Slate.fr en partenariat avec Arte et Slugnews a mené une interview exclusive de Julian Assange, cofondateur de Wikileaks, premier site à avoir publié des centaines de documents secrets de l’US Army ou de la diplomatie américaine. Pour la première fois, il revient sur les Panama papers, sa situation, la politique française en matière de renseignement.
Ce matin d'avril quand nous rencontrons Julian Assange, à la Une des tabloïds, le visage de David Cameron. Le Premier ministre britannique doit s’expliquer sur les Panama Papers. L’Angleterre gronde et veut sa démission. Partout c’est la déflagration Panama Papers, annoncée comme le plus grand leak, la plus grande fuite de documents de l’histoire; un scandale mondial. 109 rédactions du monde entier, plus de 300 journalistes, ont participé à l’analyse de plus de 11 millions de documents. Des hommes politiques, des grands patrons et des stars du sport sont épinglés.
L’homme qui nous attend a lui aussi plusieurs fois fait trembler le monde à coup de révélations: Julian Assange est le cofondateur de Wikileaks. Son site en ligne est le premier à avoir publié des centaines de milliers de documents secrets de l’US Army et de la diplomatie américaine. Sous le coup d’un mandat d’arrêt de la justice suédoise pour une affaire de mœurs, Julian Assange craint d’être extradé vers les États-Unis où il risque la prison à vie pour espionnage. Depuis 1952 jours, il a trouvé refuge dans les locaux de l’ambassade d’Equateur à Londres. Pas une prison dorée, mais un appartement sombre au rez-de-chaussée d’un immeuble cossu proche du célèbre magasin Harrods. Si Julian Assange franchit la porte, s’il met un pied dans la rue, il sera aussitôt arrêté.
À la mi-mars, nous étions déjà là, dans la même pièce, pour une première rencontre. Nous avions alors fait connaissance, le pape de Wikileaks était méfiant. Nous avions évoqué avec lui une enquête qui mobilise Slugnews, notre collectif d’investigation. Julian Assange nous a écoutés, il a noté, posé des questions, a peu parlé. Des emails et des jours plus tard, il a accepté notre demande d’interview face caméra.
Après une fouille par le personnel de l’ambassade et la remise de nos téléphones portables, nous revoilà dans cette pièce. Un membre de Wikileaks, nous prévient: «pas de selfie avec Julian», il nous raconte que souvent les gens ont tendance à prendre «Julian» en photo à peine passé la porte. Deuxième demande «éviter les Panama Papers»…
Julian Assange attend dans le couloir, un peu tendu à cause des objectifs. Difficile à croire pour l’homme qui aimait tant les caméras, mais l’enfermement l’a changé, fragilisé… Début février, un groupe d’experts de l’ONU a dénoncé sa détention comme arbitraire. Le monde de Julian Assange c’est un univers de surveillance et de conspiration, de documents exhumés et de secrets révélés au grand jour. Reclus, enfermé, il rêve de transparence totale.
Il entre, il est sur ses gardes. Mais à ses détracteurs Assange refuse d’offrir l’image d’un homme affaibli. Il lève la tête bien droite pour répondre à notre première question. Au fur et à mesure de l’entretien, il se détend, parle et aborde sans gêne les Panama papers.
Slug News: Vous êtes reclus depuis 1.952 jours dans l’ambassade d’Équateur à Londres, comment allez-vous M. Assange?
Julian Assange: On me demande tout le temps comment je vais. Je réponds simplement: «comme tous les jours». Suis-je en colère? Bien sûr. Mais je suis prêt à payer le prix de mes convictions.
L’ICIJ et plus de cent médias dans le monde viennent de sortir les Panama Papers, la plus grande fuite de l’histoire du journalisme, qu’en pensez-vous?
Concernant les informations provenant du cabinet d’avocat au Panama et données à la Süddeutsche Zeitung, c’est du bon travail de la source et des deux journalistes qui l’ont encouragée. Pour les autres aspects, il y a du bon et du mauvais. À ce stade les Panama Papers sont l’un des plus petits «leak» de l’Histoire. Pourquoi dis-je cela? Parce qu’ils n’ont publié que 160 documents. Sur 4,5 millions d’emails, ils n’ont choisi que 160 documents! Il y a beaucoup de bons journalistes impliqués, il y aura donc de bonnes histoires. Mais d’un autre côté, tout ça est dirigé depuis Washington par une entité appelée ICIJ. Je ne remets pas en cause leur travail, mais il y a un problème. Les enquêtes de ces journalistes sont financées par des fondations basées à Washington et parmi elles, il y a Rockefeller, Soros etc.
Cela se situe pourtant dans la droite ligne de ce que vous avez initié?
Il y a un autre détail qui me chiffonne, l’ICIJ n’a pris que la moitié de notre modèle, la méthode Wikileaks. A savoir, obtenir des documents, les analyser et les sortir via une collaboration mondiale. Ça c’est bien! Mais ils ont totalement renoncé à tout mettre en ligne sur leur site. Ils auraient dû publier 90% des Panama papers, des millions de documents au lieu de 152 seulement. [le collectif ICIJ a annoncé qu’ils rendraient la base de données des Panama Papers accessible à partir de fin mai, mais pas dans son entièreté, seulement une «sélection», «dans l’intérêt public», ndlr].
Mais en quoi cela change-t-il quelque chose au fond?
C’est tout le système offshore qui est en jeu. Des millions de personnes y participent, des petites sociétés aux plus importantes. Cela n’est pas quelque chose qu’on peut atteindre avec un scandale de personne ici ou là. C’est un système qu’on ne pourra changer qu’avec des millions de mini scandales. Il n’y aura jamais des millions de mini scandales à la une des journaux parce qu’il n’y a pas assez de journalistes. Ça ne changera rien!
Pour être efficace, on a besoin de chaque avocat prêt à attaquer en justice, de chaque entreprise escroquée qui veut porter plainte, des gens qui veulent vraiment savoir qui est l’homme que va épouser leur sœur. Tous ces gens, toute la société doit avoir accès aux documents. C’est ça qui fera la différence.
Lire la suite - http://www.slate.fr/story/117419/julian-assange-services-secrets-panama-papers
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