Nanteuil-en-Vallée : fouilles à l'abbaye

Durant deux semaines, des archéologues se sont penchés sur le chevet de l'ancienne abbaye pour en comprendre l'histoire.

Les moines de l'abbaye de Nanteuil aimaient les reliques. Ils en possédaient une belle collection qu'ils stockaient dans le trésor, une tour attenante à l'abbaye. Certaines d'entre elles, les plus précieuses, étaient présentées dans le chevet de l'édifice, et les fidèles venaient s'y recueillir devant, afin de sauver leur âme.

La municipalité de Nanteuil-en-Vallée, important lieu de pèlerinage aux XIe et XIIe siècles, a décidé de creuser ce passé glorieux. Au propre comme au figuré : après avoir racheté le terrain sur lequel se trouve l'ancienne abbaye bénédictine, elle a fait appel à une société d'archéologie, Hadès, pour des fouilles sur le site. Avec le soutien financier de l'État, via la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), et du Conseil général de Charente, elles ont pu démarrer le 25 juillet. Dans un double objectif : mieux connaître l'histoire du lieu et mettre en valeur ce pan de patrimoine.

Près d'un tas d'ossements ocre, une tête émerge d'un trou. Celle de Patrick Bouvart, l'un des deux archéologues qui supervisent le chantier. En surplomb, son confrère Jean-Luc Piat. « Les trous correspondent à des sépultures, explique ce dernier. Beaucoup souhaitaient être enterrés près des reliques. » Pour les chercheurs, les os sont utiles : ils permettent de donner des indications de dates.

Poser des jalons chronologiques était l'un des objectifs, réussis, de l'opération. « Nous disposons désormais d'éléments plus sûrs, se réjouit Jean-Luc Piat. Grâce à cette campagne, nous savons notamment que l'abbaye a connu plusieurs phases de construction à l'époque romane, sans doute à cause d'un problème d'eau. »

Avis aux amateurs d'Indiana Jones : ni vraie croix, ni couronne d'épine du Christ n'ont émergé de ces fouilles-là. Mais ce n'était pas vraiment le but. « Maintenant, nous pouvons établir un plan précis du chevet de l'abbaye », indique Jean-Luc Piat. Les chercheurs ont ainsi pu mettre au jour son déambulatoire, une galerie autour du chœur où les pèlerins pouvaient circuler.

Autre point positif, l'intérêt de la population pour le chantier. Durant les deux semaines de fouilles, élus et curieux se sont pressés autour du chantier. Des bénévoles du cru ont même prêté main-forte aux archéologues et aux étudiants œuvrant sur le site. « J'ai senti de l'engouement, note Jean-Luc Piat. Ce n'est pas le cas partout. »

Pour la clôture, la municipalité a donc organisé une visite du chantier par les archéologues d'Hadès. Les curieux pourront se rendre sur le site entre 17 h 30 et 18 h 30. En attendant le retour des chercheurs l'été prochain.

« Cette fois, nous nous attaquerons au trésor », note Jean-Luc Piat en désignant la tour carrée qui surplombe les fouilles. L'opération pourrait s'étaler sur six années. L'abbaye de Nanteuil n'a pas fini de livrer ses secrets.