La réalité dépasse parfois la légende et nous en prenons conscience lorsque nous nous penchons sur cet ancien lac de Puivert, aujourd'hui disparu.
Beaucoup ont prétendu contester son existence, mais si ces gens s'étaient donné la peine d'étudier la carte géologique de cette région, ils auraient remarqué que les couches du quaternaire ont parfaitement dessiné les contours de l'ancien lac. Je me suis rendu en ces lieux, et en comparant les courbes de niveau, on m'a fait remarquer que cette courbe se trouve dans les anciennes limites du lac. On y note une profondeur de 15 à 18 m, là où aujourd'hui se trouve l'emplacement d'un terrain de sport. L'observation attentive nous permet de penser que ce lac, d'est en ouest, s'étendait sur 5 à 6 km jusqu'aux masures de Nébias et sur 3 km, du nord au sud, en direction de Lescales.
Comment un aussi important a-t-il pu disparaître ? Cela s'est produit en 1279 et, depuis, l'histoire de ce lac, liée à celle du château de Puivert, alimente la chronique de cette région toujours attachée à son histoire, à ses légendes et à ses traditions. En 1279 donc, le château de Puivert, qui mire ses tours et ses hautes murailles dans les eaux du lac tout proche, abrite une princesse aragonaise, illustre personne venue s'installer là sur l'invitation de Jean de Bruyère, seigneur des lieux. Dès sa venue, séduite par la majesté du site et surtout par l'imposante beauté du lac, la princesse décide de prolonger son séjour au point de rester définitivement au château.
Elle a vieilli. Devenue impotente, elle restera jusqu'à sa mort toujours vêtue de blanc, et qui lui vaudra le surnom de Dame Blanche, et elle viendra chaque soir, durant des heures, s'installer dans le creux d'un rocher de pierre ayant la forme d'un fauteuil et entourée de ses gens, afin d'admirer le coucher du soleil dans les eaux scintillantes ; des vaguelettes légères et dorées viennent mourir à ses pieds. Et c'est ainsi qu'elle reste abandonnée à sa douce rêverie.
Mais il arrive aussi que sous la pluie et le vent, le lac gonfle et que les vagues déferlent sur le trône de pierre, interrompant la mélancolique rêverie. Un jeune page vint un jour la trouver pour l'informer qu'il avait été "visité" pendant son sommeil. "Faites percer la muraille de pierre qui retient les eaux, lui dit-il, ainsi le niveau du lac baissera et vous pourrez rester sans crainte sur votre fauteuil de pierre." Le page était beau, jeune, persuasif, son sourire aurait damné l'enfer. Convaincue, prise sous le charme, la Dame Blanche s'en ouvrit au seigneur Jean de Bruyère, lequel fit aussitôt commencer les travaux. Tout fut si bien organisé qu'au prochain orage les eaux commencèrent à baisser. Mais on ignorait que dans le sol les roches étaient minées par l'érosion, si bien que tout à coup les eaux du lac se ruèrent dans la vallée, emportant tout sur leur passage, détruisant même la cité de Mirepoix alors si prospère et que l'on devait rebâtir plus tard sur l'autre rive de l'Hers.
L'évocation de cette catastrophe, nous la trouvons sous la plume de nombreux historiens. Elle est également mentionnée dans le manuscrit de Doat, qui se trouve à la Bibliothèque nationale. Ajoutons aussi que la rupture d'un qui existait près de Puivert est mentionnée dans un ouvrage de 1747 dû à l'astronome Vidal, qui retrace avec détail cette catastrophe survenue en mars 1279.
D'autre part, un prêtre du diocèse de Pamiers, dans son Histoire du pays de Foix en 1840, écrit : "Les eaux, ayant franchi leurs digues, atteignaient déjà les maisons, lorsque la rupture d'un grand lac qui existait près de Puivert vint ajouter à l'horreur de la position des habitants. Toute espérance de salut fut alors perdue pour eux : les maisons ne pouvant résister à l'impétuosité du torrent furent entraînées par les eaux qui grossirent sans cesse, et de tant de malheureux si inopinément surpris, il n'y a de sauvé que le petit nombre de ceux qui ont pu gagner le château, que sa position élevée met à l'abri du danger. Ils se réfugièrent ensuite sur la rive gauche de la rivière, où ils bâtirent le ville qui existe maintenant."
Nous ne sommes plus dans la légende, mais dans la réalité. Ce sont les imaginations qui ont transformé la réalité en légende car, et on le comprend, des questions se sont toujours posées et se posent encore : comment un lac d'une telle importance a-t-il pu disparaître en un aussi bref instant et en créant une terrible catastrophe dans cette paisible région ? Et qui était ce jeune page à la beauté du diable, si ce n'était le diable lui-même ? Et cette Dame Blanche, pourquoi, d'après certains, réapparaîtrait-elle encore, quelquefois, à une fenêtre du château, éternel fantôme attaché à ce lieu depuis près de huit cent ans ?
Beaucoup ont prétendu contester son existence, mais si ces gens s'étaient donné la peine d'étudier la carte géologique de cette région, ils auraient remarqué que les couches du quaternaire ont parfaitement dessiné les contours de l'ancien lac. Je me suis rendu en ces lieux, et en comparant les courbes de niveau, on m'a fait remarquer que cette courbe se trouve dans les anciennes limites du lac. On y note une profondeur de 15 à 18 m, là où aujourd'hui se trouve l'emplacement d'un terrain de sport. L'observation attentive nous permet de penser que ce lac, d'est en ouest, s'étendait sur 5 à 6 km jusqu'aux masures de Nébias et sur 3 km, du nord au sud, en direction de Lescales.
Comment un aussi important a-t-il pu disparaître ? Cela s'est produit en 1279 et, depuis, l'histoire de ce lac, liée à celle du château de Puivert, alimente la chronique de cette région toujours attachée à son histoire, à ses légendes et à ses traditions. En 1279 donc, le château de Puivert, qui mire ses tours et ses hautes murailles dans les eaux du lac tout proche, abrite une princesse aragonaise, illustre personne venue s'installer là sur l'invitation de Jean de Bruyère, seigneur des lieux. Dès sa venue, séduite par la majesté du site et surtout par l'imposante beauté du lac, la princesse décide de prolonger son séjour au point de rester définitivement au château.
Elle a vieilli. Devenue impotente, elle restera jusqu'à sa mort toujours vêtue de blanc, et qui lui vaudra le surnom de Dame Blanche, et elle viendra chaque soir, durant des heures, s'installer dans le creux d'un rocher de pierre ayant la forme d'un fauteuil et entourée de ses gens, afin d'admirer le coucher du soleil dans les eaux scintillantes ; des vaguelettes légères et dorées viennent mourir à ses pieds. Et c'est ainsi qu'elle reste abandonnée à sa douce rêverie.
Mais il arrive aussi que sous la pluie et le vent, le lac gonfle et que les vagues déferlent sur le trône de pierre, interrompant la mélancolique rêverie. Un jeune page vint un jour la trouver pour l'informer qu'il avait été "visité" pendant son sommeil. "Faites percer la muraille de pierre qui retient les eaux, lui dit-il, ainsi le niveau du lac baissera et vous pourrez rester sans crainte sur votre fauteuil de pierre." Le page était beau, jeune, persuasif, son sourire aurait damné l'enfer. Convaincue, prise sous le charme, la Dame Blanche s'en ouvrit au seigneur Jean de Bruyère, lequel fit aussitôt commencer les travaux. Tout fut si bien organisé qu'au prochain orage les eaux commencèrent à baisser. Mais on ignorait que dans le sol les roches étaient minées par l'érosion, si bien que tout à coup les eaux du lac se ruèrent dans la vallée, emportant tout sur leur passage, détruisant même la cité de Mirepoix alors si prospère et que l'on devait rebâtir plus tard sur l'autre rive de l'Hers.
L'évocation de cette catastrophe, nous la trouvons sous la plume de nombreux historiens. Elle est également mentionnée dans le manuscrit de Doat, qui se trouve à la Bibliothèque nationale. Ajoutons aussi que la rupture d'un qui existait près de Puivert est mentionnée dans un ouvrage de 1747 dû à l'astronome Vidal, qui retrace avec détail cette catastrophe survenue en mars 1279.
D'autre part, un prêtre du diocèse de Pamiers, dans son Histoire du pays de Foix en 1840, écrit : "Les eaux, ayant franchi leurs digues, atteignaient déjà les maisons, lorsque la rupture d'un grand lac qui existait près de Puivert vint ajouter à l'horreur de la position des habitants. Toute espérance de salut fut alors perdue pour eux : les maisons ne pouvant résister à l'impétuosité du torrent furent entraînées par les eaux qui grossirent sans cesse, et de tant de malheureux si inopinément surpris, il n'y a de sauvé que le petit nombre de ceux qui ont pu gagner le château, que sa position élevée met à l'abri du danger. Ils se réfugièrent ensuite sur la rive gauche de la rivière, où ils bâtirent le ville qui existe maintenant."
Nous ne sommes plus dans la légende, mais dans la réalité. Ce sont les imaginations qui ont transformé la réalité en légende car, et on le comprend, des questions se sont toujours posées et se posent encore : comment un lac d'une telle importance a-t-il pu disparaître en un aussi bref instant et en créant une terrible catastrophe dans cette paisible région ? Et qui était ce jeune page à la beauté du diable, si ce n'était le diable lui-même ? Et cette Dame Blanche, pourquoi, d'après certains, réapparaîtrait-elle encore, quelquefois, à une fenêtre du château, éternel fantôme attaché à ce lieu depuis près de huit cent ans ?
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