Ce qui stupéfia le plus les chercheurs ce sont les caractéristiques exceptionnelles de l'image du linceul. Outre les précisions anatomiques incroyables que révélèrent la photo de Secondo Pia en 1898, une série d'étonnantes découvertes ont fait de ce linceul un objet unique et mystérieux.
Voici les caractéristiques les plus importantes du linceul de Turin :
1 - Un négatif :La première d'entre elles vient de la surprise qu'eut Secondo PIA en développant ses photos. En découvrant l'extraordinaire précision anatomique du linceul sur ses négatifs photographiques on se rend compte qu’en fait l'image vue sur le négatif photographique est beaucoup plus précise et réaliste que l'image du linceul telle qu'on peut la voir à Turin.
En fait, tout se passe “comme si” le négatif photographique était en réalité un “positif” et que l'image jaune sépia que l’on voit sur le linceul à Turin était un “négatif”.
2 - l'image est isotrope :Lorsqu'on peint un tableau par exemple, le mouvement naturel de la main entraîne des directions préférentielles dans la peinture qui sont décelables avec les outils modernes. Mais rien de tel n’est observé sur le linceul. Aucune main n'a pu peindre cette image directement.
3 - La haute résolution :Le négatif photographique de l'image montre une incroyable précision dans les détails alors que la vue directe du linceul est moins précise.. La résolution (c'est-à-dire la distance minimale entre deux points du sujet « reproduit » décelables comme séparés sur la « reproduction ») a été calculée et est d’environ 5 millimètres. Autrement dit, 2 points séparés de 5 mm sur le corps enveloppé dans le linceul sont vus comme 2 points séparés sur celui-ci. Cette haute résolution implique d’énormes contraintes dans le processus de fabrication de l’image. A ce jour, tous les procédés de reproduction de l'image du Linceul par chauffage, radiation, diffusion semblent incapables d’expliquer une telle résolution et ceux qui pourraient expliquer celle-ci (peinture, bas- relief etc.) ont été écartés comme on l’a vu.
4 - L'absence de saturation :L'absence de saturation dans l'image se définit par le fait qu'aucun point de l'image n'est soit sur exposé ce qui entraînerait un flou de l'image, soit sous-exposé ce qui donnerait une image pratiquement invisible. Ce qui suppose que le phénomène qui a formé l'image ne doit être ni trop intense et/ou prolongé, ni de trop faible intensité.
De plus aucune partie de l'image et du corps ne se trouve dans ce cas, or, comme il s'agit d'un corps dans un linceul et donc allongé on devrait retrouver une saturation au niveau du dos et des fesses mais ici il n'en n'est rien : le poids du corps semble n’avoir aucune influence sur l’image.
5 - Non distorsion :Une des plus importantes et mystérieuse propriété de l'image du linceul est l'absence de distorsion. Lorsque l'on regarde le négatif photographique de l'image du linceul, on a l'impression d'avoir en face de nous un corps réel.
Presqu’ aucune partie de son corps n'est disproportionnée ou distordue. En fait tout se passe comme si(1) le corps s'était projeté orthogonalement sur le linceul alors que celui-ci était à plat. En fait les choses sont bien plus complexes mais ce qui est sûr c’est que l'image ne peut s'être formée uniquement par simple contact direct avec une statue par exemple car, en tendant le linge, il y aurait disproportion de l'image. Au niveau du visage par exemple, celui-ci apparaîtrait grossièrement déformé comme de multiples expériences l’ont démontrées, même lorsque tout est fait pour diminuer au maximum cet effet, comme dans l’utilisation d’un bas-relief(2). Or ce n'est pas le cas sur le linceul même si certaines parties du corps ont été à l’évidence en contact direct avec le linceul, comme le nez, le front ou les mains par exemple.
6 – Superficialité :Il s'agit ici de la superficialité au niveau des fils et non au niveau des fibres. En écartant légèrement les fibres colorées de la surface des fils de l’image, les chercheurs s'aperçurent que la coloration ne concernait que les 2 ou 3 fibres les plus superficielles du fil concerné. Même dans les zones les plus foncées (le nez), la couleur ne s’enfonce pas dans l’épaisseur du fil. De même, lorsqu'un fil coloré passe au dessous d'un autre fil, la coloration disparaît.
7 - Absence de contour :L'observation très rapprochée du linceul, montre que celui-ci n'a pas de contour net et que l'image s'estompe progressivement ce qui ne s'est jamais vu dans une peinture ou une photographie et ajoute une contrainte supplémentaire à la réalisation de l'image.
8 – Discontinuité :Lorsque l'on regarde des très prés l'image on constate que la coloration semble concerner des faisceaux de plusieurs fibres colorées adjacentes, à la surface d’un même fil, à des fibres non colorées. La couleur s’étend en longueur sur les fibres donnant un aspect strié. Le nombre de faisceaux de fibres colorées varie d’un fil à l’autre de l’image : certains fils portent très peu de fibres colorées, d’autres fils en portent beaucoup.
L’image n’utilise qu’une couleur : elle est monochrome. Pour faire simple on dira jaune paille au niveau microscopique.
L’intensité plus ou moins importante de la coloration provient du nombre plus ou moins important de fibres colorées par unité de surface. En résumé, pour donner le contraste il faut un grand nombre de fibres colorées et moins ce nombre est important moins l’image est visible et ce jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’image.
Cette propriété est une des plus étranges et des plus difficiles à expliquer et à reproduire. En particulier, elle est parfaitement incompatible avec ce que l’on observerait avec une peinture au sens classique. Elle laisse supposer que des phénomènes physico-chimiques complexes faisant intervenir des différences entre les fibres du support sont en jeu.
9 - La tridimensionnalité(3)C'est l'une des propriétés les plus extraordinaires du linceul de Turin. Elle a été découverte, tout au moins dans toute son ampleur, en 1976 lorsque deux scientifiques de la NASA, Jumper et Jackson utilisèrent un logiciel de la NASA, le VP8, qui permet de représenter en 3 dimensions un objet en fonction de l'intensité lumineuse de chaque point de cet objet. Avec ce logiciel, plus une zone de l'image analysée est claire, plus elle apparaîtra en relief, « haute » sur l'écran et réciproquement.
Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que dans la réalité il n'y a pas nécessairement corrélation entre hauteur topographique (relief réel) et quantité de lumière renvoyée: une zone réfléchissant beaucoup la lumière au fond d'un ravin (un lac par exemple) apparaîtra en relief (en hauteur) avec le VP8 ce qui ne correspondra pas à la réalité.
Autrement dit, le VP8 ne restituera le véritable relief en 3D d’un objet que si, et seulement si, l’intensité lumineuse de l’image 2D en chaque point est fonction de la topographie réelle de l’objet photographié.
Si on analyse, comme cela a été fait de nombreuses fois des peintures ou même des photographies à l'aide du VP8, on obtient immanquablement une image plus ou moins déformée. Pourquoi ?
Pour donner un effet de relief à son tableau, un peintre jouera sur les ombres et les lumières c'est à dire imaginera (ou reproduira ce qu'il voit s'il travaille avec un modèle) une source de lumière externe. Les parties en relief d'un visage par exemple seront représentées comme plus claires que les creux et il y aura une ombre portée. Ceci donne une illusion de réalisme mais une illusion seulement. Si cette peinture est ensuite analysée au VP8, l'ombre portée du nez par exemple sera traduite par un creux.
Autrement dit, la toile (en 2 dimensions) du peintre ne porte pas l'information tridimensionnelle réelle de son modèle. Il en est de même pour une photographie et pour tout objet tridimensionnel reproduit sur un plan (photo, dessin, peinture etc.).
Fondamentalement, ceci traduit le fait que tout objet du monde réel n'est vu que parce qu'il est éclairé par une source lumineuse extérieure.
10 - Double superficialité(4) :Depuis 2002 et sa restauration, le linceul a dévoilé une caractéristique encore inconnue et tout à fait surprenante, épaississant un peu plus le mystère de la formation de l'image.
Nous avons vu qu’à la suite de l'incendie de 1532 qui ravagea la chapelle où était conservé le linceul, les Clarisses de Chambéry cousirent en 1534 une toile dit de Hollande sur la face du linceul ne comportant pas l'image visible, afin de le protéger et de le renforcer suite aux dégâts de cet incendie. Aussi bien dans le compte rendu de l’époque, que depuis, personne ne constata d’image présente sur cette face du linge, mais seulement quelques traces de sang qui avaient traversées le linge à certains endroits comme les coulées sanguines du visage.
Il a fallu attendre 468 ans pour que, lors de sa restauration en 2002, cette toile de Hollande soit retirée et que l'on puisse voir entièrement l'envers du linceul. A l'oeil nu, on confirma l'absence d'image sur l'envers. Une équipe Italienne se chargea de prendre des photos en haute résolution de cette face devenue entièrement accessible.
M. Ghiberti pris les photos en 2002 et une équipe Italienne de spécialistes du traitement numérique de l'image, Mrs Fanti et Maggiolo analysèrent ces photos et firent une découverte surprenante publiée en 2004 (4), dans la revue scientifique "Journal of Optics" .
Ils découvrirent sur cette face une image très superficielle du visage de l'homme du linceul.
Cette image visible seulement par analyse au scanner et après applications de différents filtres montre une sorte de fantôme du visage où ne seraient visibles que les cheveux, le nez et la barbe.
Il est juste de signaler que cette découverte est contestée par certains experts de Turin mais le sérieux de l'analyse laisse peu de place au doute.
Les analyses physico-chimiques de l'image ainsi que les propriétés optique et géométrique sont étudiées dans le livre sur le linceul de Turin ainsi que sur le site
www.suaire-science.com de manière très détaillée. Vous pouvez y accéder à cette page : propriétés optique et géométrique de l'image et celle-ci : propriétés physico-chimiques
Références :1- « Tout se passe comme si » ne signifie pas que c’est réellement ce qui se passe ou ce qui s’est passé. D’autres hypothèses peuvent aussi être envisagées.
2- Par exemple, le magazine Science et Vie a prétendu pouvoir reproduire un vrai « faux suaire » en utilisant un bas-relief, suivant une technique légèrement modifiée utilisée depuis longtemps déjà par d’autres auteurs (Joe Nickel). L’effet de déformation est clairement visible dans cette expérience, même lorsque tout est fait pour l’éviter.
Cf. Science et Vie n°1054, Juillet 2005 et la critique de cet article dans :
http://www.suaire-science.com/documents/rep_scienceetvie.pdf3-
http://www.shroud.com/78strp10.htm4- "The double superficiality of the frontal image of the Turin Shroud" - Giulio Fanti and Roberto Maggiolo - Journal of optics A : Pure and applied Optics. 6 (2004) 491-503.
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