source : http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Sciences/L-epave-de-La-Lune-photographiee-au-large-de-Toulon-_NG_-2012-04-20-797101Grâce à un nouveau sonar, les océanographes de l’Ifremer ont réalisé une « photographie acoustique » à très haute résolution de l’épave de « La Lune », un trois-mâts de la flotte de Louis XIV coulée devant Toulon en 1664.
Découverte par hasard en 1993 par l’ Ifremer lors d’une plongée d’essai du sous-marin Nautile, cette épave de 42 m de long repose par 90 m de fond à la sortie de la rade de Toulon, au sud-ouest de la pointe de Carqueiranne. « Trois-mâts de la flotte de Louis XIV, il a coulé en 1664 alors qu’il attendait paisiblement la fin d’une quarantaine de retour d’Algérie, explique Vincent Rigaud, directeur de l’unité des systèmes sous-marins à l’Ifremer de Toulon La Seyne-sur-Mer. Chargé de 800 hommes (alors qu’il était prévu pour en transporter 200 à 300) appartenant à un corps expéditionnaire revenant de la guerre mauresque, il était probablement en rase flottaison – l’eau arrivait presque au niveau du pont principal – et a dû coulé tout seul », poursuit l’océanographe. Seuls vingt hommes en réchappèrent.
L’opération, qui s’est déroulée mi-mars à bord du navire océanographique L’Europe de l’Ifremer, en collaboration avec l’André-Malraux, navire scientifique du département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines ( Drassm) récemment inauguré, a fourni des images inédites d’une qualité exceptionnelle. « Le navire a dû se poser au fond, comme une pierre, la coque en chêne s’étant ensuite avachie au fil du temps, les micro-organismes s’en étant nourris », indique Vincent Rigaud. « La Lune coula comme un bloc de marbre », écrivait le duc de Beaufort, cousin germain du roi Louis XIV.
Grâce au nouvel échosondeur Kongsberg EM2040, les scientifiques ont pu obtenir plusieurs images qui détaillent la topographie de l’épave de La Lune . « Malgré la couche de sédiments (sable et vase atteignant plusieurs mètres d’épaisseur) qui recouvre le navire, nous avons pu obtenir des images de bonne qualité, s’étonne encore Vincent Rigaud. En effet, celles-ci font apparaître les reliefs et contours des objets qui équipaient La Lune, en particulier, quelques-uns de ses 48 canons, parfaitement visibles sur les relevés », poursuit-il. Un premier levé sonar a d’abord été réalisé pour localiser la position de l’épave qui était encore incertaine avant l’opération. À partir des résultats de celui-ci, les chercheurs ont ensuite pu cibler une deuxième série de plongées à 10 m au-dessus de l’épave de façon à avoir une vue globale de celle-ci. Ces dernières ont fourni des images d’une résolution de 10 cm. Ces résultats ouvrent la voie vers d’autres travaux, notamment de cartographie optique de La Lune . L’objectif sera à terme de la photographier grâce à des engins sous-marins, afin d’en obtenir une vue d’ensemble.
Présent lors de l’opération, Michel Lhour, directeur du Drassm, n’en revenait pas de la haute précision de la photo acoustique et de la rapidité de son acquisition (30 mn). « La Lune est une sorte d’épave mythique pour nos collègues du Drassm, explique Vincent Rigaud. Maintenant, ils vont pouvoir l’ausculter de fond en comble », poursuit-il. Pour cela, il va falloir qu’ils changent un peu de culture. Jusqu’à aujourd’hui, le Drassm, un des meilleurs services d’archéologie sous-marine du monde dépendant du ministère de la culture (c’est une spécificité française !), envoyait des plongeurs en eau peu profonde. Dorénavant et notamment pour fouiller La Lune gisant à 90 m (une profondeur accessible uniquement par des plongeurs avertis et qui ne permet pas de travailler longtemps au fond), les chercheurs du Drassm vont devoir s’équiper en robots guidés par un fil ou bien autonomes comme l’Ifremer de Toulon est en train d’en mettre un au point. Bref, un travail passionnant de quatre ou cinq ans attend les archéologues du Drassm. En attendant, afin de protéger ce trésor historique, la préfecture maritime a pris un arrêté interdisant toute plongée sur le site.
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L'épave de "la Lune"
Apollyôn- Modérateur
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L'épave de "la Lune"
Apollyôn- Modérateur
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Re: L'épave de "la Lune"
http://www.varmatin.com/toulon/debut-des-fouilles-ce-lundi-sur-le-pompei-sous-marin-au-large-de-toulon.991898.htmlL’épave de La Lune gît au large de Toulon depuis 1664. À partir de lundi, les archéologues vont plonger à la découverte de ce trois-mâts exceptionnel.
Qu'est-ce que « l'Opération Lune » ?
L'opération a pris six mois de retard mais cette fois, on y est : à partir de lundi et pendant deux semaines, le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM) va diriger une campagne de fouilles sur la Lune. Si cette épave du XVIIe siècle a été découverte en 1993, elle n'avait encore jamais été explorée, faute de moyens techniques appropriés.
En quoi cette épave est-elle si extraordinaire ?
Ce trois-mâts de Louis XIV gît à 90 mètres sous la mer, en face du cap de Carqueiranne. L'épave est considérée comme un « Pompéi sous-marin », par Michel L'Hour, directeur du DRASSM. La structure du navire, qui aurait sombré subitement, serait en parfait état, comme sa cargaison. Une situation inédite pour un bateau de cet âge. La profondeur du gisement l'aurait aussi préservé du pillage. Sans compter que depuis 1993, la Marine surveille le site, où toute plongée est interdite.
Que peut-on découvrir dans ses entrailles ?
Une bonne partie du millier d'hommes à bord le jour du drame, en 1664, n'aurait pas réussi à s'échapper de l'infortuné navire. Des centaines de squelettes entremêlés pourraient ainsi être découverts dans cette véritable sépulture sous-marine. La cargaison de La Lune - ramenée de la côte barbaresque - ses apparats et ses armes sont toujours au fond. Mais remonter le tout à la surface, traiter et conserver les objets à l'air libre, nécessitera les plus grandes précautions. « Nous serons des chirurgiens sur un champ de bataille », prévient Michel L'Hour.
Qui participe à l'opération ?
Outre le DRASSM, à la tête des recherches, la Marine nationale, la Comex [société spécialisée dans l'ingénierie et le monde sous-marin] et Dassault Systèmes (logiciels 3D) sont associés au projet.
Vers une révolution de l'archéologie sous-marine ?
D'après Michel L'Hour, ce projet n'a pas d'équivalent au monde. L'objectif est de « lancer un chantier laboratoire » qui doit faire date en ouvrant des perspectives techniques et méthodologiques pour l'archéologie sous-marine. « Ce pourrait être une révolution semblable à celle qu'a connue le monde de la plongée avec l'invention du scaphandre autonome en 1943 ». Rien que ça.
Quels moyens seront utilisés ?
Leur concentration sera exceptionnelle. Il y aura les bateaux sur site d'abord : L'André Malraux (DRASSM), Le Jason (Marine) et Le Minibex (Comex). Pour le reste, l'équipe militaire du Cephismer [Cellule plongée humaine et intervention sous la mer] utilisera son scaphandre Newtsuit. Robots filoguidés, sonars, submersible de poche Remora et même un drone sous-marin (AUV) seront mis à contribution.
Et après ?
Après cette quinzaine d'exploration, le DRASSM entend renouveler la manœuvre plusieurs fois jusqu'en 2014. Il souhaite aussi que les objets ramenés à la surface puissent ensuite être exposés au musée. Celui de la Marine ou le château de Versailles sont deux des hypothèses envisagées. Coût total de l'opération : 4 millions d'euros. Cher ? Pas pour Michel L'Hour : « Des entreprises financent des bateaux de course qui pour certains ne franchissent même pas les passes de Saint-Malo… Là, on parle quand même d'une fantastique machine à rêver. » À noter qu'un film est en cours de réalisation, qui sera diffusé sur Arte en décembre.
http://nautisme.lefigaro.fr/breves-nautisme/divers-0/2012-09-30-09-00-35/operation-lune---a-la-decouverte-cachee-du-roi-sole-6000.phpPlonger à 90 mètres sous la mer pour percer les mystères d'un vaisseau amiral de la flotte de Louis XIV: c'est l'objet de "l'opération Lune", du nom de ce navire coulé en 1664, une mission archéologique exceptionnelle qui débute lundi au large de Toulon.
Cette épopée dirigée par le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm), épaulé par la Marine nationale, Dassault Systèmes et la chaîne Arte qui en tirera un documentaire, débute après 19 années de patience et de recherche depuis la découverte de l'épave.
L'histoire commence en mai 1993, quand Paul-Henry Nargeolet fait des essais en Méditerranée à bord du sous-marin Nautile. Au détour d'un test, le sonar du submersible détecte "un bruit de métal". Il en cherche l'origine et se retrouve face à "une image absolument fantastique": les 48 canons de "La Lune".
La découverte est immense, mais les technologies de fouilles sous-marines ne permettent pas, à l'époque, un chantier archéologique approfondi sur l'épave.
"L'enjeu était au-dessus de nos forces, nous y avons raisonnablement renoncé", explique Michel L'Hour, directeur du Drassm, qui a présenté l'opération à la presse cette semaine. Mais deux décennies durant, les trésors que recèle ce "Pompéi sous-marin" n'auront de cesse de le fasciner.
Le navire, ayant coulé à pic et dans des eaux profondes, a en effet été préservé des dégradations et des vols que subissent les sites archéologiques sous-marins plus accessibles. Une accumulation de vaisselle, d'artillerie, d'objets du quotidiens miraculeusement préservés, repose donc au fond de l'eau.
C'est aussi, souligne le préfet maritime Yann Tainguy, une sépulture sous-marine, où reposent les mille hommes ayant sombré avec le vaisseau le 6 novembre 1664.
Innovations technologiques
Lundi, ce n'est donc pas une fouille ordinaire qui commence, mais la mise au point d'un "chantier laboratoire", premier pas vers l'exploration, sur la durée, de sites à très grande profondeur.
Au centre du dispositif, le navire de recherche sous-marine André Malraux, mis en service en début d'année. Construit à La Ciotat (Bouches-du-Rhône), il sera accompagné de sous-marins de la Comex, de robots, d'un scaphandre habité et de matériel d'imagerie 3D conçu par Dassault Systèmes.
Cette dernière technologie permet d'appréhender le site de fouille hors de l'eau, c'est-à-dire "de commettre des erreurs dans le monde virtuel pour ne plus les commettre dans le monde réel", explique Cédric Simard, responsable du projet chez Dassault.
A terme, elle permettra aussi au grand public d'admirer le vaisseau en 3D, parfaitement reconstitué. Un navire méconnu, que personne ne peut pour l'heure décrire avec certitude, conséquence de son malheureux sort.
Si "la Lune, ce navire d'un roi qui aimait à se faire appeler Soleil, a disparu des mémoires", c'est "parce que cette éclipse (le naufrage, ndlr) était préjudiciable" au souverain, avance Michel L'Hour. D'autant que le vaisseau amiral était devenu le symbole d'une défaite.
Avant de sombrer, il avait en effet été envoyé à Djidjelli, sur les côtes de l'actuelle Algérie, pour rapatrier des soldats du royaume vaincus par l'armée ottomane. Revenu à Toulon surchargé, on lui intima l'ordre de repartir plus loin pour être mis en quarantaine, des cas de peste ayant été détectés dans la région. En dépit des protestations de son capitaine, "La Lune" rappareilla mais coula presque immédiatement.
Son équipage, ses souvenirs et ses secrets gisent depuis par 90 mètres de fond, mais les chercheurs de "l'opération Lune" espèrent tout faire remonter à la surface dans les mois qui viennent.
Apollyôn- Modérateur
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Re: L'épave de "la Lune"
source : http://www.lemonde.fr/sciences/article/2012/10/18/on-a-plonge-sur-la-lune_1777696_1650684.htmlSous les eaux sombres de la rade de Toulon gît l'épave de la Lune, navire du Roi-Soleil qui a coulé là le 6 novembre 1664. En cette deuxième semaine d'octobre, une escadre de trois navires chargés de sous-marins, de robots filoguidés et d'un scaphandrier aux allures de Bibendum tangue et roule à son aplomb, pour tester de nouvelles techniques de fouilles archéologiques sous-marines profondes.
Il y a là le Jason, affrété par la marine nationale, spécialisé en temps normal dans la récupération des mines, des missiles, des boîtes noires ou le secours aux sous-marins de l'OTAN en détresse ; le Minibex de la Comex, chargé d'accumuler les images en 3D en vue d'un documentaire diffusé en décembre sur Arte ; et l'André-Malraux, tout nouveau navire du Département de recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm), dépendant du ministère de la culture. Son directeur, Michel L'Hour, est le chef de cette opération hors du commun.
Symbole de l'échec d'une des premières initiatives guerrières de Louis XIV, la Lune avait sombré dans l'oubli, et avec elle le millier de personnes qu'elle transportait, jusqu'à sa redécouverte fortuite en 1993, lors d'une plongée d'essai du sous-marin Nautile de l'Ifremer. Depuis lors, Michel L'Hour rêve de fouiller cette épave, voire de la ressusciter. "La Grande-Bretagne l'a fait pour le Mary Rose, la Suède pour le Vasa", deux navires des XVIe et XVIIe siècles récemment sauvés des eaux et extrêmement populaires dans ces pays, rappelle-t-il.
Toute la différence, c'est la profondeur : 11 et 32 mètres respectivement pour le Mary Rose et le Vasa, contre près de 100 mètres pour la Lune. Les deux premières épaves relevaient de l'archéologie sous-marine classique, tandis que le navire français nécessite des moyens de fouille d'une tout autre ampleur – et à vrai dire encore très largement expérimentaux.
"L'André-Malraux a été conçu pour projeter des machines au-delà de la plongée humaine", souligne Michel L'Hour. Aujourd'hui, note-t-il, "les plongeurs autonomes les plus moustachus, avec des recycleurs, descendent à 140 mètres. Ils ne sont pas tous pilleurs, mais la tentation est très grande". Si l'on ajoute à cette évolution technique l'accroissement du chalutage de grand fond, les épaves profondes, trésors jusqu'ici protégés, deviennent de plus en plus vulnérables.
L'objectif de Michel L'Hour est donc de faire de la Lune un banc d'essai des techniques qui permettront de mieux protéger et explorer ce patrimoine immense – on estime de 15 000 à 20 000 le nombre d'épaves sur le littoral métropolitain français. Son ambition ultime serait de pouvoir les fouiller sans plongée humaine, "grâce à la réalité virtuelle". Ses mains commanderaient directement les pinces de robots qui dégageraient et collecteraient les pièces à remonter à la surface, couche après couche.
Sur le terrain, la réalité de la mer se rappelle aux équipages. La houle et le vent compliquent le positionnement dynamique des trois navires au-dessus du petit monticule de 40 mètres par 10 mètres de l'épave. Difficile dans ces conditions de déployer en simultané plusieurs engins, surtout quand le Newsuit, le scaphandre high-tech de la marine nationale, est au fond : trop risqué pour son occupant, relié à la surface par un mince cordon ombilical.
Vue depuis le pont du Jason, dans des containers bardés d'écrans et de consoles de commande, la récupération de vaisselle par l'ancien plongeur de combat et son robot accompagnateur est fastidieuse : les pièces, fragiles, se dérobent ; les paniers où l'on les entrepose sont difficiles à saisir avec des pinces, malgré la dextérité des pilotes. Cela ne déplaît pas au lieutenant de vaisseau Laurent Heyer, chef de mission "intervention sous la mer" : "Pour nous, l'exercice est très utile : on s'adapte, on bricole, rien de mieux pour se former."
L'équipe de Dassault Systèmes associée au projet a elle aussi constaté que la mer ne faisait pas de cadeau. Chargée de relever le site en 3D le plus précisément possible, pour permettre aux archéologues de s'y déplacer virtuellement afin de préparer les interventions, elle a réalisé que l'acquisition des données n'était jamais garantie : "Nous avons réussi in extremis à capturer deux zones très précises", raconte Cédric Simard, directeur de projet.
Le temps de calcul nécessaire pour digérer cette masse de données reste considérable avec les moyens actuels : "Nous pourrons les mettre à disposition des archéologues d'ici un mois", estime l'ingénieur.
La capacité de chausser un casque de réalité virtuelle et des gants haptiques reliés à un submersible fouilleur en temps réel n'est donc pas pour demain, d'autant que la partie robotique reste à développer. "Si nous ne le faisons pas, des sociétés privées le feront, sans souci du bien commun", redoute Michel L'Hour.
L'opération comprend un volet "restauration" : il s'agit de voir si des pièces métalliques pourraient être rapidement préservées dans des bains de fluides subcritiques développés par la société arlésienne A-Corros. Un canon en bronze constitue un échantillon de choix. Samedi 13 octobre, aux dernières heures de la mission, il sort de l'eau après 348 ans d'immersion... pour y replonger aussitôt, après une erreur de manutention. Contre fortune de mer, Michel L'Hour fait bon coeur, persuadé que l'"on apprend plus de ses échecs que de ses succès". Il promet de retourner sur la Lune récupérer ce canon rétif.
Le 12 novembre 1664, La Gazette de France relate l'expédition de Djidjelli, sur la côte algérienne, destinée à mater les pirates barbaresques, en des termes choisis : dans cette province alors ottomane, les forces françaises, dirigées par des grands du royaume, ont été mises en déroute, mais le journal du pouvoir évoque pudiquement une "retraite" qui eût été "honorable et heureuse si un de nos vaisseaux, appelé la Lune, sur lequel était une partie du régiment de Picardie, ne se fut perdu par la rencontre de bancs de sable, entre Toulon et les îles d'Hyères". Quiconque a vu la rade de Toulon sait que les bancs de sable n'y font guère obstacle à la navigation. Cette galéjade est destinée à étouffer toute critique envers une expédition ordonnée par le jeune Louis XIV.
Michel L'Hour, directeur du Département des recherches archéologiques, subaquatiques et sous-marines (Drassm), a passé des jours à retracer les détails de cette débandade. Des étagères de l'André-Malraux, le navire du Drassm, il tire des centaines de pages de photocopies d'archives jaunies où "chacun des acteurs raconte sa version, se dédouane de l'échec et charge les autres".
Il y a d'abord le duc de Beaufort, chef de l'escadre, à la beauté et à la sottise proverbiales. Le roi a dû flanquer cet encombrant cousin de proches plus dignes de confiance. Résultat, après la mise à sac de Djidjelli, personne ne commande vraiment et ne prend la mesure de la riposte ottomane, jusqu'au moment où il faut rembarquer en catastrophe, non sans laisser 400 sacrifiés tenir la position.
La Lune, venue ravitailler l'escadre, repart donc vers la France précipitamment, avec plusieurs centaines de militaires en plus de son équipage. Pas moins de 100 marins doivent pomper en permanence, tant le navire fait eau. A son arrivée à Toulon, c'est la stupeur : alors que l'on célèbre la victoire, la Lune annonce l'échec. Ordre est donné d'une mise en quarantaine sur les îles d'Hyères, le temps de décider quoi dire.
Le commandant s'y oppose, arguant du mauvais temps. Un charpentier est commis pour certifier que le bateau peut "faire le tour du monde". Quelques encablures plus loin, il coule "comme un marbre", selon les mots de Beaufort, engloutissant quelque 1 000 âmes avec lui... "C'est de cet échec cuisant pour Colbert comme pour Louis XIV qu'est vraiment née la marine royale, faisant bientôt de la France une puissance navale à l'égal de l'Angleterre", note Michel L'Hour.
Apollyôn- Modérateur
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Re: L'épave de "la Lune"
source et courte vidéo : http://www.lepoint.fr/science/video-des-archeologues-sur-la-lune-15-11-2012-1529840_25.phpDans le carré de l'"André-Malraux", Michel L'Hour, en short blanc, est aussi heureux que Robert Surcouf à la veille d'un abordage. Sauf que le trois-mâts qu'il s'apprête à arraisonner ce 10 octobre 2012 est une... épave. Mais une extraordinaire épave en raison de son état de conservation parfait et de son histoire. "Sous vos pieds, par 90 mètres de fond, s'exclame le bonhomme, gît la "Lune", un navire de guerre du XVIIe siècle intact ! Avec les 800 hommes à bord lors du naufrage, plus d'une trentaine de canons, la vaisselle, les instruments de navigation. Tout est là, rien n'a été pillé, car l'épave est hors de portée des plongeurs amateurs. Pour nous, archéologues sous-marins, la "Lune", c'est notre Pompéi !" Patron de la Direction des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines du ministère de la Culture, ce quinquagénaire tonitruant a deux semaines pour fouiller l'épave, mais aussi pour tester de nouveaux outils d'exploration sous-marine. Pas le temps de chômer.
Sa fierté, c'est son navire, son enfant qu'il a conçu de A à Z avec son équipe, l'"André-Malraux". Le premier bâtiment au monde destiné exclusivement à la recherche archéologique sous-marine, capable aussi bien de mettre des plongeurs à l'eau que des robots, et même un sous-marin de 7 tonnes. Doté d'une puissante informatique, de GPS et de propulseurs orientables sur 360 degrés, l'"André-Malraux" garde la verticale exacte de la "Lune", malgré le courant et le vent, sans avoir à jeter l'ancre. Aujourd'hui, le navire effectue sa première grande mission. Il n'est pas seul au large de Carqueiranne. Le "Jason" de la Marine nationale est ancré à une cinquantaine de mètres. Il met à la disposition de l'archéologue le New Suit, une sorte de scaphandre Bibendum, normalement affecté à la récupération de mines ou de boîtes noires, mais qui, dans le cas présent, explore la "Lune" pour prendre des images et remonter quelques pièces comme un chaudron en parfait état. Sur zone, il y a encore le Minibex de la Comex, qui a mis à l'eau le "Remora 2000", un mini-sous-marin à deux places.
À bord de l'"André-Malraux", Michel L'Hour accueille une équipe d'ingénieurs de chez Dassault Systèmes chargée de concevoir un double virtuel de l'épave à partir d'images tournées par un ROV (un véhicule sous-marin téléguidé). L'objectif est de permettre aux archéologues de se balader sur l'épave sans avoir à se mouiller. L'Hour fait un test : il fixe sur son visage une grosse paire de lunettes 3D qui lui permettent de voir l'épave comme s'il avait enfilé le New Suit. Il peut se déplacer dessus, s'approcher de tel ou tel objet au moyen de commandes actionnées par les pieds, identiques à celles qui se trouvent dans le New Suit. Il peut même actionner les bras virtuels. "Ce procédé en cours de mise au point est une première mondiale. Nous pouvons préparer chaque plongée réelle avec minutie et ainsi gagner un temps considérable. Cela sera précieux quand nous fouillerons des épaves gisant par plusieurs centaines ou milliers de mètres de fond, hors de portée des plongeurs."
La "Lune" est donc un champ d'expérimentations, et quel champ d'expérimentations ! L'histoire du naufrage, le 6 novembre 1664, appartient à l'un des épisodes les moins glorieux et les moins connus du règne de Louis XIV : la conquête de la côte barbaresque. Voulant marquer son début de règne par un coup d'éclat militaire, le jeune roi décide d'éliminer les pirates originaires de la côte de Barbarie qui font régner la terreur dans toute la Méditerranée, multipliant les raids en Provence pour s'emparer de milliers d'esclaves. Avec Colbert, la décision est finalement prise de faire débarquer un corps expéditionnaire à Djidjelli, à mi-chemin entre Alger et Tunis. La flotte française part de Toulon en juillet 1664, forte d'une soixantaine de navires et de galères transportant peut-être 9 000 hommes. Mais la conquête tourne rapidement au fiasco par incompétence des chefs. Trois mois après la prise de Djidjelli, la troupe française rembarque à bord de quatre navires, dont la "Lune", en piteux état. Ce qui ne l'empêche pas de mettre le cap sur Toulon avec 1 200 hommes à bord, entassés comme des sardines. Le trois-mâts prend l'eau de toutes parts, obligeant une centaine d'hommes à pomper en permanence. Par miracle, le commandant Verdille, 80 ans, parvient à jeter l'ancre devant Toulon, le 5 novembre.
L'arrivée impromptue des quatre navires à Toulon prend de court l'intendant de la Marine du Levant, qui pensait, comme tout le pays, que le corps expéditionnaire était victorieux. En attendant les ordres de Versailles, il ordonne aux quatre navires d'aller en quarantaine dans les îles d'Hyères, prétextant la présence de la peste en Provence. Mais la "Lune", à bout de souffle, est sur le point de couler. Verdille a déjà fait transférer 400 hommes à bord d'un autre navire, il demande à débarquer immédiatement les autres à terre. Refus des autorités. Il doit lever l'ancre ! Et tant pis si la tempête commence à souffler. Le 6 novembre, la "Lune" entreprend son dernier voyage. Trois milles après avoir levé l'ancre, elle coule "comme du marbre", note le duc de Beaufort. Seuls une trentaine d'hommes parviennent à sauver leur peau. Tous les autres, marins et soldats, sombrent avec la "Lune". À noter que les hommes débarqués par les trois autres navires à Porquerolles ne connaissent pas un meilleur sort. La plupart meurent de maladie, d'épuisement ou de faim. L'échec de l'expédition sur la côte barbaresque sera longtemps gardé secret. De nombreux historiens ignoreront cette première tentative de conquête de l'Afrique du Nord par la France.
La "Lune" aurait pu connaître une éclipse éternelle si, le 15 mai 1993, le "Nautile" de l'Ifremer n'était pas passé sur les lieux du naufrage lors d'une sortie d'entretien. Aux commandes, Paul-Henri Nargeolet, le pilote d'engins sous-marins rendu célèbre par l'exploration du "Titanic" avec James Cameron. Il raconte : "Soudain, le radar a signalé la présence de métal. Je me suis approché. J'ai alors découvert tous ces canons gisant sur le fond. La découverte d'une telle épave, cela n'arrive qu'une fois dans une vie." En 1993, la technologie ne permettait pas d'explorer la "Lune". Aujourd'hui, cela devient presque possible grâce à l'"André-Malraux", aux ROV et à la réalité virtuelle. Reste à trouver les 6 à 7 millions d'euros que pourraient coûter les quatre ans de fouilles nécessaires. Mais L'Hour regarde bien au-delà de la "Lune", qu'il conçoit comme un banc d'essai pour de nouvelles technologies d'exploration sous-marine. Son rêve : "Grâce à la réalité virtuelle, pouvoir fouiller, depuis mon bureau de Marseille, n'importe quelle épave dans le monde." Puisqu'on vous dit que L'Hour est dans la lune...
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