Un mystère pyrénéen : les cagots
Cagot: XVI ème siècle; du béarnais cagar (chier) (d’après A. Dauzat - Dictionnaire étymologique)
Par Jean BLASPHEME
Ceux qui croient que les Pyrénées sont apprivoisées depuis fort longtemps se trompent lourdement. Malgré les recherches et les expéditions tardives du XIXème siècle, appelées communément par ce flot bourgeois en quête d’aventures et de frisson “Le mouvement Pyrénéiste”, il faudra attendre le tremblement de terre de 1967 pour qu’enfin le refuge de celle (Pyrène) qui a donné son nom à notre monde soit totalement découvert. Les Pyrénées sont une terre d’effroi aux multiples légendes, avec des dieux mystérieux et terribles, aux appellations d’origine inconnue. Elles recèlent surtout des hommes étranges et solitaires, jaloux de leurs secrets, de leur indépendance et de leur différence. “L’isolement des peuples pyrénéens dans les cellules de leurs vallées défendues des invasions massives par les étroits verrous des gorges a permis aux premiers types humains auxquels ils appartenaient de se maintenir sans changement, au cours des siècles, dans de nombreux refuges montagnards où seule l’émigration contemporaine a commencé à les métisser” (Pyrénées Mystérieuses -Tchou).
De ces hommes découle le sombre mystère tardivement appelé à partir du XVIème siècle: “Cagot”.
Et mystère, il y a bien! qu’on en juge...
1)- Bien qu’exclus de la communauté chrétienne, ils étaient protégés par l’Eglise.
2)- Ils n’étaient pas soumis aux impôts et taxes.
3)- Ils devaient porter une patte d’oie pour indiquer leur appartenance.
4) - Ils sont présents dans toutes les constructions militaires et religieuses jusqu’au XVIème siècle.
A l’écart du monde.
Pour tenter d’expliquer ces particularités nous allons examiner à grands traits quelques repères de leur histoire. Beaucoup d’auteurs ont parlé savamment des cagots en puisant leurs connaissances dans les divers documents ecclésiastiques, parlementaires (Bordeaux, Toulouse, Pau...), chroniques et chansons, mais aucun n’est allé au fond des choses, à savoir, d’où venaient réellement ces cagots. Ce qui perturbe les chercheurs, c’est cette propre volonté (dès l’origine) de rester à l’écart du reste du monde. Ce geste, ou plutôt cette hargne d’être indépendant, fut interprétée par tous, comme une prétendue exclusion sociale proférée par le monde non-cagot. Certes, le terme “Cagot” est devenu un terme péjoratif, et même insultant, mais c’est seulement au XVIIème siècle que cela apparut, époque où l’utilité technique de ces maîtres bâtisseurs n’était plus probante. Cette volonté de rester libre et d’assurer la pérennité de leur clan fait partie du bagage culturel des cagots.
Une origine pré-celtique.
Ceux ci sont, sans aucun doute, issus des peuplades aurignaciennes (Civilisation Chasséenne) qui fuirent devant l’invasion celtique en se retranchant dans les montagnes sauvages des Pyrénées et ce, de part et d’autre des deux versants. Plus tard, ils furent en conflit avec les Romains et les Volsques (Tribu gauloise) pour les mines, les points stratégiques et les marchés. Dans cette situation, c’est aisément que Sertorius (Consul espagnol en révolte contre Rome) les rallia à sa cause avec succès contre Rome. Mais Pompée, après quelques revers, fut le vainqueur magistral et dans un trait de génie, diplomatique et économique, usa à leur égard d’une politique de générosité et de clémence. Au lieu de détruire ces populations ennemies (ou les mettre en esclavage), il les réunit autour de Logdunum Convenarum en divers Pagus. Une collaboration économique et artistique fut entamée. Par ailleurs, grâce à cette coopération nous retrouvons de nos jours les traces des cultes auxquels les romains et les peuples locaux s’adonnaient sur les murs tant intérieurs qu'extérieurs des chapelles, églises etc...
Tolérés par l’Eglise.
Avec ce partenariat romain, ils exploitèrent davantage leurs mines et surtout leurs marbreries. Leur technique de construction trouvera son apothéose dans les cathédrales et châteaux forts; leur talent de sculpteurs se développera pour atteindre la perfection qui suscite toujours l’admiration au sein des musées du sud-ouest. Ainsi une ère de prospérité s’entama dans la Pax-Romana, tant et si bien que l’empereur Auguste accorda à cette cité et alentour le droit romain sans toutefois être soumis à l'impôt. Ce point historique fut déterminant; il fixa là définitivement le sort de nos futurs cagots... en effet, cette peuplade non gauloise, jalouse de son indépendance refusa son “privilège” d’être citoyen romain. De là, aucune charge politique et sociale ne leur furent échues. Nous retrouverons dans les siècles suivants ce rappel constant dans les chroniques du sud-ouest. Ils continuèrent à collaborer avec Rome et à améliorer leur technique mais ils restaient en dehors du monde Gallo-Romain. Lorsque le christianisme fit son apparition, rien ne changea, puisque celui-ci calqua dans ses premières heures ce droit, qu’il modifia au fur et à mesure de ses besoins, au fil des siècles; c’est sans trop de difficulté que nos cagots ont continué à être ce qu’ils étaient grâce à leurs talents de constructeurs. Non soumis à l'impôt, protégés par l’Eglise, libres et indépendants, leur sort était enviable...
Victimes des jalousies.
Il est évident que l’autonomie des cagots dut sous-tendre des jalousies...tant des manants que des bourgeois, que les divers impôts et taxes accablaient (Il serait quand même curieux de comparer le poids de la charge fiscale à cette époque et de nos jours...) On les accusait de façon récurrente d’empoisonner les puits et les animaux... c’était apparemment la coutume à cette époque de proférer de telles accusations . Tour à tour, on les fit descendre des wisigoths, ou encore des lépreux et la légende qui voulait qu’ils fussent des parias n’a pas lieu d’être, sauf pour une propagande post-révolutionnaire plus soucieuse de justifier ses crimes que de vérité historique. D’ailleurs, il faut souligner que la disparition des cagots est bien l’oeuvre de la Révolution, fière de niveler les différences et les particularismes, dogme qui perdurera jusqu’à nous au travers des Jules Ferry et autres Chevenement. En tout cas l’aventure cagote aura duré 18 siècles et subsiste encore à travers une formidable légende.
Bibliographie:- Petite histoire de cagots. Michel Marsan /1997
- Histoire des races maudites de la France et de l’Espagne. Francisque Michel. Ed. Ellcar /1983
- Saint Béat. L’abbé Vignes. Belisane /2000.
- Guide des Pyrénées mystérieuses. Bernard Duhoureau. Tchou
- Histoire secrète du Pays Basque de M. Lamy /1980
- Les Cagots, une race maudite de L.E Cabarrouy/1994
Cagot: XVI ème siècle; du béarnais cagar (chier) (d’après A. Dauzat - Dictionnaire étymologique)
Par Jean BLASPHEME
Ceux qui croient que les Pyrénées sont apprivoisées depuis fort longtemps se trompent lourdement. Malgré les recherches et les expéditions tardives du XIXème siècle, appelées communément par ce flot bourgeois en quête d’aventures et de frisson “Le mouvement Pyrénéiste”, il faudra attendre le tremblement de terre de 1967 pour qu’enfin le refuge de celle (Pyrène) qui a donné son nom à notre monde soit totalement découvert. Les Pyrénées sont une terre d’effroi aux multiples légendes, avec des dieux mystérieux et terribles, aux appellations d’origine inconnue. Elles recèlent surtout des hommes étranges et solitaires, jaloux de leurs secrets, de leur indépendance et de leur différence. “L’isolement des peuples pyrénéens dans les cellules de leurs vallées défendues des invasions massives par les étroits verrous des gorges a permis aux premiers types humains auxquels ils appartenaient de se maintenir sans changement, au cours des siècles, dans de nombreux refuges montagnards où seule l’émigration contemporaine a commencé à les métisser” (Pyrénées Mystérieuses -Tchou).
De ces hommes découle le sombre mystère tardivement appelé à partir du XVIème siècle: “Cagot”.
Et mystère, il y a bien! qu’on en juge...
1)- Bien qu’exclus de la communauté chrétienne, ils étaient protégés par l’Eglise.
2)- Ils n’étaient pas soumis aux impôts et taxes.
3)- Ils devaient porter une patte d’oie pour indiquer leur appartenance.
4) - Ils sont présents dans toutes les constructions militaires et religieuses jusqu’au XVIème siècle.
A l’écart du monde.
Pour tenter d’expliquer ces particularités nous allons examiner à grands traits quelques repères de leur histoire. Beaucoup d’auteurs ont parlé savamment des cagots en puisant leurs connaissances dans les divers documents ecclésiastiques, parlementaires (Bordeaux, Toulouse, Pau...), chroniques et chansons, mais aucun n’est allé au fond des choses, à savoir, d’où venaient réellement ces cagots. Ce qui perturbe les chercheurs, c’est cette propre volonté (dès l’origine) de rester à l’écart du reste du monde. Ce geste, ou plutôt cette hargne d’être indépendant, fut interprétée par tous, comme une prétendue exclusion sociale proférée par le monde non-cagot. Certes, le terme “Cagot” est devenu un terme péjoratif, et même insultant, mais c’est seulement au XVIIème siècle que cela apparut, époque où l’utilité technique de ces maîtres bâtisseurs n’était plus probante. Cette volonté de rester libre et d’assurer la pérennité de leur clan fait partie du bagage culturel des cagots.
Une origine pré-celtique.
Ceux ci sont, sans aucun doute, issus des peuplades aurignaciennes (Civilisation Chasséenne) qui fuirent devant l’invasion celtique en se retranchant dans les montagnes sauvages des Pyrénées et ce, de part et d’autre des deux versants. Plus tard, ils furent en conflit avec les Romains et les Volsques (Tribu gauloise) pour les mines, les points stratégiques et les marchés. Dans cette situation, c’est aisément que Sertorius (Consul espagnol en révolte contre Rome) les rallia à sa cause avec succès contre Rome. Mais Pompée, après quelques revers, fut le vainqueur magistral et dans un trait de génie, diplomatique et économique, usa à leur égard d’une politique de générosité et de clémence. Au lieu de détruire ces populations ennemies (ou les mettre en esclavage), il les réunit autour de Logdunum Convenarum en divers Pagus. Une collaboration économique et artistique fut entamée. Par ailleurs, grâce à cette coopération nous retrouvons de nos jours les traces des cultes auxquels les romains et les peuples locaux s’adonnaient sur les murs tant intérieurs qu'extérieurs des chapelles, églises etc...
Tolérés par l’Eglise.
Avec ce partenariat romain, ils exploitèrent davantage leurs mines et surtout leurs marbreries. Leur technique de construction trouvera son apothéose dans les cathédrales et châteaux forts; leur talent de sculpteurs se développera pour atteindre la perfection qui suscite toujours l’admiration au sein des musées du sud-ouest. Ainsi une ère de prospérité s’entama dans la Pax-Romana, tant et si bien que l’empereur Auguste accorda à cette cité et alentour le droit romain sans toutefois être soumis à l'impôt. Ce point historique fut déterminant; il fixa là définitivement le sort de nos futurs cagots... en effet, cette peuplade non gauloise, jalouse de son indépendance refusa son “privilège” d’être citoyen romain. De là, aucune charge politique et sociale ne leur furent échues. Nous retrouverons dans les siècles suivants ce rappel constant dans les chroniques du sud-ouest. Ils continuèrent à collaborer avec Rome et à améliorer leur technique mais ils restaient en dehors du monde Gallo-Romain. Lorsque le christianisme fit son apparition, rien ne changea, puisque celui-ci calqua dans ses premières heures ce droit, qu’il modifia au fur et à mesure de ses besoins, au fil des siècles; c’est sans trop de difficulté que nos cagots ont continué à être ce qu’ils étaient grâce à leurs talents de constructeurs. Non soumis à l'impôt, protégés par l’Eglise, libres et indépendants, leur sort était enviable...
Victimes des jalousies.
Il est évident que l’autonomie des cagots dut sous-tendre des jalousies...tant des manants que des bourgeois, que les divers impôts et taxes accablaient (Il serait quand même curieux de comparer le poids de la charge fiscale à cette époque et de nos jours...) On les accusait de façon récurrente d’empoisonner les puits et les animaux... c’était apparemment la coutume à cette époque de proférer de telles accusations . Tour à tour, on les fit descendre des wisigoths, ou encore des lépreux et la légende qui voulait qu’ils fussent des parias n’a pas lieu d’être, sauf pour une propagande post-révolutionnaire plus soucieuse de justifier ses crimes que de vérité historique. D’ailleurs, il faut souligner que la disparition des cagots est bien l’oeuvre de la Révolution, fière de niveler les différences et les particularismes, dogme qui perdurera jusqu’à nous au travers des Jules Ferry et autres Chevenement. En tout cas l’aventure cagote aura duré 18 siècles et subsiste encore à travers une formidable légende.
Bibliographie:- Petite histoire de cagots. Michel Marsan /1997
- Histoire des races maudites de la France et de l’Espagne. Francisque Michel. Ed. Ellcar /1983
- Saint Béat. L’abbé Vignes. Belisane /2000.
- Guide des Pyrénées mystérieuses. Bernard Duhoureau. Tchou
- Histoire secrète du Pays Basque de M. Lamy /1980
- Les Cagots, une race maudite de L.E Cabarrouy/1994
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