(Source : agoravox)
La propriété privée est le bien le plus sacré des peuples dits « civilisés » ; et ce à tel point d’ailleurs qu’il a fallu recourir à un pléonasme pour la définir : la propriété contient ce que l’on possède en propre, et donc de manière évidemment privée.
Mais le terme « propriété privée » existe bel et bien, car il s’oppose à une autre forme de propriété, collective, publique ou étatique. Cette autre forme de propriété représente l’ensemble des biens et des richesses que possède collectivement la société, c’est-à-dire tout ce qui ne peut être détenu par une personne seule. La propriété collective est celle de l’ensemble du peuple qui en confie en quelque sorte la gestion à l’Etat, qui la contrôle mais ne la possède pas… du moins en théorie. Il ne faut pas oublier que sous l’ancien régime tout appartenait au Roi, ce qui est encore le cas en Angleterre, où la propriété foncière n’est légalement qu’un bail consenti durant 99 ans.
La propriété privée est une notion éminemment individualiste et capitaliste qui tend à faire reconnaître le mérite (et donc la valeur) d’un homme selon ses acquisitions, c’est à dire ces richesses. La propriété publique est une notion sociale qui prétend pourvoir au bien-être de la société en lui apportant les infrastructures et les services qu’elle ne serait pas en mesure de financer de manière individuelle.
De fait tout ce qui concerne le transport (des hommes, de l’énergie ou des biens) est censé être pris en charge par l’Etat de manière collective, financé par les impôts et au service de ceux qui en ont la nécessité. La mise en oeuvre de l’aménagement du territoire, l’éducation, les communications, tout ce qui rassemble ce qu’on nomme le « service public » est du ressort des services de l’Etat, qui doivent en permettre l’accès à la population toute entière. Mais le rôle de l’Etat ne doit pas en théorie franchir une certaine limite (possession et contrôle) qui se trouve justement définie par la propriété privée, pour d’une part ne pas nuire à l’initiative privée, et surtout ne pas basculer dans un système autre que le capitalisme. La propriété des moyens de production doit rester privée, sous peine de se trouver en contradiction avec ce qui fonde le capitalisme.
Pourtant, entre périodes de nationalisations et de déréglementation générale, le rôle de l’Etat outrepasse parfois les limites que le peuple lui a tracé, tant et si bien qu’il a fini par embrouiller tellement les pistes qu’il est désormais délicat de savoir où se trouve cette limite : en entrant au capital de certaines entreprises, en finançant des projets publics par l’intermédiaire de sociétés privées, en réglementant les échanges de certains produits ou services, en subventionnant certaines activités, l’Etat contrevient parfois aux règles du marché, et d’autres fois à celles du service public.
En définitive, la trop grande place que l’Etat peut prendre dans les affaires privées nuit à la propriété privée, et son absence dans celles-ci nuit au service public. L’équilibre est donc très difficile à trouver, et il est possible qu’il ne satisfasse jamais personne…
Mais aujourd’hui, il semble que la crise permette à l’Etat de retracer les limites de ses droits et devoirs vis-à-vis de la propriété privée, ou publique : au travers du combat qui se déroule entre les pouvoirs financier et politique, il se pourrait que la propriété privée finisse par se confondre avec celle de l’Etat, non pas dans le sens d’une collectivisation au service des peuples, mais plutôt dans son intérêt propre, non plus en tant que gestionnaire des biens possédés par la collectivité, mais en tant que propriétaire privé. En sauvant les banques de la faillite généralisée, l’Etat a mis fin à l’hégémonie du capitalisme dérégulé, et se prend à rêver de nationalisations en s’impliquant financièrement dans le capital des plus gros organismes financiers. D’une certaine manière, l’Etat se rend propriétaire des banques, en établissant une sorte de propriété publique « privée », en ce sens que l’Etat est désormais en mesure de posséder à titre privé des sociétés qui n’ont plus rien avoir avec le service public.
Car il faut bien imaginer les conséquences de ce qu’est en train de devenir l’Etat : de la même manière que le roi possédait tout, jusqu’aux personnes et aux territoires, en s’arrogeant à nouveau le droit de battre monnaie l’Etat devient une sorte de société « privée » n’ayant plus rien de commun avec un quelconque « service public », ou du moins avec le rôle que le peuple lui avait confié.
En nationalisant les banques, l’Etat deviendra peu à peu maître du crédit, et de tous les comptes bancaires existants sur son territoire. Car tous nous possédons aujourd’hui un compte en banque, et presque tous sommes obligés de recourir au crédit pour devenir propriétaires ou parfois pour effectuer le moindre de nos achats. Une fois tous les fichiers bancaires et les crédits en possession de l’Etat, c’est l’Etat qui possédera en réalité nos maisons, nos frigos et nos télés, et qui sera en mesure de contrôler toutes nos activités de consommation. La notion de propriété n’existera qu’en apparence, elle sera de fait propriété de l’Etat, sans que nous n’y ayons vu que du feu. La suppression des paradis fiscaux accentuera encore la pression du pouvoir politique sur le financier, en empêchant toute possibilité d’échapper au contrôle étatique.
A force de demander le renforcement du pouvoir de l’Etat, les adeptes de la propriété collective comme ceux de la propriété privée auront fini par créer le monstre qu’ils redoutaient, c’est à dire la possibilité offerte à l’Etat de posséder les hommes, en leur ôtant la propriété privée, sans la remplacer par la propriété collective. Le capitalisme aura certes perdu, mais le communisme aussi. La dictature seule triomphera, montrant ainsi aux peuples à quoi peut réellement ressembler le nouvel ordre mondial.
La propriété privée est le bien le plus sacré des peuples dits « civilisés » ; et ce à tel point d’ailleurs qu’il a fallu recourir à un pléonasme pour la définir : la propriété contient ce que l’on possède en propre, et donc de manière évidemment privée.
Mais le terme « propriété privée » existe bel et bien, car il s’oppose à une autre forme de propriété, collective, publique ou étatique. Cette autre forme de propriété représente l’ensemble des biens et des richesses que possède collectivement la société, c’est-à-dire tout ce qui ne peut être détenu par une personne seule. La propriété collective est celle de l’ensemble du peuple qui en confie en quelque sorte la gestion à l’Etat, qui la contrôle mais ne la possède pas… du moins en théorie. Il ne faut pas oublier que sous l’ancien régime tout appartenait au Roi, ce qui est encore le cas en Angleterre, où la propriété foncière n’est légalement qu’un bail consenti durant 99 ans.
La propriété privée est une notion éminemment individualiste et capitaliste qui tend à faire reconnaître le mérite (et donc la valeur) d’un homme selon ses acquisitions, c’est à dire ces richesses. La propriété publique est une notion sociale qui prétend pourvoir au bien-être de la société en lui apportant les infrastructures et les services qu’elle ne serait pas en mesure de financer de manière individuelle.
De fait tout ce qui concerne le transport (des hommes, de l’énergie ou des biens) est censé être pris en charge par l’Etat de manière collective, financé par les impôts et au service de ceux qui en ont la nécessité. La mise en oeuvre de l’aménagement du territoire, l’éducation, les communications, tout ce qui rassemble ce qu’on nomme le « service public » est du ressort des services de l’Etat, qui doivent en permettre l’accès à la population toute entière. Mais le rôle de l’Etat ne doit pas en théorie franchir une certaine limite (possession et contrôle) qui se trouve justement définie par la propriété privée, pour d’une part ne pas nuire à l’initiative privée, et surtout ne pas basculer dans un système autre que le capitalisme. La propriété des moyens de production doit rester privée, sous peine de se trouver en contradiction avec ce qui fonde le capitalisme.
Pourtant, entre périodes de nationalisations et de déréglementation générale, le rôle de l’Etat outrepasse parfois les limites que le peuple lui a tracé, tant et si bien qu’il a fini par embrouiller tellement les pistes qu’il est désormais délicat de savoir où se trouve cette limite : en entrant au capital de certaines entreprises, en finançant des projets publics par l’intermédiaire de sociétés privées, en réglementant les échanges de certains produits ou services, en subventionnant certaines activités, l’Etat contrevient parfois aux règles du marché, et d’autres fois à celles du service public.
En définitive, la trop grande place que l’Etat peut prendre dans les affaires privées nuit à la propriété privée, et son absence dans celles-ci nuit au service public. L’équilibre est donc très difficile à trouver, et il est possible qu’il ne satisfasse jamais personne…
Mais aujourd’hui, il semble que la crise permette à l’Etat de retracer les limites de ses droits et devoirs vis-à-vis de la propriété privée, ou publique : au travers du combat qui se déroule entre les pouvoirs financier et politique, il se pourrait que la propriété privée finisse par se confondre avec celle de l’Etat, non pas dans le sens d’une collectivisation au service des peuples, mais plutôt dans son intérêt propre, non plus en tant que gestionnaire des biens possédés par la collectivité, mais en tant que propriétaire privé. En sauvant les banques de la faillite généralisée, l’Etat a mis fin à l’hégémonie du capitalisme dérégulé, et se prend à rêver de nationalisations en s’impliquant financièrement dans le capital des plus gros organismes financiers. D’une certaine manière, l’Etat se rend propriétaire des banques, en établissant une sorte de propriété publique « privée », en ce sens que l’Etat est désormais en mesure de posséder à titre privé des sociétés qui n’ont plus rien avoir avec le service public.
Car il faut bien imaginer les conséquences de ce qu’est en train de devenir l’Etat : de la même manière que le roi possédait tout, jusqu’aux personnes et aux territoires, en s’arrogeant à nouveau le droit de battre monnaie l’Etat devient une sorte de société « privée » n’ayant plus rien de commun avec un quelconque « service public », ou du moins avec le rôle que le peuple lui avait confié.
En nationalisant les banques, l’Etat deviendra peu à peu maître du crédit, et de tous les comptes bancaires existants sur son territoire. Car tous nous possédons aujourd’hui un compte en banque, et presque tous sommes obligés de recourir au crédit pour devenir propriétaires ou parfois pour effectuer le moindre de nos achats. Une fois tous les fichiers bancaires et les crédits en possession de l’Etat, c’est l’Etat qui possédera en réalité nos maisons, nos frigos et nos télés, et qui sera en mesure de contrôler toutes nos activités de consommation. La notion de propriété n’existera qu’en apparence, elle sera de fait propriété de l’Etat, sans que nous n’y ayons vu que du feu. La suppression des paradis fiscaux accentuera encore la pression du pouvoir politique sur le financier, en empêchant toute possibilité d’échapper au contrôle étatique.
A force de demander le renforcement du pouvoir de l’Etat, les adeptes de la propriété collective comme ceux de la propriété privée auront fini par créer le monstre qu’ils redoutaient, c’est à dire la possibilité offerte à l’Etat de posséder les hommes, en leur ôtant la propriété privée, sans la remplacer par la propriété collective. Le capitalisme aura certes perdu, mais le communisme aussi. La dictature seule triomphera, montrant ainsi aux peuples à quoi peut réellement ressembler le nouvel ordre mondial.
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