe millénaire des scènes artisanales, notamment des scènes de productions textiles. Jusque-là essentiellement issue de l'exploitation du lin, la production s'oriente vers la transformation de la laine fournie par de grands troupeaux qui pâturent dans les marécages du pays de Sumer, voire dans les steppes de Haute-Mésopotamie. A la fin du IIIe millénaire, on estime que le pays de Sumer avait un cheptel de 535 000 moutons, que des villes comme Girsu ou Ur employaient respectivement 15 000 et 13 000 femmes dans la production textile.

On comprend donc pourquoi on a depuis longtemps lié la révolution urbaine à une croissance démographique que la rente agraire du pays de Sumer rendait possible. Mais est-ce là l'unique cause de la naissance des villes ?

Des centres politiques et culturels dynamiques

De multiples facteurs ont été invoqués pour expliquer ce phénomène en Mésopotamie : le développement de l'agriculture irriguée, en particulier. Celle-ci aurait nécessité une coordination accrue des populations, encadrées par des institutions de plus en plus coercitives : c'est la thèse du despotisme oriental. Le développement du réseau d'irrigation sumérien ne nécessita pas en fait au départ de gigantesques travaux d'aménagement, car les multiples chenaux existant aux IVe et IIIe millénaires permettaient de mettre en oeuvre une irrigation relativement simple. Celle-ci se raffine assurément par la suite jusqu'à ce que l'intégralité du système fluvial soit contrôlée par l'Etat, à la fin du IIIe millénaire. Mais c'est un développement tardif.

Au moment de l'émergence des premières villes, les conditions environnementales jouent un rôle décisif, mais discuté, dans leur développement : installées sur des bras du cours combiné du Tigre et de l'Euphrate, les cités sumériennes exploitent au prix d'un effort humain limité les ressources exceptionnellement riches d'une niche écologique, un immense delta, qui offre d'abondantes ressources piscicoles, des roseaux et l'eau de l'irrigation. A cette époque, la côte du golfe Persique se trouvait à 200 kilomètres à l'intérieur des terres, et les villes sumériennes de l'extrême Sud-Est étaient situés sur des lagunes. On pense de surcroît que les pluies des moussons affectaient jusque vers - 3500 le pays de Sumer. En revanche, à partir de cette époque, les conditions climatiques actuelles - l'aridité extrême - se mettent en place, et il n'est pas exclu que ces modifications climatiques aient nécessité un encadrement accru des populations. Cette dessiccation aurait aussi dégagé d'immenses espaces qui auraient alors été mis en culture par irrigation.

Quelle que soit la part jouée dans ce processus par l'arrivée de nouvelles populations, la naissance des villes et l'essor démographique furent liés à l'existence d'organisations collectives qui avaient mûri dans le sud de l'Irak depuis plusieurs centaines d'années, à partir de - 4300. L'organisation sociale de ces communautés villageoises était adaptée aux exigences de l'agriculture irriguée. De puissants lignages dont on a retrouvé les maisons se structurèrent au Ve millénaire en chefferies. On discute toujours de la part jouée par la religion dans cet encadrement. L'apparition de bâtiments monumentaux a été diversement interprétée : s'agit-il de temples, de lieux de réunion, voire de l'habitat de familles de chefs ? Celles-ci ont-elles conforté leur pouvoir en s'appuyant sur une religion institutionnalisée ? Cette partie de l'Irak fut en tout cas une véritable « cage sociale » : l'espace habitable y était restreint, on l'a vu, et l'essor démographique, lié aux rendements agricoles, suscita de considérables problèmes. Cet essor n'alimenta que très ponctuellement, comme en Grèce, un mouvement colonial. Les problèmes sociaux issus de la densité humaine furent résolus d'abord par le développement des villes : vers - 3000, sur un territoire grand comme la Suisse, existent le long de trois grands chenaux de l'Euphrate et du Tigre une série d'Etats (une quinzaine) qui exploitent chacun une partie du réseau. Ces Etats ne sont pas des cités-Etats, comme on continue à l'écrire abusivement, mais des micro-Etats qui comportent plusieurs centres urbains aux fonctions diverses. Un Etat sumérien comme Lagash s'étend, vers - 2550, le long de plusieurs chenaux du Tigre, sur une longueur de 65 kilomètres, exploite environ 2 000 kilomètres carrés de terres irriguées (pour une superficie en comptant environ 3 000), présente 25 bourgs, 40 villages et 3 villes importantes : une capitale politique, Lagash, une capitale religieuse, Girsu, et un port situé sur les lagunes du cours inférieur du Tigre. Il avait au nord-est une frontière longue de 45 kilomètres avec son voisin le plus proche, avec lequel il fut en conflit constant pour le contrôle des terres irrigables.

Sumer : une vision ethnocentrique du monde

En dépit de leurs conflits, ces Etats étaient liés entre eux par un sens profond de leur unité culturelle, matérialisée par l'usage d'une écriture, l'écriture cunéiforme, et par une langue, le sumérien : il existait vers - 3000 un sceau sur lequel étaient gravés les symboles des principales villes, expression d'une ligue qui contrôlait la circulation de certains produits. Par-delà l'appartenance à une communauté politique, les Sumériens conçurent une vision ethnocentrique du monde, nourrie par un sens marqué de leur propre identité et par l'idée que le reste du monde était destiné par les dieux à ravitailler leurs cités. Celles-ci en effet échangeaient les produits issus du système économique que nous avons évoqué, notamment les textiles, contre des matières premières qui faisaient défaut dans le Sud irakien, notamment le bois, les pierres précieuses et les métaux.

Une autre ville, Ur, était sur le golfe Persique à la tête d'un réseau qui s'étendait jusqu'à l'Indus et redistribuait des produits dans le vaste Hinterland que constituait la Basse-Mésopotamie. Les élites sumériennes fondaient symboliquement leur pouvoir dans la détention de ces objets de luxe, retrouvés dans les tombes royales d'Ur. Les villes sumériennes naissent des échanges maritimes et fluviaux. Si Ur était la porte maritime du pays de Sumer, Mari était l'une de ses portes fluviales : vers - 2900, une ville nouvelle circulaire (250 hectares) fut bâtie dans la vallée de l'Euphrate pour contrôler le trafic fluvial et l'importation du cuivre anatolien en Mésopotamie : la ville devint aussi un centre de transformation et de réexportation du cuivre comme le montrent les fouilles en cours dans un quartier artisanal de la ville sous la direction de Jean Margueron. Mari fut le centre d'un Etat qui s'étirait sur 150 kilomètres le long de l'Euphrate. Elle fut aussi un relais majeur des transferts culturels qui ont lieu alors en Mésopotamie. La découverte en 2002, dans ce quartier artisanal, de la plus ancienne roue trouvée pour l'heure montre la diversité des productions réalisées là, mais aussi le transfert d'une technologie née peut-être au pays de Sumer vers les steppes de Haute-Mésopotamie. Celles-ci connaissent, peu après - 2500, leur propre révolution urbaine : ces villes de « deuxième génération » ne sont plus liées à la voie fluviale mais aux échanges terrestres rendus possibles par l'usage de chariots à deux ou quatre roues.

Ces villes sont aujourd'hui mieux connues. Outre Mari, deux centres ont fait l'objet de recherches poussées : Ebla d'abord, en Syrie occidentale et le site de Tell Beydar, dans le nord-est de la Syrie. Centres d'échanges et de direction, ces cités situées dans les steppes de Syrie reposent sur une autre base économique : le pastoralisme semi-nomade. Elles ne dépassèrent jamais les 100 hectares de superficie, alors qu'Uruk, au début du IIIe millénaire, en atteignait 550. Ce sont là les tailles critiques des révolutions urbaines de Mésopotamie. La première, vers - 3500, est le résultat de mutations sociales et écologiques complexes liées à l'évolution et à l'aménagement de la plaine des deux fleuves. La deuxième, vers - 2550, est le résultat du développement de sociétés agropastorales adaptées aux steppes de Syrie et liées étroitement aux villes du sud de la Mésopotamie. C'est donc une révolution « secondaire ». Comme dans d'autres lieux du monde ayant connu une urbanisation primaire, par exemple la vallée d'Oaxaca et le pays maya en Amérique, le sud de la Mésopotamie devint entre - 4300 et - 2000 un archipel de villes, fondées sur un équilibre socioécologique très fragile. La surexploitation des terres du sud de l'Irak, la séparation des cours combinés du Tigre et de l'Euphrate, l'avancée inexorable du delta des fleuves ruinèrent progressivement les villes sumériennes au profit de centres mieux situés, comme Babylone ou Asshur.

Les premières villes du monde 00005141_Z

Source : http://www.scienceshumaines.com/les-premieres-villes-du-monde_fr_4247.html#

Découvertes au cœur de la cité de Mari, métropole mésopotamienne le long de l’Euphrate (Syrie)
Publié le mercredi 28 mars 2012 · Mis à jour le mardi 24 avril 2012
Avec Pascal Butterlin, professeur à l’Université de Paris I
Pour écouter l'émission de radio sur Culture http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Ressources-multimedias/Emissions-de-radio/Le-Salon-noir/Radio-Le-salon-noir/p-14505-Decouvertes-au-c-ur-de-la-cite-de-Mari-metropole-mesopotamienne-le-long-de-l-Euphrate-Syrie-.htm
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