Origine mystérieuse
Parias parmi les parias, les Cagots peuvent être comparés aux intouchables indiens.
Ils furent présents dans toute l’Europe au moyen âge ; en Bretagne, dans le Bas-Poitou, en Guyenne, en Gascogne, dans le pays basque, en Navarre et surtout en Béarn.
Les montagnes des Pyrénées, pourtant terres de refuge, où les ségrégations eurent peu de prises, terre des Cathares, furent néanmoins le lieu où le phénomène des Cagots fût le plus appuyé.
Leur origine reste mystérieuse, plusieurs thèses sont évoquées, allant de wisigoths battus par Clovis à Poitiers, aux Sarazins, juifs, cathares, lépreux…Il est cependant probable qu’ils soient les descendants d’un peuple vaincu par les armes.
Le nom même de " cagot " est d’origine incertaine, il peut venir de " cangoth " : les chiens de Ghoth. On retrouve aussi les termes de Gézitain, Chrestians, Gahets, Capots, Agots…
Pas le moindre droit
Race maudite à vie, leur condition était mentionnée dès la naissance dans l’acte de baptême, célébré à la nuit tombée, sans carillons. Ils ne portaient pas de nom mais un prénom suivi du terme Chrestiaa, Cagot, Gézitain. Une fois morts ils étaient inhumés à l’écart des " vrais chrétiens ".
Parmi la longue liste des interdits on peut citer : le mariage avec des non cagots, l’exercice de certains métiers en rapport avec l’eau, la terre, le feu, les aliments, porter une arme ou un objet tranchant…À l’origine des ces interdictions on retrouvait la peur de la lèpre dont les cagots étaient tous censés êtres infectés.
Malgré ces interdictions draconiennes, ils peuvent occuper des postes de chirurgiens ou sages-femmes et on leur prête des vertus de guérisseurs. La plupart sont charpentiers, vanniers, tisserands, maçons, parfois réputés et appréciés pour leur travail, d’autant que, généralement, ils ne reçoivent pas de salaire et sont seulement exonérés d’impôt.
Dans certains endroit ils devaient porter une patte de canard ou d’oie d’étoffe rouge cousue sur leurs vêtements.
Exemplaire contemporain d’un bénitier de Cagots en l’église de Saint Savin
Ils sont parqués au fond de l’église lors de l’office, ils ont un bénitier distinct, parfois même ils ont une porte spéciale, plus petite, les obligeant à se courber pour entrer.
Ils vivent dans des quartiers spéciaux, souvent en lieu et place d’anciennes léproseries, vont chercher l’eau à des fontaines spéciales. Malheur à celui qui oublierait sa condition et ses contraintes : en 1741, un cagot maître charpentier de Moumour eut les pieds percés au fer rouge pour avoir voulu cultiver la terre.
Malgré cette disgrâce, ils dépendent directement de l’église et non de la commune (jurat) ou des vicomtes.
Une petite chanson
Bien que considérés plus comme des bêtes que comme des hommes, ils n’en manquaient pas moins d’esprit comme en atteste cette chanson :
Des hommes normaux
En tant qu’êtres maléfiques et nuisibles, on les affuble de toutes sortes de tares ; bien entendu ils dégagent une haleine fétide, ils auraient même les pieds palmés ou les oreilles dépourvues de lobes, ce fait sert aujourd’hui à certains illuminés à affirmer qu’il s’agissait en fait d’extra terrestres !
Plus sérieusement aucun signe particulier ne les distinguait vraiment. Plusieurs témoignages les décrivent blonds aux yeux bleus, ce qui accrédite la thèse d’origines nordiques. Des médecins experts nommés par le parlement de Bordeaux avaient d’ailleurs déclaré que les Cagots étaient tout à fait indemnes de toute atteinte pathologique.
Intégration et disparition
Avec le relâchement de la ségrégation, le sang des Cagots s’est étendu dans la population et beaucoup de béarnais en sont les descendants. Sous Louis XIV, l’emploi de termes discriminatoires à leur égard fut interdit, ce qui n’empêcha pas leur usage détourné. La dernière inhumation mentionnée dans le cimetière des Chrestians date de 1692. Par la suite le terme de Cagot perdura pour désigner bohémien, faux dévot, hypocrite, jusqu’à Molière qui l’employa au XVIIe siècle dans " Tartuffe "
Aujourd’hui, bien qu’appartenant au passé, le souvenir peu glorieux des Cagots est présent dans le Béarn, et ce n’est que depuis peu que les Béarnais se penchent sur cet épisode de leur histoire à travers une exposition permanente au château des Nestes à Arreau.
Quelques faits
733 : Des fugitifs de l’armée du général arabe Abderrahman vaincus à Poitiers, sont réduits par les Campons entre le fleuve Adour et le Prieuré Saint-Paul. Les survivants ont, peut-être, constitué la première colonie des " Cagots ".
1288 : première mention du terme de Cagot.
1580 : Les Cagots, avec l’accord des Consuls et du Recteur, construisent eux-mêmes leur propre chapelle dédiée à Saint Sébastien dans la vallée de campan.
1691 : Violent incendie dans la vallée de Campan. L’église est détruite et sera remise en état, comme en 1597, par les Cagots.
1642 : dernier acte de baptême faisiant état du terme de Cagot.
1692 : dernière inhumation mentionnée dans un cimetière des Chrestians
2002 : première exposition permanente sur les Cagots au château des Nestes à Arreau (64)
Parias parmi les parias, les Cagots peuvent être comparés aux intouchables indiens.
Ils furent présents dans toute l’Europe au moyen âge ; en Bretagne, dans le Bas-Poitou, en Guyenne, en Gascogne, dans le pays basque, en Navarre et surtout en Béarn.
Les montagnes des Pyrénées, pourtant terres de refuge, où les ségrégations eurent peu de prises, terre des Cathares, furent néanmoins le lieu où le phénomène des Cagots fût le plus appuyé.
Leur origine reste mystérieuse, plusieurs thèses sont évoquées, allant de wisigoths battus par Clovis à Poitiers, aux Sarazins, juifs, cathares, lépreux…Il est cependant probable qu’ils soient les descendants d’un peuple vaincu par les armes.
Le nom même de " cagot " est d’origine incertaine, il peut venir de " cangoth " : les chiens de Ghoth. On retrouve aussi les termes de Gézitain, Chrestians, Gahets, Capots, Agots…
Pas le moindre droit
Race maudite à vie, leur condition était mentionnée dès la naissance dans l’acte de baptême, célébré à la nuit tombée, sans carillons. Ils ne portaient pas de nom mais un prénom suivi du terme Chrestiaa, Cagot, Gézitain. Une fois morts ils étaient inhumés à l’écart des " vrais chrétiens ".
Parmi la longue liste des interdits on peut citer : le mariage avec des non cagots, l’exercice de certains métiers en rapport avec l’eau, la terre, le feu, les aliments, porter une arme ou un objet tranchant…À l’origine des ces interdictions on retrouvait la peur de la lèpre dont les cagots étaient tous censés êtres infectés.
Malgré ces interdictions draconiennes, ils peuvent occuper des postes de chirurgiens ou sages-femmes et on leur prête des vertus de guérisseurs. La plupart sont charpentiers, vanniers, tisserands, maçons, parfois réputés et appréciés pour leur travail, d’autant que, généralement, ils ne reçoivent pas de salaire et sont seulement exonérés d’impôt.
Dans certains endroit ils devaient porter une patte de canard ou d’oie d’étoffe rouge cousue sur leurs vêtements.
Exemplaire contemporain d’un bénitier de Cagots en l’église de Saint Savin
Ils sont parqués au fond de l’église lors de l’office, ils ont un bénitier distinct, parfois même ils ont une porte spéciale, plus petite, les obligeant à se courber pour entrer.
Ils vivent dans des quartiers spéciaux, souvent en lieu et place d’anciennes léproseries, vont chercher l’eau à des fontaines spéciales. Malheur à celui qui oublierait sa condition et ses contraintes : en 1741, un cagot maître charpentier de Moumour eut les pieds percés au fer rouge pour avoir voulu cultiver la terre.
Malgré cette disgrâce, ils dépendent directement de l’église et non de la commune (jurat) ou des vicomtes.
Une petite chanson
Bien que considérés plus comme des bêtes que comme des hommes, ils n’en manquaient pas moins d’esprit comme en atteste cette chanson :
Encoère que Cagots siam
Encore que nous soyons Cagots,
Nou nous en dam !
nous ne nous en faisons pas !
Touts em hilho deu pay Adam !
Nous sommes tous fils du père Adam !
Des hommes normaux
En tant qu’êtres maléfiques et nuisibles, on les affuble de toutes sortes de tares ; bien entendu ils dégagent une haleine fétide, ils auraient même les pieds palmés ou les oreilles dépourvues de lobes, ce fait sert aujourd’hui à certains illuminés à affirmer qu’il s’agissait en fait d’extra terrestres !
Plus sérieusement aucun signe particulier ne les distinguait vraiment. Plusieurs témoignages les décrivent blonds aux yeux bleus, ce qui accrédite la thèse d’origines nordiques. Des médecins experts nommés par le parlement de Bordeaux avaient d’ailleurs déclaré que les Cagots étaient tout à fait indemnes de toute atteinte pathologique.
Intégration et disparition
Avec le relâchement de la ségrégation, le sang des Cagots s’est étendu dans la population et beaucoup de béarnais en sont les descendants. Sous Louis XIV, l’emploi de termes discriminatoires à leur égard fut interdit, ce qui n’empêcha pas leur usage détourné. La dernière inhumation mentionnée dans le cimetière des Chrestians date de 1692. Par la suite le terme de Cagot perdura pour désigner bohémien, faux dévot, hypocrite, jusqu’à Molière qui l’employa au XVIIe siècle dans " Tartuffe "
Aujourd’hui, bien qu’appartenant au passé, le souvenir peu glorieux des Cagots est présent dans le Béarn, et ce n’est que depuis peu que les Béarnais se penchent sur cet épisode de leur histoire à travers une exposition permanente au château des Nestes à Arreau.
Quelques faits
733 : Des fugitifs de l’armée du général arabe Abderrahman vaincus à Poitiers, sont réduits par les Campons entre le fleuve Adour et le Prieuré Saint-Paul. Les survivants ont, peut-être, constitué la première colonie des " Cagots ".
1288 : première mention du terme de Cagot.
1580 : Les Cagots, avec l’accord des Consuls et du Recteur, construisent eux-mêmes leur propre chapelle dédiée à Saint Sébastien dans la vallée de campan.
1691 : Violent incendie dans la vallée de Campan. L’église est détruite et sera remise en état, comme en 1597, par les Cagots.
1642 : dernier acte de baptême faisiant état du terme de Cagot.
1692 : dernière inhumation mentionnée dans un cimetière des Chrestians
2002 : première exposition permanente sur les Cagots au château des Nestes à Arreau (64)
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