Ce pourrait être un grand pas dans la lutte contre l’éradication du Sida. Un médicament sans effet secondaire apparent chez l’Homme pourrait faire sortir de sa cachette le VIH latent, celui qui résiste aux thérapies classiques. Combiné à une autre thérapie, ce médicament mènerait à la destruction totale du virus. Une stratégie de vaccination est déjà proposée.
Et si l’on entrevoyait la possibilité de se débarrasser définitivement du VIH ? C’est l’espoir qui prédomine à la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI), rendez-vous annuel des spécialistes du Sida, à Seattle. Une équipe vient d’y annoncer avoir trouvé le moyen d’exposer la partie virale cachée sans produire d'effets secondaires sur l’Homme, tandis que d’autres chercheurs ont montré qu’un vaccin approprié pouvait entraîner la destruction des dernières cellules infectées.
Reprenons les choses dans l’ordre. Aujourd’hui, l’infection par le VIH conduit au Sida, une maladie mortelle qu’on ne sait pas encore guérir. Il existe cependant des thérapies qui permettent de diminuer considérablement la charge virale et de ralentir la progression de l’immunodéficience. Aussi efficaces soient-ils, ces traitements ne parviennent pas à éliminer les formes virales latentes.
Ce rétrovirus incruste son ADN dans celui des cellules hôtes et n’est plus transcrit : il devient silencieux mais n’est pas mort pour autant. Dès l’arrêt des thérapies, il recouvre son activité et l’infection reprend de plus belle. Les malades doivent donc prendre à vie des traitements lourds, engendrant des effets secondaires, et qui favorisent la résistance du VIH aux médicaments. Même si une étude vient de montrer que les interférons alpha, molécules naturellement produites par le système immunitaire, pouvaient en partie réduire la charge virale en lieu et place des trithérapies, les espoirs restent encore mesurés.
L’objectif des chercheurs consiste donc à obliger ce VIH latent à se manifester pour ensuite mieux le détruire. Cette première partie du problème pourrait bien avoir trouvé l’une de ses solutions, à en croire l’annonce faite lors de la conférence par David Margolis, de l’université de Caroline du Nord.
De précédentes recherches avaient montré qu’un principe actif, nommé SAHA (pour suberoylanilide hydroxamic acid), pouvait produire cet effet en s’attaquant aux enzymes qui maintiennent le VIH caché. Mais il n’avait jamais été utilisé dans ce but chez l’Homme. C’est désormais chose faite.
Six personnes ont été traitées avec cette molécule afin de vérifier son effet in vivo sur les lymphocytes T4, les cellules du système immunitaire ciblées par le VIH. Les chercheurs ont constaté cinq fois plus d’ARN viral chez leurs patients qu’avant administration, preuve de l’efficacité du traitement.
Cependant, cette découverte à elle seule ne permet pas de guérir du Sida. Les spécialistes s’accordent pour dire qu’une approche en deux temps est nécessaire. Après avoir fait sortir le virus de son état de latence, il faut amener le système immunitaire à se débarrasser de ses cellules infectées.
Il faudra du temps pour trouver la bonne combinaison médicamenteuse, définir leur utilisation commune et trouver le mode d’administration le plus pertinent. Cependant, hasard du calendrier ou non, une étude parue le 8 mars dans la revue Immunity, démontre qu’il est possible, in vitro, de stimuler les défenses immunitaires pour détruire les dernières traces du virus.
À l’origine de ce travail figure Robert Siliciano, celui-là même qui en 1995 avait découvert que le VIH existait sous forme latente. Lui et ses collègues de l’université John-Hopkins ont confirmé que le SAHA seul ne suffisait pas à éliminer le rétrovirus. Mais une réactivation de l’immunité par vaccination préalable à la réactivation virale poussait les lymphocytes T cytotoxiques anti-VIH à exterminer les cellules infectées.
Pour cela, ils ont injecté chez des patients des petits morceaux de protéines virales afin de stimuler chez eux la prolifération de cellules immunitaires ciblant spécifiquement les antigènes du virus. Ils en ont fait de véritables tueurs une fois que le SAHA révélait la présence du VIH. Cette piste pourrait donc être très intéressante. Encore faut-il qu’elle révèle son efficacité in vivo.
Si la fin du Sida n’est pas pour demain, chaque découverte démontre qu’on se rapproche pas à pas de la solution. Ce fléau de la fin du XXe siècle pourrait être contré dès les premières décennies du XXIe. Alors qu’il a fallu plusieurs siècles pour éradiquer la peste de nos contrées.
source : http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/medecine/d/sida-laespoir-de-racmission-complate-se-rapproche_37358/
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