Ce livre de Pierre Guérin, publié en 2000 est, à mon sens à classer dans les « indispensables » du rayon ufologie. Mais il pourrait être aussi un très bon livre de sociologie par les réflexions de l’auteur au sujet du rapport entre le dossier qui nous préoccupe et le monde dit « scientifique ». Je renvoie les lecteurs de cet article à une petite biographie de l’auteur, malheureusement décédé la même année que la parution de l’ouvrage dont il est ici question.
Dès les premières pages, dans l’avant-propos, le ton est donné : voici un scientifique à l’esprit ouvert (preuve que çà existe) et qui remet à sa place le rôle du jugement de quelques mandarins, semblant posséder la science infuse, face à la thématique Ovni.
Page 8 : « Ce qui m’a toujours frappé lors des conversations que j’ai pu avoir tout au long de ma carrière d’astrophysicien, c’est le rôle prédominant, et à mon avis exagéré, que revêt, dans l’esprit de la plupart des gens, l’opinion des scientifiques pour savoir à quoi il faut s’en tenir sur telle ou telle question faisant l’objet de vives controverses.(…)
Et c’est là que nous en arrivons à l’une des principales raisons qui m’ont conduit à écrire ce livre. Comment est-il concevable, me diront ceux qui nient les ovnis, ou plus généralement ceux dont l’opinion reste flottante, que vous puissiez, vous qui êtes un scientifique, « croire » aux ovnis, alors que la plupart de vos collègues récusent leur existence ? (…)
Il m’a paru fondamental de répondre à ce genre d’objection, qui se fonde premièrement sur le postulat que si, à un moment donné, la majorité des membres de la communauté scientifique pense d’une certaine façon, elle est probablement dans le « vrai » et la minorité qui pense autrement dans « l’erreur » ; deuxièmement, sur une vision idéalisée du jugement des scientifiques face à un sujet qui soulève des problèmes inhabituels d’ordre philosophique et métaphysique, comme c’est le cas de la question des ovnis ainsi qu’on le verra dans le cours de cet ouvrage. »
Le chapitre qui suit est intitulé « premier contact avec les ovnis ». On y retrouve de façon assez classique un bref historique du phénomène, des descriptions, le rapport entre le phénomène et la science, et le thème de la nature des « preuves » .
Désinformation (et règlements de comptes)
Où il est question de l’expérimentation scientifique et de ses limites…
Page 52 : « les chercheurs qui travaillent en laboratoire à la paillasse ont trop souvent tendance à croire, suivant en cela les préceptes enseignés au XIXe siècle par Claude Bernard, que la méthode expérimentale implique que les expériences soient répétables à la demande et portent à chaque fois sur le même objet pour être scientifiquement valables. Or, cela est complètement faux. Il est courant en astrophysique et en géophysique que l’on ait affaire à des phénomènes transitoires et imprévisibles (comme les rentrées de bolides dans l’atmosphère, les pluies d’étoiles filantes, les novae, les séismes) qui, non seulement ne sont pas répétitifs à la demande, mais concerne d’une fois à l’autre des objets ou des sites différents. On est bien obligé d’attendre que ces phénomènes surgissent, pour les étudier. »
Y figurent également deux exemples (le « debunker » scientifique et le sociopsychologue) qui intéresseront le lecteur au sujet de la désinformation et du rejet quasi pathologique (voir idéologique) de la part de certaines personnes, d’une réalité que d’aucuns ont vécue de façon quasi intime.
Page 61 : « Quelques scientifiques français acharnés à « déboulonner » les ovnis ne sont pas en reste, eux aussi, pour amputer les témoignages de leurs détails significatifs (…)
Le troisième enfin, et non le moindre, qui a une très haute idée de lui-même, se sent apparemment investi d’une mission : celle d’assurer la prophylaxie mentale de la population en luttant contre l’irrationnel et l’obscurantisme dont relèverait en particulier, selon lui, la « croyance » aux ovnis. Encore faudrait-il préciser ce que l’on doit entendre par « irrationnel ». Car on n’en arrive parfois à se demander si notre homme ne met pas dans le même sac le chercheur qui étudie les ovnis et le numérologue qui prédit l’avenir de son client à partir du numéro de sa carte de sécurité sociale. »
On aura ici reconnu, sans doute possible, l’astrophysicien André Brahic.
Petite digression sur ce thème :
Je reconnais n’avoir pris connaissance que très récemment de l’opinion de cet astronome sur le sujet qui nous intéresse, et ce par la lecture du livre de Pierre Guérin, puis par des recherches afin d’approfondir, par ce texte (loué soit le Web) : http://sapiensweb.free.fr/editoriaux/1-edit9.htm
J’avais déjà entendu quelques discours, sur un ton enthousiaste et très vivant, de ce monsieur au sujet de la possibilité de vie E.T. Et j’avais même nettement apprécié ses positions à ce sujet.
Mais quelle déception à la lecture de l’extrait de son livre « Enfants du soleil, histoire de nos origines ». Et surtout quelle mauvaise foi évidente (ou quelle méconnaissance dramatique du dossier, ce qui revient au même) lorsqu’il affirme :
« Il est quand même étonnant que les milliers d’astronomes professionnels, dont le métier est d’observer le ciel jour et nuit dans toutes les longueurs d’onde et dans toutes les directions, et qui se sont dotés des instruments les plus élaborés, n’aient jamais observé le moindre signe d’intelligence extraterrestre. Si l’on en croit certains rapports, tout se passe comme si les extraterrestres ne se montraient qu’à ceux qui n’ont aucune culture scientifique ! »
Et que penser de cette phrase, d’une condescendance outrageante pour ceux et celles qui auront passé des années à étudier le dossier :
« Mettons les choses au point : l’auteur de ces lignes n’a aucun ressentiment contre ceux qui croient aux soucoupes volantes, il éprouverait même de la sympathie pour leur côté rêveur. »
Sympathie pour leur côté rêveur ?! « Croire » aux soucoupes ? Un ange passe… Continuons.
Page 61 : « Sans doute aussi dangereux que cet astrophysicien toujours prêt à « stigmatiser » ceux qui ne pensent pas comme lui, il nous faut citer également un jeune sociopsychologue qui prétend ne pas nier les Ovnis, mais fait tout pour que l’on doute de leur réalité, manipule avec habileté les témoignages sur l’affaire de Roswell pour ne retenir que ceux pouvant aller dans le sens de l’explication officielle par la chute d’un ballon, et omet de citer les autres que, cependant, il connaît bien et qui accrédite au contraire très fortement la thèse du crash d’un ovni et de ses occupants. Selon ce chercheur, si un ovni s’était écrasé, il aurait été impossible de garder la chose secrète pendant tant d’années (…)
Dans une communication privée, le sociopsychologue dont je parle m’a assuré que son refus de la thèse du crash d’un ovni à Roswell, tout comme ses doutes sur la réalité même de l’existence des ovnis, ne participaient d’aucune consigne en vue de cacher la vérité au public, mais seulement d’une conviction personnelle. Il reste pourtant que, dans le livre qu’il a écrit comme dans ses articles, il joue constamment avec les faits en modifiant ou en omettant les détails qui le gênent, ce qui ne le différencie pas des autres debunkers qui utilisent les mêmes méthodes. Il connaît parfaitement les dossiers, et s’il n’est pas conscient de tromper l’opinion, alors j’avoue que sa pensée m’échappe. »
Ici tout indique que c’est le sociologue Pierre Lagrange qui est visé.
Le qualificatif de « dangereux », utilisé par Pierre Guérin à son sujet me paraît bien excessif.
De plus, la dernière phrase de l’auteur me laisse un peu dans l’expectative. Comment en effet ne pas comprendre qu’en ménageant, tantôt les sceptiques, et tantôt les personnes persuadées de l’existence réelle des ovnis, ce monsieur augmente la portée de ses ouvrages et donc, plus pragmatiquement, la quantité de ses ventes et son importance médiatique ? De plus, en ménageant ainsi « la chèvre et le chou » il refuse d’entrer dans le débat de fond alors que toutes les pièces de dossier lui sont parfaitement connues.
Il ne monte sur le ring que pour mieux se placer, en quelque sorte, en position d’arbitre. Très plaisante position s’il en est. Mais pas forcément la plus courageuse, et ce qu’elle que pourrait être sa position personnelle sur le fond du sujet.
Un rejet idéologique
Concernant ce qu’il faut bien appeler un rejet quasi idéologique de la part de certains scientifiques ou simples citoyens, voici un texte extrait de l’ouvrage qui mérite d’être réfléchi.
Page 70 : « le paradigme moderne dans lequel chacun baigne en Occident s’accommode certes, pour les croyants, d’un Dieu invisible omniprésent et transcendant, mais non de puissances célestes personnalisées responsables de la foudre, des vents et des marées, ou encore des miracles qu’au demeurant, la religion catholique considère aujourd’hui avec quelque suspicion. Et cela est fort bien. Mais du coup, l’homme s’est vu devenir le maître de la Terre qu’il n’était point autrefois. Et il s’y est habitué. Pourtant, il ne faudrait pas trop gratter pour retrouver les vieilles peurs ancestrales. La crainte plus ou moins consciente de voir resurgir les puissances célestes dans notre environnement, non plus sous la forme de Dieu ou de démons, mais sous celle d’extraterrestres tout-puissants maîtrisant une science dépassant la notre, entretient chez le scientifique, par réaction de défense, le paradigme rassurant de notre isolement cosmique en suscitant le doute à propos des Ovnis, voire leur négation totale. Quant au public, il évacue la menace potentielle en ne se sentant ni concerné, ni préoccupé par ses conséquences possibles. »
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