Double actualité pour la commune de Pessac :
L'historien Jacques Clémens s'inquiète que l'archéologie ne soit pas prévue au programme des travaux. Il rappelle l'existence de la villa romaine de Peccius.
Passé, présent et avenir sont intimement liés et l'historien pessacais Jacques Clémens ne perd jamais de vue l'actualité. Les travaux du futur centre-ville ont fait tilt dans sa tête et rappelé à son bon souvenir la villa romaine qui devait occuper autrefois la colline du bourg : « C'est de la Villa de Peccius que vient le nom de Pessac », affirme l'ancien prof d'histoire de la fac, après avoir écarté l'autre hypothèse, basée sur un mot celte : Pect.
« On ignore beaucoup de l'histoire romaine de Pessac. » Pour lui, elle ne fait aucun doute : « J'ai moi-même quelque part dans mes affaires (il garde tout !), un bout de mosaïque que j'avais trouvé en 1977 dans un trou contre l'église. Il avait été creusé pour enfouir un bloc de béton des fondations de l'ancienne halle couverte, en cours de démolition. »
Presque maniaque de la datation, Jacques Clémens précise : « J'avais été alerté, le 17 juin 1977, à 16 heures, par quelqu'un qui venait de trouver sur un tas de gravats, juste à côté, une pièce de monnaie, fausse, mais bien de l'époque de l'empereur gaulois Postumus vers 260-265 après Jésus-Christ (1). »
Avant qu'un bulldozer daté de l'époque Pujol (2) ne remue le passé, il y avait déjà eu un premier signe d'occupation romaine. 100 ans auparavant. Jacques Clémens en a retrouvé trace : « Dans la séance de la Société archéologique de Bordeaux du 10 novembre 1882, M. Azam (beau-père de Camille Jullian) signale la découverte à Pessac près de l'église et de la voie ferrée, dans la propriété de M. le vicomte de Barante, sénateur espagnol, d'une belle mosaïque dont M. Piganeau (archéologue bordelais) présente un croquis, en attendant que la saison permette d'en relever un dessin plus exact ». Le fait était suffisamment notable pour être repris la même année dans… « la Revue du Vaucluse ».
Mais en 1897, la Société archéologique, précise que la mosaïque a été détruite ! « Est-ce la même dont j'ai moi-même un morceau ? », s'interroge Jacques Clémens. « En tout cas, il provient du même domaine. La maison du maître devait occuper la colline, les bâtiments agricoles s'étendant autour. Beaucoup d'églises ont été construites à l'emplacement de villas romaines. »
Les fouilles étaient autrefois réalisées par des bénévoles passionnés. « En 1978, par exemple, avec Raphaël Saint-Orens, nous avons pu mettre à jour un sarcophage moyenâgeux lors de la réfection du dallage de l'église Saint-Martin. Depuis, plus rien. Pourtant, on a agrandi l'hôtel de ville, remodelé le centre, construit le Jean-Eustache… De gros travaux, où l'on a beaucoup creusé. Je m'étonne qu'on n'ait rien trouvé. »
L'historien ironise, imaginant que la villa Peccius devait être bien minuscule, plus petite encore que le plus petit modèle, la « villula » qui a déjà des allures de château. « Où alors, elle était perpendiculaire à la voie ferrée ! »
Ne serait-il pas en train de sous-entendre que si l'on ne cherche pas, on ne risque pas de trouver : « Je ne mets pas en cause, la ville ou la CUB. Ce n'est plus de leur compétence. C'est maintenant à la direction régionale de l'archéologie de décider, parce que le service a été étatisé. Mais comme il y a de moins en moins de personnel et de crédits… Ne faudrait-il pas revenir à un système intégrant des bénévoles ? »
Malgré l'interdiction à un amateur, fut-il éclairé comme lui, de pénétrer sur le chantier, Jacques Clémens profite d'une barrière déjà déplacée par quelqu'un d'autre pour aller faire sa démonstration dans une tranchée où l'on remodèle divers réseaux, près de l'église : « Regardez, il y a des crânes et des ossements provenant de l'ancien cimetière. » Puis il exhume un minuscule carré de pierre dont une des plus grandes surfaces est bien plate : « Je ne peux pas le garantir, mais il pourrait s'agir d'un morceau de mosaïque… » À le voir enquêter minutieusement dans la poussière, on ne peut s'empêcher de lui trouver un côté « Mon cher Watson », ou papa d'Indiana Jones, sans la barbe et le chapeau.
(1) Marcus Cassianus Latinius Postumus ou Postume, a régné sur l'empire des Gaules de 259 ou 260 à 269, alors que Gallien régnait à Rome. L'empire était alors divisé.
(2) André Pujol, maire de 1977 à 1983.
source : hthttp://www.sudouest.fr/2011/07/16/sous-les-paves-la-villa-453533-729.php
Alors que l'historien Jacques Clémens s'étonnait samedi dans nos colonnes que l'on ne fasse pas de fouilles avec les travaux, Daniel Daucourt découvrait aussitôt un sarcophage !
Comme dans un bon film de Spielberg, l'archéologie est sujette à rebondissements et suspense. Au centre-ville de Pessac, les épisodes se succèdent. À peine, l'historien Jacques Clémens était-il sorti du trou de travaux où il laissait entendre que l'on pourrait trouver des choses intéressantes si on se donnait la peine de chercher que quelqu'un d'autre allait y regarder de plus près. Bingo. Le jour de la parution de l'article (« Sud Ouest » de samedi), Daniel Daucourt, président de l'Association des amis du beau et vieux Pessac, découvrait un sarcophage.
« Une découverte de premier plan », se félicite Jacques Clémens, spécialiste du Moyen Âge. À la différence de celui qu'il avait découvert avec Raphaël Saint-Orens, à l'intérieur de l'église Saint-Martin, en 1978, ici, il y a toujours le couvercle. « C'est étonnant, car il semble avoir été réemployé. » Comme dans la chanson de Brassens (« Supplique pour être enterré à la plage de Sète »), on faisait « place aux jeunes » en poussant les vieux ossements au fond du sarcophage…
Lors de ces travaux, ou de précédents, il a été partiellement amputé par un engin de terrassement, révélant sa cavité. Un petit effondrement en plus et Daniel Daucourt a pu le repérer sans peine. « Je voudrais le récupérer et le mettre dans le musée de l'association, l'Historial de Camponac », précise-t-il.
En ce week-end de 14 juillet, Jacques Clémens a aussitôt alerté par courriel le directeur régional du service d'archéologie d'Aquitaine, ainsi que l'adjoint au maire chargé des travaux, Michel Dazat, pour isoler le site du reste du chantier, par des barrières. À l'heure où l'on veut densifier l'agglomération, il a aussi envoyé un courrier au président de la CUB lui demandant de mettre en place des « sentinelles archéologique » bénévoles.
« Il faut procéder à des relevés, dégager, puis sortir le sarcophage et fouiller dessous. Peut-être y a-t-il des choses plus anciennes, car il n'a pas dû être déplacé depuis le Moyen Âge », estime Jacques Clémens.
Lui qui avait trouvé un morceau de mosaïque juste à côté, ne désespère pas que l'on découvre un jour des vestiges de la villa gallo-romaine de Peccius. Une mosaïque avait été exhumée au XIXe siècle dans le secteur, puis portée disparue. Détruite, comme on l'a dit ? Daniel Daucourt n'y croit pas trop : « Cela se revendait beaucoup à de riches Anglais ou Américains. »
C'est donc le 2e sarcophage découvert au centre-ville, le premier avec un couvercle, même s'il n'est pas entier : « Le fait qu'il soit à l'extérieur de l'église, prouve la richesse de l'ancien cimetière », souligne Jacques Clémens. « Il fallait avoir les moyens pour se payer un sarcophage. Il y en a peut-être d'autres. Car si le cimetière a été déménagé au Poujeau, seuls les monuments funéraires ont été déplacés, ainsi que les ossements des familles qui l'ont souhaité. Tout le reste n'a pas été touché. »
Le passé de Pessac est très ancien, son toponyme renvoie à une origine celte, ou plus sûrement romaine : Peccius. Des chemins celtes et une importante voie romaine passaient à proximité. Souvent les églises furent bâties sur des temples païens qui n'ont peut-être pas encore dit leur dernier mot, surtout par la bouche de Jacques Clémens : « En 1978, on avait trouvé trace de mûrs fantômes : des tranchées remblayées après récupération des pierres. S'agissait-il d'un vieux mur de l'église ou d'un mur gallo-romain ? » La suite au prochain épisode.
source : http://www.sudouest.fr/2011/07/18/sarcophage-decouvert-454592-729.php
Dernière édition par Apollyôn le Mar 16 Aoû - 14:28, édité 1 fois
Aujourd'hui à 16:04 par Invité
» Décés de Gildas Bourdais
Aujourd'hui à 14:10 par TrustNo1
» Une grotte mystérieuse...En réalité pas grand chose!
Hier à 12:37 par Satanas
» La France en 2024
Mer 13 Nov - 22:16 par Satanas
» L'HISTOIRE QUI A TERRIFIÉ L'EST DE LA FRANCE
Lun 11 Nov - 19:29 par Schattenjäger
» Le cas Paul Bernardo
Lun 11 Nov - 18:09 par Satanas
» 11 Km de Profondeur Sous l’Océan : Ce Que Cachent les Abysses
Mer 6 Nov - 21:50 par Schattenjäger
» 5 THÉORIES SUR BOUDDHA
Mer 6 Nov - 15:11 par Satanas
» Lieux hantés d'Écosse : châteaux, légendes et malédictions.
Ven 1 Nov - 18:45 par Schattenjäger
» Roswell 75 ans /documentaire chaine W9
Jeu 31 Oct - 20:27 par Mulder26
» Les Incidents les plus Sombres de la TV (ft.@Feldup)
Jeu 31 Oct - 12:41 par Satanas
» L'étrange disparition de l'homme qui aurait construit une machine à voyager dans le temps
Mer 30 Oct - 22:16 par Schattenjäger
» SECRETS CACHÉS SOUS TERRE - "The Oldest View"
Mer 30 Oct - 20:56 par Schattenjäger
» L'Iceberg des Red Rooms : La plus grande enquête sur ce mystère d'internet
Mar 29 Oct - 23:14 par Schattenjäger
» 1/2 tonne: la quête mortelle des géants de la force
Jeu 24 Oct - 18:09 par Mulder26