Eaux glacées a déjà évoqué à plusieurs reprises l’action obstinée que conduit depuis plusieurs années un riverain de Villefranche-sur-Saône, qui a petit à petit mis à jour un gigantesque scandale environnemental, en matière de pollution de l’eau. Le scandale se poursuit depuis des décennies, en dépit des preuves accablantes patiemment réunies par notre lanceur d’alerte, qui vient d’obtenir en justice l’annulation de l’arrêté d’autorisation de fonctionnement d’une station d’épuration construite par Veolia, dont l’ancêtre, la Générale des eaux, gère les champs de captage et l’usine de production d’eau de Villefranche depuis 126 ans, un record. Notre homme vient à nouveau de porter plainte le 30 juillet 2009, dénonçant, preuves à l’appui, de multiples pollutions de l’eau d’origine industrielle, qui menacent la santé de plusieurs dizaines de milliers de personnes. Nous serions aux Etats-Unis, CNN en aurait déjà fait l’alter ego d’Erin Brokovich. A Villefranche-sur-Saône, l’eau potable produite par Veolia pour la ville alimente l’un des trois sites historiques de Bledina, aujourd’hui propriété de Danone, qui produit des céréales pour bébés, vendus dans près de 80 pays…
Notre homme a passé plusieurs jours dans le courant du mois de juillet 2009 dans les archives de Villefranche-sur-Saône et de la Préfecture.
Y découvrant notamment des informations troublantes sur les conditions dans lesquelles la Générale des eaux a réalisé des travaux sur les points de captages et l’usine d’eau potable de la ville en 1970, travaux qui n’ont aucunement concouru, douce litote, à améliorer la qualité des captages ni l’eau de la Saône, qui participent à égalité à l’alimentation de l’agglomération en eau potable.
Un passé qui ne passe pas. En 1895 le commissaire de police de Villefranche-sur-Saône dresse un procès-verbal attestant que la Générale des eaux distribue une « eau non potable ». La ville portera plainte contre l’entreprise en 1901, et obtiendra gain de cause en 1904.
A la même époque, en 1900, Lyon met un terme à la première concession française de la Générale des eaux, après que des centaines de cas de typhoïde se soient déclarés dans la ville, et reprend la gestion de son eau en régie. Il faudra attendre 1995 pour voir la Générale signer un nouveau contrat dans la capitale des Gaules…
Le 17 juillet 1973, le quotidien Rhône-alpin le Progrès publie un article qui va susciter d’intenses remous :
« Un certain nombre de cas de méningite virale et de coliques se sont déclarés ces derniers temps dans la région de Villefranche, alarmant, bien sûr la population. On a constaté parallèlement une modification profonde de la nature de l’eau proposée à la consommation des habitants de l’agglomération…
Pour en revenir à l’accident qui affecte la région de Villefranche, il apparait d’ores et déjà que la modification survenue dans la composition de l’eau est irréversible. Une teneur en manganèse exceptionnelle ressort notamment des contrôles effectués à la station de captage.
Pour tenter de remédier à cet état de fait, il est désormais nécessaire de repenser totalement la station, de mettre en place de nouveaux appareils susceptibles de neutraliser cette pollution : de 700 à 800 000 francs…
Qui paiera ?
Il faudra d’abord déterminer les responsabilités. Rien, semble-t-il, ne sera fait avant l’automne. Quoi qu’il en soit, nous a-t-on affirmé, l’eau qui coulera sur les robinets des habitants de Villefranche restera de très médiocre qualité… mais personne n’a osé nous dire qu’elle était dangereuse… »
Qui a payé, s’interroge aujourd’hui notre lanceur d’alerte ?
« Pas la Générale des eaux, bien que les services de l’Etat s’y soient employés.
La ville de Villefranche a défendu son délégataire, fait taire autoritairement tous les opposants, et enterré cette affaire dans les règles de l’art.
Ce sont les usagers de l’eau qui ont payé, et qui continuent de payer aujourd’hui en buvant une eau non potable en provenance directe de la Saône.
Le Maire de Villefranche fait paraître le lendemain 18 juillet 1973 un article dans Le Progrès intitulé « Les Caladois peuvent boire leur eau sans inquiétude (…) Les valeurs observées n’ont jamais dépassé les valeurs limites prescrites par la législation française »
Les normes sont respectées, tout va bien. Trente-six ans après, on a toujours le même discours !
La ville de Villefranche et la Générale ne sont pas contents des « fausses informations » parues dans la presse à l’époque, qui évoque, à juste titre (27 mètres entre la Saône et le drain captant), la relation entre la Saône et l’eau captée.
La Générale fait effectuer des analyses par l’institut Pasteur, organisme renommé et non critiquable, qui prouvent l’absence totale de relation entre la Saône et les captages.
La presse doit donc se taire.
Le 25 septembre 1973, une « grande » réunion générale a lieu, qui mobilise trente-cinq personnes, dont un journaliste du Progrès (qui doit arrêter de donner des informations « erronées »).
On note la présence de Monsieur Germain, maire de Villefranche, Monsieur Perrut, maire-adjoint, Madame Anne de Fleurieu, maire d’Arnas, les maires des autres communes (Limas, Gleizé, Jassans, Liergues), les représentants de la DDE, de la DDA, de la Compagnie Générale des Eaux, de la SDEI et du cabinet d’études Marc Merlin : 4 personnes dont Monsieur Marc Merlin en personne, dont on entendra parler quelques années plus tard lors de la retentissante « affaire Carignon » à Grenoble…
Dans le compte-rendu intitulé « 7° Qualité de l’eau », monsieur le Maire de Villefranche met l’assemblée au courant de l’incident relatif aux articles parus en juillet dans la presse concernant la qualité de l’eau et la « crevaison » de la nappe phréatique par les dragages en Saône. »
Comme à l’accoutumée « l’incident », ce n’est pas la mauvaise qualité de l’eau, mais c’est l’article paru dans la Progrès…
« L’eau de Saône a été analysée également. Elle est nettement différente de l’eau des pompages. », donc pas de relation entre la Saône et les captages, la presse s’est trompée…
Trente six ans après
« Aujourd’hui 30 juillet 2009, j’ai porté plainte à propos de la pollution générée par le site REGEMAT d’Arnas et pour les nouveaux rejets de colles à nouveau constatés dans le Nizerand le 29 juillet 2009."
Notre homme a passé plusieurs jours dans le courant du mois de juillet 2009 dans les archives de Villefranche-sur-Saône et de la Préfecture.
Y découvrant notamment des informations troublantes sur les conditions dans lesquelles la Générale des eaux a réalisé des travaux sur les points de captages et l’usine d’eau potable de la ville en 1970, travaux qui n’ont aucunement concouru, douce litote, à améliorer la qualité des captages ni l’eau de la Saône, qui participent à égalité à l’alimentation de l’agglomération en eau potable.
Un passé qui ne passe pas. En 1895 le commissaire de police de Villefranche-sur-Saône dresse un procès-verbal attestant que la Générale des eaux distribue une « eau non potable ». La ville portera plainte contre l’entreprise en 1901, et obtiendra gain de cause en 1904.
A la même époque, en 1900, Lyon met un terme à la première concession française de la Générale des eaux, après que des centaines de cas de typhoïde se soient déclarés dans la ville, et reprend la gestion de son eau en régie. Il faudra attendre 1995 pour voir la Générale signer un nouveau contrat dans la capitale des Gaules…
Le 17 juillet 1973, le quotidien Rhône-alpin le Progrès publie un article qui va susciter d’intenses remous :
« Un certain nombre de cas de méningite virale et de coliques se sont déclarés ces derniers temps dans la région de Villefranche, alarmant, bien sûr la population. On a constaté parallèlement une modification profonde de la nature de l’eau proposée à la consommation des habitants de l’agglomération…
Pour en revenir à l’accident qui affecte la région de Villefranche, il apparait d’ores et déjà que la modification survenue dans la composition de l’eau est irréversible. Une teneur en manganèse exceptionnelle ressort notamment des contrôles effectués à la station de captage.
Pour tenter de remédier à cet état de fait, il est désormais nécessaire de repenser totalement la station, de mettre en place de nouveaux appareils susceptibles de neutraliser cette pollution : de 700 à 800 000 francs…
Qui paiera ?
Il faudra d’abord déterminer les responsabilités. Rien, semble-t-il, ne sera fait avant l’automne. Quoi qu’il en soit, nous a-t-on affirmé, l’eau qui coulera sur les robinets des habitants de Villefranche restera de très médiocre qualité… mais personne n’a osé nous dire qu’elle était dangereuse… »
Qui a payé, s’interroge aujourd’hui notre lanceur d’alerte ?
« Pas la Générale des eaux, bien que les services de l’Etat s’y soient employés.
La ville de Villefranche a défendu son délégataire, fait taire autoritairement tous les opposants, et enterré cette affaire dans les règles de l’art.
Ce sont les usagers de l’eau qui ont payé, et qui continuent de payer aujourd’hui en buvant une eau non potable en provenance directe de la Saône.
Le Maire de Villefranche fait paraître le lendemain 18 juillet 1973 un article dans Le Progrès intitulé « Les Caladois peuvent boire leur eau sans inquiétude (…) Les valeurs observées n’ont jamais dépassé les valeurs limites prescrites par la législation française »
Les normes sont respectées, tout va bien. Trente-six ans après, on a toujours le même discours !
La ville de Villefranche et la Générale ne sont pas contents des « fausses informations » parues dans la presse à l’époque, qui évoque, à juste titre (27 mètres entre la Saône et le drain captant), la relation entre la Saône et l’eau captée.
La Générale fait effectuer des analyses par l’institut Pasteur, organisme renommé et non critiquable, qui prouvent l’absence totale de relation entre la Saône et les captages.
La presse doit donc se taire.
Le 25 septembre 1973, une « grande » réunion générale a lieu, qui mobilise trente-cinq personnes, dont un journaliste du Progrès (qui doit arrêter de donner des informations « erronées »).
On note la présence de Monsieur Germain, maire de Villefranche, Monsieur Perrut, maire-adjoint, Madame Anne de Fleurieu, maire d’Arnas, les maires des autres communes (Limas, Gleizé, Jassans, Liergues), les représentants de la DDE, de la DDA, de la Compagnie Générale des Eaux, de la SDEI et du cabinet d’études Marc Merlin : 4 personnes dont Monsieur Marc Merlin en personne, dont on entendra parler quelques années plus tard lors de la retentissante « affaire Carignon » à Grenoble…
Dans le compte-rendu intitulé « 7° Qualité de l’eau », monsieur le Maire de Villefranche met l’assemblée au courant de l’incident relatif aux articles parus en juillet dans la presse concernant la qualité de l’eau et la « crevaison » de la nappe phréatique par les dragages en Saône. »
Comme à l’accoutumée « l’incident », ce n’est pas la mauvaise qualité de l’eau, mais c’est l’article paru dans la Progrès…
« L’eau de Saône a été analysée également. Elle est nettement différente de l’eau des pompages. », donc pas de relation entre la Saône et les captages, la presse s’est trompée…
Trente six ans après
« Aujourd’hui 30 juillet 2009, j’ai porté plainte à propos de la pollution générée par le site REGEMAT d’Arnas et pour les nouveaux rejets de colles à nouveau constatés dans le Nizerand le 29 juillet 2009."
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