Ce témoignage est d'autant plus intéressant qu'appartenant au monde de l'aéronautique, le pilote sait mieux que d'autres, apprécier les phénomènes aériens.
Le 7 mars 1977 à 20 h 34, dans la région de Chaumont, lors d'une mission d'exercice bombardement et navigation de nuit, rencontre du colonel René Giraud et de son navigateur :
Ce soir-là, commandant au sein de l'escadron de bombardement Arbois, je viens d'effectuer un exercice de nuit à bord d'un bombardier Mirage IV avec mon navigateur, le capitaine Jean-Paul Abraham. On rentre sur Luxeuil à 9750 m d'altitude et à environ 1000 km/h. Nous sommes à la verticale de Chaumont quand une lueur arrive sur notre droite. Elle est identique au phare de reconnaissance d'un chasseur Mirage III. Le contrôleur radar de Contrexéville dort-il ? L'objet continue de s'approcher, au même niveau que nous... Pas normal, il devrait rester en-dessous. Je préviens le contrôleur au sol, mais il me dit qu'il n'y a absolument rien. Et ça se rapproche... Ce n'est pas un avion, ce n'est pas un missile. Je commence doucement à évoluer à droite. Et il reste à l'intérieur de mon virage, collé à ma trajectoire. Aussitôt, je vire sec. Cet objet est en train de nous "bouffer" carrément à moins de 1 km en secteur arrière comme lors d'une passe de tir ! Il vole beaucoup plus vite que moi... Et ça va durer ainsi 40 s ! Je ne peux absolument rien faire... Je ralentis mon virage, et ce truc part à une vitesse inouïe ! 30 s après avoir repris le cap sur la base, je dis à mon navigateur : "Fais attention, ça revient !..." Je sens qu'on m'observe ! Je vire très sec à droite dès le départ, après avoir mis les réacteurs à fond. L'objet nous refais le même cinéma. Et là, il arrive très près. J'ai une impression de forme et de masse imposante derrière, beaucoup plus grosse que mon Mirage. Jean-Paul tente de prendre des photos. Je renverse légèrement et la lumière repart vers l'ouest avec une accélération phénoménale, en produisant une espèce de traînée... Quand on s'est posés à Luxeuil, on était sonnés...
Giraud, René (colonel)
Cette observation sera citée dans le rapport Cometa de 1999.
Extrait du rapport Cometa sur ce cas
1.1 M. Giraud, pilote de Mirage IV (7 mars 1977)
Le déroulement de cet incident a été reconstitué à partir des échanges radiophoniques
entre le pilote et le contrôleur qui, selon la procédure en vigueur dans tous les centres de
contrôle, sont systématiquement enregistrés et conservés pendant un certain temps.
L'incident s'est produit le 7 mars 1977 vers 21 h locales, dans le travers de Dijon, alors
que le Mirage IV est de retour, pilote automatique branché, vers Luxeuil après une
mission de nuit. A l'altitude de 9 600 m, évoluant à la vitesse de "Mach 0,9", les
conditions de vol sont très bonnes. Le pilote (P), Hervé Giraud, et son navigateur (N)
observent à "3 heures" (code horaire) de leur avion une lueur très brillante, à la même
altitude, venant à cap collision vers eux et se rapprochant très vite. Nous la désignerons
"assaillant" (Al) dans la suite de l'exposé. P interroge la station radar militaire de
Contrexéville, qui les contrôle, pour demander s'ils ont un contact radar sur l'avion
venant vers eux. En effet, P et N pensent que c'est un intercepteur de défense aérienne
qui, comme cela se pratique couramment, cherche à intercepter leur avion pour ensuite
l'identifier au moyen de son phare d'identification.
Le contrôleur radar (C), qui n'a aucun contact radar correspondant sur son scope,
répond par la négative et demande aux pilotes de vérifier leur oxygène. Cette demande
de la part du contrôleur est une procédure de secours classique ; elle montre bien que
celui-ci est si surpris par la question de l'équipage qu'il pense à un ennui d'oxygène
susceptible de générer une "hallucination".
"L'assaillant Al" maintenant son cap vers le Mirage IV, P entame un virage à droite vers
AI, virage qu'il est obligé de serrer de plus en plus (3 à 4 g) pour essayer de garder le
contact visuel sur AI et l'empêcher de se placer secteur arrière. Malgré cette manœuvre,
AI s'installe derrière le Mirage IV à une distance estimée de 1 500 m ; à ce moment P
renverse son virage pour retrouver un contact visuel sur Al, il voit la lueur s'éloigner
très rapidement à " 1 1 heures" ; il reprend '. le cap sur Luxeuil. Mais 45 secondes après
sa reprise de cap vers Luxeuil, se sentant "observé", selon ses propres termes, P dit à N,
tu vas voir, cela va revenir. Et effectivement, une lueur identique, que nous appellerons
A2, apparaît à "3 heures".
P engage alors un virage très serré (6,5 g) pour dégager son appareil de ce qu'il
considère désormais comme une menace réelle. La lueur suit l'évolution du Mirage IV
pour se placer secteur arrière a une distance estimée de 2 000 m ; P renverse, comme
précédemment, et voit à nouveau la lueur disparaître dans les mêmes conditions. C n'a
toujours pas de contact radar sur 1"'assaillant A2". P et N poursuivent leur vol et
rejoignent normalement la base de Luxeuil.
Voilà pour les faits. Deux points méritent d'être soulignés :
- seul un avion de combat aurait pu avoir un comportement comparable à celui de Al et
A2 (vitesse, manœuvrabilité). Dans ce cas, C aurait eu un contact radar sur cet avion,
surtout à cette altitude, contact qu'il aurait d'autant mieux visualisé qu'il n'y avait aucun
autre trafic aux alentours du Mirage IV,
- compte tenu des évolutions apparentes de Al et A2, qu'ils soient un même engin ou
non, leur vitesse ne pouvait être que supersonique, ce qui, dans le cas d'avions de
combat, se serait traduit au sol par un bang sonore très important du fait du phénomène
de focalisation de l'onde de choc généré par le virage. Cela aurait été d'autant plus
remarqué dans les environs qu'il faisait nuit. Or, aucun bruit n'a été perçu dans la région.
Sources: RRO de Jérôme Beau
Le 7 mars 1977 à 20 h 34, dans la région de Chaumont, lors d'une mission d'exercice bombardement et navigation de nuit, rencontre du colonel René Giraud et de son navigateur :
Ce soir-là, commandant au sein de l'escadron de bombardement Arbois, je viens d'effectuer un exercice de nuit à bord d'un bombardier Mirage IV avec mon navigateur, le capitaine Jean-Paul Abraham. On rentre sur Luxeuil à 9750 m d'altitude et à environ 1000 km/h. Nous sommes à la verticale de Chaumont quand une lueur arrive sur notre droite. Elle est identique au phare de reconnaissance d'un chasseur Mirage III. Le contrôleur radar de Contrexéville dort-il ? L'objet continue de s'approcher, au même niveau que nous... Pas normal, il devrait rester en-dessous. Je préviens le contrôleur au sol, mais il me dit qu'il n'y a absolument rien. Et ça se rapproche... Ce n'est pas un avion, ce n'est pas un missile. Je commence doucement à évoluer à droite. Et il reste à l'intérieur de mon virage, collé à ma trajectoire. Aussitôt, je vire sec. Cet objet est en train de nous "bouffer" carrément à moins de 1 km en secteur arrière comme lors d'une passe de tir ! Il vole beaucoup plus vite que moi... Et ça va durer ainsi 40 s ! Je ne peux absolument rien faire... Je ralentis mon virage, et ce truc part à une vitesse inouïe ! 30 s après avoir repris le cap sur la base, je dis à mon navigateur : "Fais attention, ça revient !..." Je sens qu'on m'observe ! Je vire très sec à droite dès le départ, après avoir mis les réacteurs à fond. L'objet nous refais le même cinéma. Et là, il arrive très près. J'ai une impression de forme et de masse imposante derrière, beaucoup plus grosse que mon Mirage. Jean-Paul tente de prendre des photos. Je renverse légèrement et la lumière repart vers l'ouest avec une accélération phénoménale, en produisant une espèce de traînée... Quand on s'est posés à Luxeuil, on était sonnés...
Giraud, René (colonel)
Cette observation sera citée dans le rapport Cometa de 1999.
Extrait du rapport Cometa sur ce cas
1.1 M. Giraud, pilote de Mirage IV (7 mars 1977)
Le déroulement de cet incident a été reconstitué à partir des échanges radiophoniques
entre le pilote et le contrôleur qui, selon la procédure en vigueur dans tous les centres de
contrôle, sont systématiquement enregistrés et conservés pendant un certain temps.
L'incident s'est produit le 7 mars 1977 vers 21 h locales, dans le travers de Dijon, alors
que le Mirage IV est de retour, pilote automatique branché, vers Luxeuil après une
mission de nuit. A l'altitude de 9 600 m, évoluant à la vitesse de "Mach 0,9", les
conditions de vol sont très bonnes. Le pilote (P), Hervé Giraud, et son navigateur (N)
observent à "3 heures" (code horaire) de leur avion une lueur très brillante, à la même
altitude, venant à cap collision vers eux et se rapprochant très vite. Nous la désignerons
"assaillant" (Al) dans la suite de l'exposé. P interroge la station radar militaire de
Contrexéville, qui les contrôle, pour demander s'ils ont un contact radar sur l'avion
venant vers eux. En effet, P et N pensent que c'est un intercepteur de défense aérienne
qui, comme cela se pratique couramment, cherche à intercepter leur avion pour ensuite
l'identifier au moyen de son phare d'identification.
Le contrôleur radar (C), qui n'a aucun contact radar correspondant sur son scope,
répond par la négative et demande aux pilotes de vérifier leur oxygène. Cette demande
de la part du contrôleur est une procédure de secours classique ; elle montre bien que
celui-ci est si surpris par la question de l'équipage qu'il pense à un ennui d'oxygène
susceptible de générer une "hallucination".
"L'assaillant Al" maintenant son cap vers le Mirage IV, P entame un virage à droite vers
AI, virage qu'il est obligé de serrer de plus en plus (3 à 4 g) pour essayer de garder le
contact visuel sur AI et l'empêcher de se placer secteur arrière. Malgré cette manœuvre,
AI s'installe derrière le Mirage IV à une distance estimée de 1 500 m ; à ce moment P
renverse son virage pour retrouver un contact visuel sur Al, il voit la lueur s'éloigner
très rapidement à " 1 1 heures" ; il reprend '. le cap sur Luxeuil. Mais 45 secondes après
sa reprise de cap vers Luxeuil, se sentant "observé", selon ses propres termes, P dit à N,
tu vas voir, cela va revenir. Et effectivement, une lueur identique, que nous appellerons
A2, apparaît à "3 heures".
P engage alors un virage très serré (6,5 g) pour dégager son appareil de ce qu'il
considère désormais comme une menace réelle. La lueur suit l'évolution du Mirage IV
pour se placer secteur arrière a une distance estimée de 2 000 m ; P renverse, comme
précédemment, et voit à nouveau la lueur disparaître dans les mêmes conditions. C n'a
toujours pas de contact radar sur 1"'assaillant A2". P et N poursuivent leur vol et
rejoignent normalement la base de Luxeuil.
Voilà pour les faits. Deux points méritent d'être soulignés :
- seul un avion de combat aurait pu avoir un comportement comparable à celui de Al et
A2 (vitesse, manœuvrabilité). Dans ce cas, C aurait eu un contact radar sur cet avion,
surtout à cette altitude, contact qu'il aurait d'autant mieux visualisé qu'il n'y avait aucun
autre trafic aux alentours du Mirage IV,
- compte tenu des évolutions apparentes de Al et A2, qu'ils soient un même engin ou
non, leur vitesse ne pouvait être que supersonique, ce qui, dans le cas d'avions de
combat, se serait traduit au sol par un bang sonore très important du fait du phénomène
de focalisation de l'onde de choc généré par le virage. Cela aurait été d'autant plus
remarqué dans les environs qu'il faisait nuit. Or, aucun bruit n'a été perçu dans la région.
Sources: RRO de Jérôme Beau
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