La création par la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL Centre) d’une déviation de la route nationale 154 destinée à contourner les villages d’Allonnes et de Prunay-le-Gillon, a été l’occasion de mener trois campagnes de diagnostics entre janvier 2009 et août 2010. Parmi les vingt-et-un sites reconnus, huit fouilles ont été réalisées. Plus d’une soixantaine d’archéologues se sont succédé pour mettre au jour 7 000 ans d’histoire de la Beauce, depuis le Néolithique jusqu’au XIXe siècle.
Les premiers agriculteurs en Beauce, au Néolithique
Sur l’un des sites, des tessons de céramique attestent la présence d’installations agropastorales, dès le VIe millénaire avant notre ère. Aux alentours de 4000 avant notre ère, quelques vestiges montrent une densification de l’occupation, qui va s’étendre sur trois hectares vers 3000 avant notre ère, entre deux petites vallées. Une très grande quantité d’outillages en silex (lames et haches polies) y ont été découverte. Dans une fosse d’extraction de limons, utilisés pour la construction des murs en terre, d’autres fragments de céramique (datés de 2800 et 2500 avant notre ère) semblent témoigner d’une continuité de l’occupation. Ces découvertes confirment l’existence de sources et de circulation d’eau indispensable à l’installation durable des populations d’agriculteurs.
Un établissement agricole à l’âge du Bronze
Un habitat à usage agricole a été identifié, matérialisé par un bâtiment, des fosses dépotoirs, un chemin et des zones labourées. Des trous de poteaux rappellent l’ossature du bâtiment. Céramique, torchis et calcaires brûlés gisent au pied des murs disparus formant une abside. Les restes de calcaires chauffés évoquent la présence d’un liant de chaux dans les matériaux de construction. Les vestiges matériels (céramique, torchis et calcaires brûlés) sont, quant à eux, répartis contre les murs disparus du bâtiment, formant une abside. Des traces de labours, à écartements constants, attestent la présence de champs.
Un habitat gaulois
Un autre site fouillé sur un hectare a révélé un habitat gaulois du IIe siècle avant notre ère. Les constructions et les aménagements sont délimités par une enceinte de plan trapézoïdal, formée par un fossé doublé d’un talus intérieur. Aux activités habituelles d’une ferme révélées par la fouille (élevage, agriculture, artisanat individuel), s’ajoutent les traces de pratiques religieuses : la présence d’armes mutilées et d’animaux complets déposées dans les fossés, de crânes d’humains et d’animaux exposés à l’air libre avant d’être enfouis, rappellent les offrandes observées dans les sanctuaires de la même période. Ces vestiges confèrent aux occupants de ce site un statut social assez élevé, et la découverte dans une fosse de nombreux ossements animaux consommés lors d’un repas, dont l’ampleur dépasse le cadre familial, accentue l’impression de pouvoir détenu par les occupants de ce lieu à l'époque gauloise.
La voie Cenabum - Autricum durant l’Antiquité
La voie qui relie Orléans (Cenabum), l’un des principaux ports ligériens, à Chartres (Autricum), devenue, après la conquête romaine, la capitale de la cité des Carnutes, est un axe commercial et stratégique majeur du réseau viaire du centre de la Gaule durant l’Antiquité. Cet axe est jalonné de villes-étapes équidistantes dont Allonnes fait partie. Ces agglomérations, qualifiées de « secondaires » par rapport aux capitales de cité, peuvent être dotées de monuments (sanctuaire, thermes, théâtre ou amphithéâtre) qui affirment leur caractère urbain. Outre le rôle de relais pour les usagers des voies le long desquelles elles se développent, ces agglomérations sont aussi des lieux d’approvisionnement et d’échange pour les habitants des villae (fermes) situées dans leur environnement. Celles d'Allones a pu être identifiées lors de la fouille.
Un bâtiment résidentiel gallo-romain
Un autre site a été fouillé sur une surface d’un hectare. Après l’abandon ponctuel d’un important domaine rural gaulois, c’est au début du Ier siècle de notre ère que le secteur est à nouveau occupé. À l’intérieur d’un enclos entouré d’un fossé, doublé d’un talus, seuls vestiges du domaine gaulois, une petite ferme voit le jour. Par la suite, au milieu du Ier siècle de notre ère, un bâtiment sur poteaux et aux murs en terre cède la place à une construction en pierres. Le nouvel édifice comprend une galerie couverte en façade et l’on suppose, au vu de la puissance des fondations, la présence d’un étage. Devant la galerie, un vaste espace ouvert est partiellement clôturé. Au IIIe siècle, après l’abandon du bâtiment résidentiel, une construction agricole est édifiée. Son implantation est probablement liée à une activité de boucherie attestée par la découverte d’ossements de bœufs portant des traces de découpe.
La nécropole du haut Moyen Âge
Une autre fouille a permis la découverte d’une partie d’une nécropole. Elle daterait des VIe–Xe siècles, période au cours de laquelle on note un changement dans la relation entre les vivants et les morts. À l’exclusion des défunts de l’habitat durant l’époque antique succède leur inclusion dans les cimetières autour de l’église au Moyen Âge. La fouille de la nécropole d’Allonnes témoigne de ce basculement. Les défunts sont le plus souvent inhumés vêtus, comme le prouvent certains éléments de vêtement (boucles de ceintures), et parfois armés. Les tombes sont strictement organisées en rangées. L’ampleur de la nécropole d’Allonnes, avec plus de 3 000 tombes, est exceptionnelle pour cette époque.
La chapelle Saint-Sulpice
La chapelle Saint-Sulpice et son caveau, datés de la fin du Moyen Âge (XIIIe – XVIIIe siècle ? ), attestés par les documents anciens et le calvaire qui marque son emplacement en bordure de chemin, ont été mis au jour. Le site pourrait avoir servi de lieu d’accueil pour des malades. Un cimetière leur était également réservé à proximité. Saint-Sulpice, évêque de Bourges, était l’un des grands évêques de la Gaule, protecteur des pauvres et des persécutés. Ces découvertes témoignent qu’Allonnes est un lieu de passage fréquenté au Moyen Âge et à l'époque moderne. Des structures domestiques attestent la présence d’une exploitation agricole : un four, des fosses à déchets, des bâtiments sur poteaux ou excavés et des fossés. L’ensemble a ensuite été recoupé par de grandes fosses d’extraction de calcaire et de marne, servant de matériaux de construction ou pour le chaulage des champs.
source : http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Actualites-des-decouvertes/Les-dernieres-decouvertes/2011-2010/p-14041-Archeologie-de-la-deviation-d-Allonnes-en-Eure-et-Loire.htm
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