Le 22/03/2011 à 07:25 - Mis à jour le 22/03/2011 à 08:15
La situation menace de s'enliser en Libye Tirs de la défense antiaérienne libyenne à Tripoli. Pour la troisième nuit consécutive, les batteries antiaériennes libyennes sont entrées en action mardi à Tripoli, mais le commandant américain de l'opération internationale en Libye a laissé entendre que le rythme des raids pourrait bientôt ralentir. /Photo prise le 21 mars 2011/REUTERS/Zohra BensemraTRIPOLI (Reuters) - Pour la troisième nuit consécutive, les batteries antiaériennes libyennes sont entrées en action mardi à Tripoli, mais le commandant américain de l'opération internationale en Libye a laissé entendre que le rythme des raids pourrait bientôt ralentir.
La télévision libyenne a déclaré que plusieurs sites avaient été visés dans la capitale. L'opération, qui a débuté samedi après-midi avec l'aval du Conseil de sécurité de l'Onu, vise officiellement à imposer une zone d'exclusion aérienne et à protéger les civils des attaques des forces de Mouammar Kadhafi.
Les insurgés, repoussés jusqu'à leur fief de Benghazi, dans l'Est, avant l'intervention des aviations et marines occidentales, ont de nouveau progressé vers Ajdabia, une ville plus à l'ouest.
Mais l'armée rebelle n'a guère profité de la campagne de frappes, ce qui fait craindre à certains un enlisement, sur lequel tablerait Kadhafi.
Les Etats-Unis, redoutant d'être attirés dans un nouveau conflit qui s'ajouterait aux guerres d'Irak et d'Afghanistan, ont souligné qu'aucune action spécifique ne serait entreprise pour renverser le colonel libyen.
"A moins que quelque chose d'inhabituel ou d'inattendu survienne, nous pourrions observer une diminution de la fréquence des attaques", a déclaré le général Carter Ham, qui dirige actuellement les opérations depuis le centre de commandement américain Afrique (Africom) à Stuttgart.
TRANSFERT DE COMMANDEMENT?
Le président Barack Obama, questionné sur l'intervention lors d'une visite au Chili, a pour sa part assuré que les Etats-Unis cèderaient rapidement ce commandement. "C'est une question de jours, pas de semaines", a-t-il dit alors que les républicains expriment de plus en plus ouvertement leurs critiques contre l'opération.
Le chef de la Maison blanche n'a pas dit qui prendrait alors le relais, même si la France et la Grande-Bretagne ont joué un rôle de premier plan dans l'intervention.
Selon le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, la Ligue arabe ne souhaite pas que l'opération soit placée sous la responsabilité de l'Otan, ce qu'espèrent au contraire des pays comme le Canada ou l'Italie, qui participent également à l'intervention.
La coalition n'a pas confirmé de nouvelles frappes sur Tripoli, où des tirs de la DCA et des explosions ont retenti durant la nuit.
A Paris, le ministère de la Défense a déclaré qu'une vingtaine d'appareils de l'armée de l'air étaient intervenus dans la journée de lundi.
La chaîne Al Djazira rapporte que des radars ont été visés sur deux sites de défense antiaérienne à l'est de Benghazi.
ATTAQUES DANS L'OUEST
Dans l'Ouest, les habitants des villes assiégées de Misrata et Zintan ont dit avoir été attaqués par les forces loyalistes. L'armée libyenne a même annoncé que Misrata, 200 km à l'est de Tripoli, avait été reprise par les forces loyalistes.
Deux témoins ont parlé de bombardements intenses sur Zintan. Plusieurs maisons et le minaret d'une mosquée ont été détruits.
"Il y a une quarantaine de chars au pied des montagnes proches de Zintan", a déclaré un habitant, Abdoulrahmane Daw, sans que ces informations puissent être vérifiées.
Le gouvernement libyen a affirmé de son côté que la première vague de raids, dans la nuit de samedi à dimanche, avait fait 64 morts et des dizaines de blessés parmi les civils. Plus de 110 missiles de croisière Tomahawk ont été tirés durant cette première phase, selon les militaires
américains.
Au Caire, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui avait
dénoncé dimanche des bombardements ayant "provoqué la mort et les
blessures de nombreux civils libyens", a clarifié ses propos en déclarant qu'il soutenait la résolution 1973 du Conseil de sécurité qui a autorisé le recours à la force, tout en insistant sur la protection des civils.
Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a comparé la campagne aérienne à des "croisades médiévales", une métaphore employée par le régime de Tripoli, mais le président Dmitri Medvedev a jugé l'expression inacceptable.
"DIFFÉRENT DE L'IRAK"
Sur le terrain, les insurgés ont souhaité la poursuite des frappes aériennes et assurent coordonner leur action avec les puissances occidentales, ce qu'a démenti le général Carter Ham.
"Si nous n'obtenons pas une aide supplémentaire de l'Occident, les forces de Kadhafi vont nous dévorer vivants", a déclaré un combattant insurgé, Nouh Mousmari.
Les pays engagés dans la coalition insistent pour dire qu'ils ne fournissent pas de soutien aérien rapproché aux rebelles ou cherchent à détruire l'armée libyenne, mais s'en tiennent à la protection des populations civiles prévue par la résolution 1973.
Devant le parlement, le Premier ministre britannique David Cameron a tenu à distinguer l'opération libyenne de la guerre d'Irak, qui avait plombé la popularité de Tony Blair.
"Il s'agit de protéger la population et de donner au peuple libyen une chance de se forger son propre destin", a-t-il dit.
Selon un sondage publié lundi, un tiers seulement des Britanniques approuvent l'action en Libye.
Alain Juppé a de son côté espéré que le régime s'effondre de lui-même. "Il est tout à fait probable que devant la fragilisation du régime, il se fissure de l'intérieur", a-t-il déclaré lors d'une réunion des chefs de la diplomatie des Vingt-Sept à Bruxelles qui a confirmé la division des Européens face à l'intervention.
Dimanche, s'exprimant à la télévision libyenne, Mouammar Kadhafi avait promis une "longue guerre" à ses ennemis.
Avec Mohammed Abbas et Angus MacSwan à Benghazi, Hamid Ould Ahmed et Christian Lowe à Alger, Tom Perry au Caire, Missy Ryan à Washington, Matt Spetalnick à Santiago, Jean-Stéphane Brosse pour le service français© 2011 Reuters
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