L'Indiana Jones égyptien perd son poste
Celui qui dirigeait l'archéologie égyptienne d'une main de fer depuis 2002 a perdu son poste de ministre des Antiquités. Alors qu'il avait été nommé récemment à ce poste, il paie le prix de sa proximité avec le régime d'Hosni Moubarak.
"Je m'en vais" car ce gouvernement "est un bazar, je ne veux pas en faire partie", a-t-il dit sur le ton théâtral qu'il affectionne pour expliquer son éviction du gouvernement. "J'ai plein de livres à écrire, j'ai des propositions venant des Etats-Unis, d'Irlande, du Japon", a assuré Zahi Hawass, 64 ans, celui qui dirigeait le Conseil suprême des antiquités égyptiennes (CSA) avant d'être nommé ministre.
Selon l'AFP, il se sera pourtant "battu jusqu'à la dernière minute pour rester le patron du secteur des antiquités, vaste empire comprenant les innombrables musées et sites archéologiques du pays des pharaons". Un "empire" qui est également un secteur phare du tourisme, pilier de l'économie égyptienne. Nommé en 2002 chef du Conseil suprême des antiquités, il aura donc régné sans partage sur ledit secteur pendant quasiment une décennie.
Pour les manifestants de la place Tahrir au Caire, Zahi Hawass était un symbole du népotisme de l'ancien régime. Selon un portrait qu'a dressé de lui
Sciences et Avenir, il était "très proche" de Hosni Moubarak, qu'il rencontrait "régulièrement".
Sa nomination en février dans le gouvernement de l'ère post-Moubarak avait été attribuée à son réseau de relations personnelles. Mais aussi à sa capacité de battre l'espace médiatique pour faire revenir les touristes qui ont déserté l'Egypte depuis le changement de régime.
Ces derniers temps, l'ex-patron des antiquités connaissait aussi des ennuis judiciaires. Il avait été condamné à un an de prison dans une affaire portant sur la gérance de la boutique de souvenirs du célébrissime musée du Caire où est exposé, entre autres merveilles, le trésor funéraire du pharaon Toutankhamon. Il avait cependant été acquitté en appel en juin.
Surfant sur l'engouement mondial pour l'égyptologie et l'archéologie dans son pays, l'homme aime les médias et est un familier des émissions des télévisions nord-américaines et européennes. Il aime s'y montrer avec son chapeau Stetson à la Indiana Jones. Indiana Jones : un archéologue-aventurier du cinéma hollywoodien qui "donne une image bien fausse de notre discipline", soupirent maints scientifiques...
L'homme apprécie évidemment de se montrer. Mais son image est un peu comme celle du dieu romain Janus, représenté... avec deux visages opposés. Une représentation que connaît forcément celui qui a suivi des études d'archéologie gréco-romaine à Alexandrie avant d'obtenir un doctorat d'égyptologie à l'université de Pennsylvanie (Etats-Unis)...
Dans Sciences et Avenir, les journalistes Bernadette Arnaud et Aline Kiner dressent de lui le portrait d'un homme "convaincu de mener une mission" et qui a voulu rendre sa dignité à l'archéologie égyptienne. Nommé responsable du vénérable Conseil suprême des antiquités, créé en 1850 par le Français Auguste Mariette, il "fixe de nouvelles règles: tous les archéologues, quelle que soit leur nationalité, devront travailler sous son contrôle. Publier leurs résultats, y compris en arabe. S'intéresser à des zones géographiques négligées, comme le Delta [du Nil, NDLR] ou les oasis... L'Egypte ne sera plus jamais ce bac à sable géant où chacun a pu fouiller à sa guise".
En Occident, on n'a pas forcément apprécié son combat pour faire revenir dans son pays les plus célèbres pièces de l'antiquité égyptienne dispersées à travers le monde, "volées" selon lui. Une manière, disent ses détracteurs, de flatter la fibre nationaliste... Parmi ces pièces: la pierre de Rosette, propriété du British Museum de Londres, qui permit de percer le mystère des hiéroglyphes; le
buste en calcaire de la reine Néfertiti, exposé au Neues Museum de Berlin. En 2009, il avait obtenu du Louvre la restitution de cinq fragments de peintures murales vieux de plus de 3000 ans. Il avait auparavant annoncé la suspension de sa coopération avec le musée français tant que ces pièces ne seraient pas rendues.
En avril 2010, le patron du CSA avait organisé au Caire une
conférence internationale "pour la protection et la restitution du patrimoine" qui a permis d'ébaucher une liste d'oeuvres prioritaires. Dans son discours d'ouverture, il affirmait que son pays ne réclamait pas le retour de toutes les antiquités conservées dans des musées à l'étranger. Il ajoutait que l'Egypte demandait seulement celles pour lesquelles des preuves existent qu'elles ont été subtilisées. Mais aussi celles qui, même s'il n'y a pas eu vol, représentent une valeur historique capitale pour leur pays d'origine.
Au final, Sciences et Vie le décrit comme une "personnalité pragmatique, qui allie efficacité, sens des médias et autorité impérieuse, dans la tradition égyptienne du raïs", le "chef" en arabe.
Cela explique sans doute que l'homme ait de nombreux détracteurs. Notamment dans certains milieux archéologiques. On lui reproche notamment des connaissances académiques jugées "médicocres" et "un goût immodéré pour la publicité personnelle au détriment de la rigueur scientifique".
Ce sont "les mandarins de la vieille Europe" qui "vont lui parler de son manque de rigueur",
rétorque l'un de ses amis sur le
site de L'Express. En fait, il aurait appris le sens du pragmatisme auprès des Américains qui "le caressent dans le sens du poil"... D'où, parfois, une réputation d'"homme des Américains" qui livrerait ses scoops aux chaînes National Geographic et Discovery Channel en échange d'espèces sonnantes et trébuchantes. En 2002, devant les caméras du National Geographic, il avait tenu le monde entier en haleine en introduisant un robot dans un couloir de la grande pyramide, à la recherche de la chambre funéraire de Chéops. L'opération n'avait rien donné...
Alors quelle face de Janus faut-il retenir ? Celle d'"une personnalité hors norme", qui a contribué "à la réappropriation de son patrimoine par l'Egypte" ? Ou celle d'un homme de pouvoir très soucieux de son image ? Les deux sans doute. L'histoire tranchera, comme toujours...
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