La marche du progrès n’est pas impossible à ralentir, mais ne peut être arrêtée en aucun cas. Ainsi, on peut prendre à ceux qui n’ont pas et donner à ceux qui ont sans que cela ne bouleverse qui que ce soit, car il s’agit là de ce que le commun des mortels considère comme le fonctionnement normal des choses. En effet, les pauvres considèrent comme « normal » d’être pauvres s’ils sont dans cette situation depuis leur naissance, tout comme ils ne s’attendent pas, dans une conjoncture « normale », à recevoir quoi que ce soit de quelqu’un « qui a ». Ils ne sont donc susceptibles de ressentir aucun sentiment de rébellion. De même, celui qui vit dans l’aisance ne nourrira nulle intention de révolte, puisqu’il possède tout ce qui sert à son confort et à son bon plaisir, et n’imaginerait en aucun cas qu’il puisse en être autrement, étant donné que cet état de fait est après tout entièrement « normal ». Or, si l’on malmène ce présent état de fait, la société toute entière peut s’attendre à de violentes secousses.
L’Histoire est faite de civilisations qui ont eu leurs périodes de stabilité et leurs périodes de crise. Le plus souvent, les crises étaient l’occasion d’exprimer les mécontentements divers qui s’étaient accumulés dans une ou plusieurs couche(s) de la société, et de soulager ces derniers grâce aux propositions de réformes que la situation permettait. Soit des concessions étaient faites de la part du pouvoir pour satisfaire les mécontents, soit leur soulèvement servait de prétexte à la classe dirigeante pour décréter l’état d’urgence et faire naître ou renforcer un totalitarisme qui ne pouvait qu’aggraver les exaspérations populaires diverses qui, sur le long terme, auront raison de lui à la moindre opportunité venue. De fait, puisque ce sont généralement les classes populaires et moyennes qui ont des raisons de s’insurger, et qu’elles finissent toujours par obtenir ce qu’elles veulent à un moment ou à un autre, la voie vers la concrétisation de leurs aspirations multiples est un passage obligé.
Le problème est que ces « masses » (mot qui comprend, dans ce contexte, toute personne de classe populaire ou moyenne qui correspond aux caractéristiques définies ci-dessous), n’aspirent aucunement à des idéaux élevés de justice, de bienveillance ou de stabilité. Il est alors simple de perpétuer l’inexistence de ces éléments dans la société, pourtant nécessaires, parmi d’autres, à la création d’un système valable où il ferait bon vivre pour l’être humain qui pourrait y trouver équilibre et plénitude. Non, la majorité écrasante de la population que je définis comme étant les « masses » (terme péjoratif à juste titre) se préoccupent de choses autrement plus futiles. Elles se passionnent pour tout ce qui est immédiatement accessible aux cinq sens, tout ce qui est du domaine du matériel et du plaisir, ce qui leur exclut tout accès aux qualités qui sont supérieures à cet univers de l’instantanéité, et les dépourvoit donc de quelque sens moral et spirituel que ce soit. Conformément à leurs aspirations, et enfermées inéluctablement dans une sphère d’égoïsme et d’inconscience d’une ampleur telle qu’elles frôlent la psychopathie, voire qu’elles embrassent le sadisme, les masses n’ont cure que de leur propre confort. Un confort qui consiste purement et simplement dans l’obtention de ce qui est nécessaire à la perpétuation des plaisirs vulgaires tirés de l’excitation des seuls cinq sens, à leur maintien dans la grossièreté de leur personnalité, et à l’affirmation de leur absence de conscience. D’autres comprennent la nature mauvaise des politiques humaines, mais se donnent bonne conscience en se persuadant qu’il n’y a de toute façon aucun moyen d’y changer quoi que ce soit, et quand bien même cela serait-il possible, ce ne serait pas eux-mêmes qui pourraient le faire. Ceux-là sont donc partisans du système par le soutien qu’ils lui témoignent du fait de leur attitude passive et résignée, et finissent par être absorbé par ce même système au moment où ils en arrivent à se dire qu’après tout, puisque le fonctionnement du monde est purement égoïste, il n’y a pas de raison pour qu’ils ne mènent pas eux aussi une vie égocentrique. Cet état de bassesse et de vide spirituel peut évidemment se retrouver dans tout individu, quel que soit sa classe sociale, mais il aurait été à non-sens d’inclure la classe aisée dans ma définition des « masses », puisque ces dernières représentent le peuple, qui s’oppose par définition à la minorité des classes riches et privilégiées. Il n’y a donc que deux situations qui peuvent révolter les masses : soit elles ne trouvent pas les conditions qui leur permettent de vivre leur nature purement hédoniste dans leur environnement, soit elles ne disposent pas de moyens de survie suffisants pour atteindre le seuil minimum de dignité qu’elles convoitent.
Cependant, malgré la médiocrité de l’homme commun, qui, habitué à être esclave de lui-même et de plusieurs maîtres extérieurs, se laisse volontiers marcher dessus et enfoncer dans une plus grande servitude encore tout en demeurant d’une passivité totale, si un peu des possessions futiles ou du confort auxquels il est attaché lui est retiré, il considérera cela comme un vol et une atteinte à sa personne, et en sera courroucé. En effet, il arrive souvent que de nombreuses manifestations aient lieu en France pour des motifs tout à fait légers ; protester contre la suppression d’un jour de congé, par exemple, alors que des mesures autrement plus graves passent sans susciter la moindre réaction. Des mesures qui peuvent être à l’origine de futures hausses des prix, de licenciements, de réductions de dépenses sociales, contre lesquelles les gens protesteront encore, mais en dépit de tout bon sens, puisqu’ils n’auront réagi qu’une fois qu’ils auront été personnellement touchés, et après avoir laissé passer les mesures ayant causé ces effets sans broncher. L’ardeur de la plupart des manifestants à défendre une cause est d’ailleurs aussi souvent inexistente que leur colère est totalement éphémère ; après avoir soulagé un surplus d’énergie lors de la manifestation à laquelle ils ont participé, et occupé par la même occasion un jour qu’ils ne savaient comment combler, ils rentrent chez eux et oublient rapidement la raison pour laquelle ils se sont vaguement rebellés. Á moins qu’ils ne l’aient jamais su.
L’Histoire est faite de civilisations qui ont eu leurs périodes de stabilité et leurs périodes de crise. Le plus souvent, les crises étaient l’occasion d’exprimer les mécontentements divers qui s’étaient accumulés dans une ou plusieurs couche(s) de la société, et de soulager ces derniers grâce aux propositions de réformes que la situation permettait. Soit des concessions étaient faites de la part du pouvoir pour satisfaire les mécontents, soit leur soulèvement servait de prétexte à la classe dirigeante pour décréter l’état d’urgence et faire naître ou renforcer un totalitarisme qui ne pouvait qu’aggraver les exaspérations populaires diverses qui, sur le long terme, auront raison de lui à la moindre opportunité venue. De fait, puisque ce sont généralement les classes populaires et moyennes qui ont des raisons de s’insurger, et qu’elles finissent toujours par obtenir ce qu’elles veulent à un moment ou à un autre, la voie vers la concrétisation de leurs aspirations multiples est un passage obligé.
Le problème est que ces « masses » (mot qui comprend, dans ce contexte, toute personne de classe populaire ou moyenne qui correspond aux caractéristiques définies ci-dessous), n’aspirent aucunement à des idéaux élevés de justice, de bienveillance ou de stabilité. Il est alors simple de perpétuer l’inexistence de ces éléments dans la société, pourtant nécessaires, parmi d’autres, à la création d’un système valable où il ferait bon vivre pour l’être humain qui pourrait y trouver équilibre et plénitude. Non, la majorité écrasante de la population que je définis comme étant les « masses » (terme péjoratif à juste titre) se préoccupent de choses autrement plus futiles. Elles se passionnent pour tout ce qui est immédiatement accessible aux cinq sens, tout ce qui est du domaine du matériel et du plaisir, ce qui leur exclut tout accès aux qualités qui sont supérieures à cet univers de l’instantanéité, et les dépourvoit donc de quelque sens moral et spirituel que ce soit. Conformément à leurs aspirations, et enfermées inéluctablement dans une sphère d’égoïsme et d’inconscience d’une ampleur telle qu’elles frôlent la psychopathie, voire qu’elles embrassent le sadisme, les masses n’ont cure que de leur propre confort. Un confort qui consiste purement et simplement dans l’obtention de ce qui est nécessaire à la perpétuation des plaisirs vulgaires tirés de l’excitation des seuls cinq sens, à leur maintien dans la grossièreté de leur personnalité, et à l’affirmation de leur absence de conscience. D’autres comprennent la nature mauvaise des politiques humaines, mais se donnent bonne conscience en se persuadant qu’il n’y a de toute façon aucun moyen d’y changer quoi que ce soit, et quand bien même cela serait-il possible, ce ne serait pas eux-mêmes qui pourraient le faire. Ceux-là sont donc partisans du système par le soutien qu’ils lui témoignent du fait de leur attitude passive et résignée, et finissent par être absorbé par ce même système au moment où ils en arrivent à se dire qu’après tout, puisque le fonctionnement du monde est purement égoïste, il n’y a pas de raison pour qu’ils ne mènent pas eux aussi une vie égocentrique. Cet état de bassesse et de vide spirituel peut évidemment se retrouver dans tout individu, quel que soit sa classe sociale, mais il aurait été à non-sens d’inclure la classe aisée dans ma définition des « masses », puisque ces dernières représentent le peuple, qui s’oppose par définition à la minorité des classes riches et privilégiées. Il n’y a donc que deux situations qui peuvent révolter les masses : soit elles ne trouvent pas les conditions qui leur permettent de vivre leur nature purement hédoniste dans leur environnement, soit elles ne disposent pas de moyens de survie suffisants pour atteindre le seuil minimum de dignité qu’elles convoitent.
Cependant, malgré la médiocrité de l’homme commun, qui, habitué à être esclave de lui-même et de plusieurs maîtres extérieurs, se laisse volontiers marcher dessus et enfoncer dans une plus grande servitude encore tout en demeurant d’une passivité totale, si un peu des possessions futiles ou du confort auxquels il est attaché lui est retiré, il considérera cela comme un vol et une atteinte à sa personne, et en sera courroucé. En effet, il arrive souvent que de nombreuses manifestations aient lieu en France pour des motifs tout à fait légers ; protester contre la suppression d’un jour de congé, par exemple, alors que des mesures autrement plus graves passent sans susciter la moindre réaction. Des mesures qui peuvent être à l’origine de futures hausses des prix, de licenciements, de réductions de dépenses sociales, contre lesquelles les gens protesteront encore, mais en dépit de tout bon sens, puisqu’ils n’auront réagi qu’une fois qu’ils auront été personnellement touchés, et après avoir laissé passer les mesures ayant causé ces effets sans broncher. L’ardeur de la plupart des manifestants à défendre une cause est d’ailleurs aussi souvent inexistente que leur colère est totalement éphémère ; après avoir soulagé un surplus d’énergie lors de la manifestation à laquelle ils ont participé, et occupé par la même occasion un jour qu’ils ne savaient comment combler, ils rentrent chez eux et oublient rapidement la raison pour laquelle ils se sont vaguement rebellés. Á moins qu’ils ne l’aient jamais su.
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