Escroquerie au Vatican: Le suaire de Turin censé avoir enveloppé le corps du Christ date du Moyen-Age
C'est la conclusion de 2 études, dont l'une révélée par Sciences et Avenir en 2011. Le linceul, censé avoir enveloppé le corps de Jésus, est présenté au public à partir du 19 avril à Turin.
Des millions de pèlerins sont attendus défiler devant le suaire de Turin (Italie), du 19 avril au 24 juin 2015, pour la troisième ostension publique (présentation aux fidèles) du millénaire. Les autorités de la ville, persuadées que l’affluence pourrait dépasser celle de 2010, qui avait déjà atteint 2 millions de visiteurs, ont rendu l’inscription en ligne obligatoire. Le drap mythique de 4 m de long, un temps réputé avoir enveloppé le corps de Jésus de Nazareth, continue donc à drainer les foules. Pourtant, deux études ont, à 22 ans de distance, confirmé que le linge datait du Moyen-Age et qu’il était donc très largement postérieur à Jésus-Christ.
L’apparition publique du linceul date elle aussi du Moyen-Age
Le tissu a été montré pour la première fois vers 1357 dans la collégiale de Lirey, dans l’Aube. L’ostension de 2015 est la troisième présentation publique du millénaire après celles de 2000 et 2010. Les précédentes avaient eu lieu en 1998 et 1978, après de longues décennies d'éclipse. Le suaire n’était en effet plus visible depuis 1933. Le linge fait également l’objet d’ostensions télévisées, la première a eu lieu en 1983, la plus récente en 2013.
La première étude, datée de 1988, a été réalisée à la demande de l’Eglise qui choisit soigneusement les trois laboratoires impliqués. Des analyses par spectrométrie de masse ont conclu alors que la date de fabrication du tissu est comprise entre 1260 entre 1390. Bien que l'Eglise valide elle-même ces résultats, les partisans de l’authenticité refusent de désarmer. Les sindonologues - qui se consacrent à l’étude du suaire - contestent violemment cette datation, alimentant une multitude d’articles plus ou moins fantaisistes et obtenant une seule parution dans une revue de chimie réputée sérieuse, dotée d'un comité de lecture. Un chercheur américain y assure que l’échantillon prélevé en 1988 pour la datation n’est pas pertinent : il s’agirait d’une partie ravaudée au 16e siècle par les sœurs clarisses. La publication connait un important retentissement, le web s'enflamme...
Un climat passionnel
Acteur historique de la datation de 1988, Robert Hedges, du laboratoire d’Oxford, convient que le climat autour de celle-ci est devenu passionnel. "Quand bien même le l’échantillon aurait été daté du Iersiècle après JC, cela n’aurait rien prouvé du tout. Mais les croyants auraient clamé que le suaire était celui de Jésus, tandis que les athées nous seraient tombés dessus, en plus grand nombre peut-être".
Il faut attendre 2011 pour qu'une seconde étude vienne confirmer cette datation médiévale. Le physicien britannique Thimothy Jull, qui avait participé aux travaux de 1988, confie alors en exclusivité à Sciences et Avenir qu’il a conservé un petit échantillon du suaire destiné à cette première analyse… Dans la revue Radiocarbon - dont il est aussi l'éditeur - il montre alors, photos microscopiques à l’appui, "que les analyses ont bien porté sur le tissu originel du suaire et que rien n’a pollué la datation". Bref, l'âge du suaire oscillerait bien entre le 13e et le 14e siècle ap. J.C. Rappelons que les datations au carbone 14 sont d'un usage très courant, effectuées en routine par des laboratoires du monde entier sans qu'aucune contestation ne s'élève d'ordinaire. Alors, fin de la controverse ? Pas si vite !
Thimothy Jull, conscient qu'il s'est lancé un peu isolément dans une nouvelle expertise et qu'il a gardé un morceau du suaire sans avoir obtenu d'accord particulier, se dit prêt à participer à de nouvelles datations du linceul. Il suffirait pour cela, explique t-il, que l’Eglise donne son accord pour de nouveaux prélèvements "effectués dans une zone lointaine de la précédente", prévient-il. Chiche ! Mais depuis 2011, l'Eglise n'a pas réagi. Comme l’expliquait alors Jacques Evin, ancien directeur du Centre de datation par le radiocarbone de l'université de Lyon à Sciences et Avenir: "La polémique ne sera jamais close car tant que l'on ne connaîtra pas le moyen par lequel l'image s'est imprégnée, toutes les spéculations sont possibles." Pour ce chercheur, qui avait participé entre 1981 et 1988 à l’élaboration du protocole de la datation du linceul au carbone 14, "l'Eglise ne peut pas organiser une autre étude pour deux raisons : d'abord elle se déjugerait par rapport à la première expertise qu'elle a voulu et encadrée, ensuite elle se déjugerait par rapport à ses déclarations officielles". Pour elle, le linceul est une icône évocatrice et non une relique.
La position de l’Eglise
"Aucun nouveau prélèvement de matériel, à des fins de recherche, n’a été réalisé sur le Saint Suaire après le 21 avril 1988, et ni la Propriété, ni le Custode du Suaire ne savent si de tierces personnes sont en possession du matériel résiduel de ce prélèvement. Tout ce qui a été prélevé durant l’intervention de restauration de 2002 a été immédiatement inventorié et placé sous scellé, à la totale et exclusive disposition et discrétion du Saint-Siège" peut-on lire notamment sur le "site officiel du Saint Suaire", qui consacre aussi quelques pages à la recherche scientifique. Longtemps muette sur la question, apparemment respectueuse de la datation au C14, l’Eglise relaie désormais la critique et n’hésite plus à mettre en avant ses doutes. Il faut dire que la dernière présentation aux fidèles a attiré 2 millions de visiteurs à Turin en 2010! Une manne qui s’ajoute à celle des livres, films, conférences, voire des diplômes en sindonologie ou "étude scientifique du suaire". Pour une fois que le doute profite à la foi !
Source - http://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/20150415.OBS7314/2-etudes-montrent-que-le-suaire-de-turin-date-en-fait-du-moyen-age.html
C'est la conclusion de 2 études, dont l'une révélée par Sciences et Avenir en 2011. Le linceul, censé avoir enveloppé le corps de Jésus, est présenté au public à partir du 19 avril à Turin.
Des millions de pèlerins sont attendus défiler devant le suaire de Turin (Italie), du 19 avril au 24 juin 2015, pour la troisième ostension publique (présentation aux fidèles) du millénaire. Les autorités de la ville, persuadées que l’affluence pourrait dépasser celle de 2010, qui avait déjà atteint 2 millions de visiteurs, ont rendu l’inscription en ligne obligatoire. Le drap mythique de 4 m de long, un temps réputé avoir enveloppé le corps de Jésus de Nazareth, continue donc à drainer les foules. Pourtant, deux études ont, à 22 ans de distance, confirmé que le linge datait du Moyen-Age et qu’il était donc très largement postérieur à Jésus-Christ.
L’apparition publique du linceul date elle aussi du Moyen-Age
Le tissu a été montré pour la première fois vers 1357 dans la collégiale de Lirey, dans l’Aube. L’ostension de 2015 est la troisième présentation publique du millénaire après celles de 2000 et 2010. Les précédentes avaient eu lieu en 1998 et 1978, après de longues décennies d'éclipse. Le suaire n’était en effet plus visible depuis 1933. Le linge fait également l’objet d’ostensions télévisées, la première a eu lieu en 1983, la plus récente en 2013.
La première étude, datée de 1988, a été réalisée à la demande de l’Eglise qui choisit soigneusement les trois laboratoires impliqués. Des analyses par spectrométrie de masse ont conclu alors que la date de fabrication du tissu est comprise entre 1260 entre 1390. Bien que l'Eglise valide elle-même ces résultats, les partisans de l’authenticité refusent de désarmer. Les sindonologues - qui se consacrent à l’étude du suaire - contestent violemment cette datation, alimentant une multitude d’articles plus ou moins fantaisistes et obtenant une seule parution dans une revue de chimie réputée sérieuse, dotée d'un comité de lecture. Un chercheur américain y assure que l’échantillon prélevé en 1988 pour la datation n’est pas pertinent : il s’agirait d’une partie ravaudée au 16e siècle par les sœurs clarisses. La publication connait un important retentissement, le web s'enflamme...
Un climat passionnel
Acteur historique de la datation de 1988, Robert Hedges, du laboratoire d’Oxford, convient que le climat autour de celle-ci est devenu passionnel. "Quand bien même le l’échantillon aurait été daté du Iersiècle après JC, cela n’aurait rien prouvé du tout. Mais les croyants auraient clamé que le suaire était celui de Jésus, tandis que les athées nous seraient tombés dessus, en plus grand nombre peut-être".
Il faut attendre 2011 pour qu'une seconde étude vienne confirmer cette datation médiévale. Le physicien britannique Thimothy Jull, qui avait participé aux travaux de 1988, confie alors en exclusivité à Sciences et Avenir qu’il a conservé un petit échantillon du suaire destiné à cette première analyse… Dans la revue Radiocarbon - dont il est aussi l'éditeur - il montre alors, photos microscopiques à l’appui, "que les analyses ont bien porté sur le tissu originel du suaire et que rien n’a pollué la datation". Bref, l'âge du suaire oscillerait bien entre le 13e et le 14e siècle ap. J.C. Rappelons que les datations au carbone 14 sont d'un usage très courant, effectuées en routine par des laboratoires du monde entier sans qu'aucune contestation ne s'élève d'ordinaire. Alors, fin de la controverse ? Pas si vite !
Thimothy Jull, conscient qu'il s'est lancé un peu isolément dans une nouvelle expertise et qu'il a gardé un morceau du suaire sans avoir obtenu d'accord particulier, se dit prêt à participer à de nouvelles datations du linceul. Il suffirait pour cela, explique t-il, que l’Eglise donne son accord pour de nouveaux prélèvements "effectués dans une zone lointaine de la précédente", prévient-il. Chiche ! Mais depuis 2011, l'Eglise n'a pas réagi. Comme l’expliquait alors Jacques Evin, ancien directeur du Centre de datation par le radiocarbone de l'université de Lyon à Sciences et Avenir: "La polémique ne sera jamais close car tant que l'on ne connaîtra pas le moyen par lequel l'image s'est imprégnée, toutes les spéculations sont possibles." Pour ce chercheur, qui avait participé entre 1981 et 1988 à l’élaboration du protocole de la datation du linceul au carbone 14, "l'Eglise ne peut pas organiser une autre étude pour deux raisons : d'abord elle se déjugerait par rapport à la première expertise qu'elle a voulu et encadrée, ensuite elle se déjugerait par rapport à ses déclarations officielles". Pour elle, le linceul est une icône évocatrice et non une relique.
La position de l’Eglise
"Aucun nouveau prélèvement de matériel, à des fins de recherche, n’a été réalisé sur le Saint Suaire après le 21 avril 1988, et ni la Propriété, ni le Custode du Suaire ne savent si de tierces personnes sont en possession du matériel résiduel de ce prélèvement. Tout ce qui a été prélevé durant l’intervention de restauration de 2002 a été immédiatement inventorié et placé sous scellé, à la totale et exclusive disposition et discrétion du Saint-Siège" peut-on lire notamment sur le "site officiel du Saint Suaire", qui consacre aussi quelques pages à la recherche scientifique. Longtemps muette sur la question, apparemment respectueuse de la datation au C14, l’Eglise relaie désormais la critique et n’hésite plus à mettre en avant ses doutes. Il faut dire que la dernière présentation aux fidèles a attiré 2 millions de visiteurs à Turin en 2010! Une manne qui s’ajoute à celle des livres, films, conférences, voire des diplômes en sindonologie ou "étude scientifique du suaire". Pour une fois que le doute profite à la foi !
Source - http://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/20150415.OBS7314/2-etudes-montrent-que-le-suaire-de-turin-date-en-fait-du-moyen-age.html
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