Mais enfin, me dit-on souvent, vous qui étu­diez les soucoupes volantes depuis 1951, réel­lement, est-ce que vous y croyez ?
Question simple, n’est-ce pas, et à laquelle, après tant de temps, on devrait être capable de répondre par oui ou non.
Et il est vrai qu’en plus de vingt ans de réflexion, de discussions et d’enquêtes, on ne peut pas ne pas avoir acquis une certaine somme de connaissances, et, soudée sur ces connaissan­ces, une opinion.
Mais comment la faire comprendre en deux mots ?
Plus j’ai réfléchi à ce mystérieux sujet et plus je me suis senti m’éloigner de mes contemporains. Plus j’en ai appris sur les sou­coupes volantes, et plus j’ai vu que ce que j’en savais devenait incompréhensible au non initié. Voilà pourquoi, depuis quinze ans, je n’ai à peu près rien écrit sur ce sujet. Prenons la question de savoir si j’y crois. Com­ment y répondre ?
Dites-moi d’abord ce que vous entendez par “soucoupe volante”, et peut-être alors pourrai-je vous répondre. Et je ne suis pas sûr que ma réponse vous satisfera. Définissez-vous la soucoupe comme un “engin spatial d’origine extra-terrestre piloté par les habitants d’une autre planète” ? Alors je vous répondrai que non, je n’y crois pas. Je n’y crois pas parce que je sais que les sou­coupes volantes sont autre chose. Elles ne sont pas des engins au sens où nous l’entendons. Un engin, c’est une machine construite d’après un plan, ayant une structure définie. Mais l’idée de plan est une idée humaine.
Et la preuve qu’”elles” ne correspondent à rien que nous ayons le droit d’appeler un “plan”, c’est qu’elles peuvent, en un clin d’œil, changer de structure ; une autre preuve est que deux témoins contem­plant en même temps et du même endroit la “même” soucoupe peuvent la voir différente ; j’entends la voir vraiment différente et non pas seulement l’interpréter différemment, comme deux témoins du même accident le décrivent parfois de façon contradictoire. On a en effet des cas bien avérés où des témoins compétents et exercés ont vu deux spectacles apparemment inconciliables. Impossible ? Oui.
Impossible à l’homme. Inconcevable à son imagination et à son intellect. Et cependant, vrai. On ne peut donc pas parler d’”engins”. J’ai proposé, en anglais, de les appeler des whatizits.
En français, l’astronome Guérin propose le mot de “zinzins”. Disons que ce sont des zinzins. Les zinzins sont-ils “spatiaux” ? Réponse : non. On ne les voit qu’exceptionnellement dans l’es­pace — aussi exceptionnellement que les hom­mes. Leur zone d’élection, leur “niche écolo­gique”, c’est la “noosphère”, c’est partout où l’homme lui-même se manifeste, près du sol ou de l’eau et dans la proche atmosphère.
_ Mais pour être là, s’ils ne sont pas d’origine humaine, il faut quand même bien qu’ils traver­sent l’espace extérieur ?
_ Réponse : non, hélas.
Je dis hélas parce que ce constat est aberrant, qu’il est un défi à notre rai­son, et que nous en sommes bien conscients. Qu’y faire ? Les zinzins sont là, mais ils n’ont pas besoin, pour nous atteindre, de “traverser” l’espace. Voilà le fait. On a des milliers de tracés radar démontrant leur présence dans l’atmos­phère. Certains de ces tracés ont de quoi faire dresser les cheveux sur la tête : par exemple, l’histoire du ménage Hill (qui est contée dans cet album) est corroborée par l’enregistrement d’un radar militaire américain, qui a suivi jusqu’au sol le “zinzin” où Barney Hill et sa femme affirment avoir subi d’étranges manipulations. Mais suivi dans la basse atmosphère, non dans l’espace extérieur. Les radars de télémétrie spa­tiale, ceux qui surveillent les engins spatiaux hu­mains, n’ont qu’exceptionnellement enregistré des objets pouvant être des “zinzins”. D’où viennent-ils alors ? Nul ne le sait. Nul ne sait même s’ils viennent de quelque part. Selon la boutade de Gordon Creighton, ils viennent de la troisième planète du système solaire (c’est-à-dire la terre).
Leur origine n’est peut-être pas un lieu. Que sont l’espace et le temps ? Des idées humaines. Rien ne nous dit que la part surhumaine de l’univers soit quelque part dans l’espace et dans le temps. En revanche, de nombreux témoins nous affir­ment avoir vu apparaître un zinzin sur place, exactement comme un fantôme. Peut-on croire ces témoins ? Je répondrai que, dès qu’on en­quête sérieusement, on ne peut pas ne pas les croire. Il faut, ou s’enfuir à toutes jambes dès qu’il est question de soucoupes, ou admettre l’inadmissible. Un de mes plus proches amis a vu une fois un de ces whatizits apparaître subi­tement là où une fraction de seconde plus tôt il n’y avait rien. C’est une aventure qui ne s’oublie pas.
Tout cela est fantastique, nous le savons. Voilà pourquoi ceux qui connaissent vraiment le sujet (autant qu’on peut le connaître) sont si peu enclins à en parler. Voilà pourquoi, entre paren­thèses, il n’existe justement pour en parler que trois ou quatre livres à peu près convenables [Pour info : texte publié en 1973 – depuis les choses ont évolué].
Pour ma part, je n’admets plus maintenant qu’un type de livre sur les soucoupes volantes : ceux qui rapportent des témoignages, modestement, sans tenter de donner de vaines et impossibles explications.
Celui-ci en est un, précisément parce qu’il est un livre d’images. L’image ne cherche pas à faire comprendre. Elle nous fait participer à un mystère, à une aventure. Je souhaite qu’il soit lu et médité (oui, médité) par beaucoup de jeunes, espérant qu’ils y découvriront comme un signe de cet univers incompréhensible où notre science rationnelle est destinée à s’enfoncer de plus en plus. Il faut se cramponner à la raison. Elle seule nous épargne de choir dans la peur et la superstition. Mais n’oublions jamais de prendre garde à ce qu’elle nous cache. Ce que nous savons n’est rien au regard de ce que nous ignorons. Et c’est de là qu’”elles” vien­nent : de l’inconnu.
auteur : Aimé Michel
source : Préface de l’album de bande dessinée
Ceux Venus d’Ailleurs de Lob et Gigi
Question simple, n’est-ce pas, et à laquelle, après tant de temps, on devrait être capable de répondre par oui ou non.
Et il est vrai qu’en plus de vingt ans de réflexion, de discussions et d’enquêtes, on ne peut pas ne pas avoir acquis une certaine somme de connaissances, et, soudée sur ces connaissan­ces, une opinion.
Mais comment la faire comprendre en deux mots ?
Plus j’ai réfléchi à ce mystérieux sujet et plus je me suis senti m’éloigner de mes contemporains. Plus j’en ai appris sur les sou­coupes volantes, et plus j’ai vu que ce que j’en savais devenait incompréhensible au non initié. Voilà pourquoi, depuis quinze ans, je n’ai à peu près rien écrit sur ce sujet. Prenons la question de savoir si j’y crois. Com­ment y répondre ?
Dites-moi d’abord ce que vous entendez par “soucoupe volante”, et peut-être alors pourrai-je vous répondre. Et je ne suis pas sûr que ma réponse vous satisfera. Définissez-vous la soucoupe comme un “engin spatial d’origine extra-terrestre piloté par les habitants d’une autre planète” ? Alors je vous répondrai que non, je n’y crois pas. Je n’y crois pas parce que je sais que les sou­coupes volantes sont autre chose. Elles ne sont pas des engins au sens où nous l’entendons. Un engin, c’est une machine construite d’après un plan, ayant une structure définie. Mais l’idée de plan est une idée humaine.
Et la preuve qu’”elles” ne correspondent à rien que nous ayons le droit d’appeler un “plan”, c’est qu’elles peuvent, en un clin d’œil, changer de structure ; une autre preuve est que deux témoins contem­plant en même temps et du même endroit la “même” soucoupe peuvent la voir différente ; j’entends la voir vraiment différente et non pas seulement l’interpréter différemment, comme deux témoins du même accident le décrivent parfois de façon contradictoire. On a en effet des cas bien avérés où des témoins compétents et exercés ont vu deux spectacles apparemment inconciliables. Impossible ? Oui.
Impossible à l’homme. Inconcevable à son imagination et à son intellect. Et cependant, vrai. On ne peut donc pas parler d’”engins”. J’ai proposé, en anglais, de les appeler des whatizits.
En français, l’astronome Guérin propose le mot de “zinzins”. Disons que ce sont des zinzins. Les zinzins sont-ils “spatiaux” ? Réponse : non. On ne les voit qu’exceptionnellement dans l’es­pace — aussi exceptionnellement que les hom­mes. Leur zone d’élection, leur “niche écolo­gique”, c’est la “noosphère”, c’est partout où l’homme lui-même se manifeste, près du sol ou de l’eau et dans la proche atmosphère.
_ Mais pour être là, s’ils ne sont pas d’origine humaine, il faut quand même bien qu’ils traver­sent l’espace extérieur ?
_ Réponse : non, hélas.
Je dis hélas parce que ce constat est aberrant, qu’il est un défi à notre rai­son, et que nous en sommes bien conscients. Qu’y faire ? Les zinzins sont là, mais ils n’ont pas besoin, pour nous atteindre, de “traverser” l’espace. Voilà le fait. On a des milliers de tracés radar démontrant leur présence dans l’atmos­phère. Certains de ces tracés ont de quoi faire dresser les cheveux sur la tête : par exemple, l’histoire du ménage Hill (qui est contée dans cet album) est corroborée par l’enregistrement d’un radar militaire américain, qui a suivi jusqu’au sol le “zinzin” où Barney Hill et sa femme affirment avoir subi d’étranges manipulations. Mais suivi dans la basse atmosphère, non dans l’espace extérieur. Les radars de télémétrie spa­tiale, ceux qui surveillent les engins spatiaux hu­mains, n’ont qu’exceptionnellement enregistré des objets pouvant être des “zinzins”. D’où viennent-ils alors ? Nul ne le sait. Nul ne sait même s’ils viennent de quelque part. Selon la boutade de Gordon Creighton, ils viennent de la troisième planète du système solaire (c’est-à-dire la terre).
Leur origine n’est peut-être pas un lieu. Que sont l’espace et le temps ? Des idées humaines. Rien ne nous dit que la part surhumaine de l’univers soit quelque part dans l’espace et dans le temps. En revanche, de nombreux témoins nous affir­ment avoir vu apparaître un zinzin sur place, exactement comme un fantôme. Peut-on croire ces témoins ? Je répondrai que, dès qu’on en­quête sérieusement, on ne peut pas ne pas les croire. Il faut, ou s’enfuir à toutes jambes dès qu’il est question de soucoupes, ou admettre l’inadmissible. Un de mes plus proches amis a vu une fois un de ces whatizits apparaître subi­tement là où une fraction de seconde plus tôt il n’y avait rien. C’est une aventure qui ne s’oublie pas.
Tout cela est fantastique, nous le savons. Voilà pourquoi ceux qui connaissent vraiment le sujet (autant qu’on peut le connaître) sont si peu enclins à en parler. Voilà pourquoi, entre paren­thèses, il n’existe justement pour en parler que trois ou quatre livres à peu près convenables [Pour info : texte publié en 1973 – depuis les choses ont évolué].
Pour ma part, je n’admets plus maintenant qu’un type de livre sur les soucoupes volantes : ceux qui rapportent des témoignages, modestement, sans tenter de donner de vaines et impossibles explications.
Celui-ci en est un, précisément parce qu’il est un livre d’images. L’image ne cherche pas à faire comprendre. Elle nous fait participer à un mystère, à une aventure. Je souhaite qu’il soit lu et médité (oui, médité) par beaucoup de jeunes, espérant qu’ils y découvriront comme un signe de cet univers incompréhensible où notre science rationnelle est destinée à s’enfoncer de plus en plus. Il faut se cramponner à la raison. Elle seule nous épargne de choir dans la peur et la superstition. Mais n’oublions jamais de prendre garde à ce qu’elle nous cache. Ce que nous savons n’est rien au regard de ce que nous ignorons. Et c’est de là qu’”elles” vien­nent : de l’inconnu.
auteur : Aimé Michel
source : Préface de l’album de bande dessinée
Ceux Venus d’Ailleurs de Lob et Gigi
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